Le nouveau système de notation pour les collèges !

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mardi 21 février 2006

Les collèges, effrayés par le manque de travail et le niveau excessivement bas de leurs élèves, ont développé un nouveau concept pour les noter. Les collégiens savent à l’avance le sujet de leur contrôle !

Je suis pratiquement tombé de ma chaise vendredi dernier, en lisant mon Ouest France. En effet, j’aperçois en une un gros titre : "Une nouvelle façon de noter les élèves", accompagné d’une photo en couleur présentant des élèves attablés devant un contrôle. Très intrigué, je me précipite alors en page 4, page à laquelle se situe l’article, pour lire le sujet en question.

J’y apprends, avec intérêt et stupéfaction, que les collégiens connaissent désormais à l’avance le sujet de leur interrogation, du moins, ce système prénommé EPCC (évaluation par contrat de confiance) reste à l’initiative des professeurs, mais pour combien de temps ? En effet, l’entourage de G. De Robien (ministre de l’éducation) a déjà manifesté son enthousiasme devant les résultats que semblent apporter cette recette "miraculeuse" ! L’article précise, de plus, que cette innovation touche indifféremment les profs du privé et ceux du public.

Mais les avis sont-ils unanimes sur le sujet ? Évidemment non ! L’auteur de l’article a enquêté dans un collège du Maine-et-Loire, et il semble conquis par la méthode (ce qui, par ailleurs, montre comment un journaliste use de l’objectivité dont il doit faire preuve !)

Les personnes favorables à l’EPCC défendent leur point de vue par le fait que, devant le manque de travail récurrent des élèves, il faut tenter quelque chose, sous prétexte que cela ne peut pas être pire ! La preuve en est dans ce témoignage, extrait de l’article : "Dans mes classes, ça a très bien fonctionné. Les bons ont eu jusqu’à 19,5/20. Les moyens ont eu 2 ou 3 points de plus que d’habitude. J’ai réussi à accrocher ceux qui ne révisent pas", s’enthousiasme une prof d’espagnol.

Mais alors, comment être contre une méthode qui marche ?

Eh bien, parce que derrière cette réussite apparente, il faut regarder les vrais enjeux de l’EPCC et se poser les vraies questions ... Je vais donc me faire le relais des opinions défavorables à cette méthode. Mon article se veut subjectif, mais moi, au moins, j’annonce la couleur, pour enlever tout soupçon d’hypocrisie dans mon propos et toute ambiguïté envers le lecteur !

Si on use de ses méninges seulement quelques secondes, on se rend compte que les bons résultats sont au rendez-vous, mais que ceci est -heureusement- normal ! En effet, sur un exercice de récitation, c’est uniquement la mémoire qui est évaluée. Et c’est ce dernier point qui constitue le grand, et non des moindres, problème de l’EPCC... Depuis combien de temps l’école évalue-t-elle la mémoire, et non la capacité de réflexion des élèves ? Depuis la création de l’évaluation par contrat de confiance. Tu parles d’un contrat de confiance... Evaluer la mémoire, en plus une mémoire à court terme, prépare à l’avenir : c’est certain ! Un avenir morose, ne présentant aucun espoir... Quand on s’inquiète du manque de réflexion, de recul des gens lorsqu’ils votent Le Pen au deuxième tour en avril 2002, c’est peut-être à cause de l’école qui inhibe cette réflexion, ne permet pas le développement, l’épanouissement dans le travail basé sur la réflexion. C’est sûr que si l’on ne cherche pas à élever les esprits des générations futures, on aura forcément des "crétins" composant une masse de population consommatrice, manipulée, sans esprit critique... Mais, ce n’est pas en apprenant par coeur des pages et des pages de formules, citations... que ces futurs lycéens auront leur bac car, heureusement, le diplôme suprême s’obtient aujourd’hui en montrant des capacités de réflexion, intellectuelles, d’un niveau intéressant et rassurant ! Mais cela va-t-il durer ? Je l’espère !

L’EPCC, inventé par André Antibi, professeur de maths toulousain reconnu dans le monde de l’éducation pour sa pertinence, souhaite contrer "l’échec artificiel" que procure l’école : ce qu’il appelle la constante macabre (plus d’infos sur http://mclcm.free.fr/), est symptomatique d’un collège se voulant unique. En effet, cette réforme qui souhaitait un collège unique élitiste, supprimant les classes pour élèves en difficulté faute de moyens, amène aujourd’hui les collèges à un niveau tiré vers le bas. Non pas que je pense que certains élèves sont trop "bêtes", mais certains n’aiment pas les cours et certaines classes d’enseignement technique leur permettraient de s’épanouir. De plus, la mentalité collective actuelle veut que les élèves, même ceux qui n’ont pas le niveau, poursuivent absolument dans le général : ceci est complètement absurde ! Il faut du monde partout, même dans le technique !

L’EPCC est donc une fausse solution qui soulève de vrais problèmes, mais qui apporte des mauvaises réponses !


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