Les mauvaises habitudes du locataire Chirac.

par Henry Moreigne
jeudi 30 mars 2006

Selon le vieil adage latin, « l’erreur est humaine, persévérer est diabolique ». Et de la persévérance, assurément, le locataire Chirac en a.

Dans le temps, tout d’abord, à travers des baux de longue durée dans les ors de la République, à la Mairie de Paris puis au palais de l’Elysée. Dans les pratiques, également, en confondant à la façon de l’Ancien régime, la cassette de l’Etat et celle du monarque.

L’hôte élyséen est devenu un véritable sujet d’étude pour au moins un homme, le député (PS) de l’Aisne René Dosière. Après plusieurs années d’enquête sur le fonctionnement de l’Elysée et notamment sur son budget, le parlementaire a tenté, en vain, d’intéresser la représentation nationale à ses conclusions, le 21 mars, à l’occasion de débats sur un projet de loi organique.

La monarchie républicaine de la Ve république accorde au chef de l’Etat une totale autonomie financière, que n’encadre aucun système de contrôle ou de justification des dépenses engagées.

L’Elysée dispose certes d’un budget officiel (30,5 millions €), mais surtout d’un budget caché estimé à 52,1 millions €, abondé par des crédits en provenance des différents ministères.

Si la présidence de Jacques Chirac se veut modeste, elle se veut aussi créatrice d’emplois. Alors que le budget officiel de la Présidence a augmenté de 745 % sur la période 1995-2005, les effectifs de la maison sont passés de 548 personnes en 1977 à 963 en 2006, dont quelque 180 contractuels, aux missions inconnues.

Fort de ces éléments, le téméraire député a jugé urgent de faire la transparence sur le budget de la Présidence, en rappelant, avec un soupçon de malice, qu’il y a quelques années, un maire de Paris avait pu dépenser sans compter parce qu’il n’existait aucun contrôle sur ses dépenses, au point de générer, selon le rapport de l’Inspection générale de la Ville de Paris, des détournements significatifs (les dépenses étaient réglées en nature par la questure...).

Pour enfoncer le clou, le député Dosière a rappelé que celui dont J. Chirac se réclame l’héritier politique, le général de Gaulle, avait en ce qui le concerne toujours son chéquier à portée de main. Autre époque, autre mœurs, mais il est vrai que de Gaulle, lui, avait une stature d’homme d’Etat.


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