O.N.U. : une attitude ambiguë vis-à-vis d’Israël
par Xanadu
mercredi 18 janvier 2006
Garante du droit international, l’Organisation des Nations Unies, malgré une corruption endémique, une passivité aberrante et des aspirations autoritaires, conserve une aura importante en Occident, notamment en Europe et dans les milieux démocrates américains. Sans nous attarder sur l’ensemble des controverses dont l’institution internationale est actuellement l’objet, abordons un autre scandale, passé étrangement sous silence sur le vieux continent, qui vient à nouveau ébranler une vision idéaliste partagée par beaucoup d’Occidentaux.
Il y a quelques jours de cela, le New York Sun révélait le contenu d’une lettre adressée au secrétaire général de l’O.N.U. , Kofi Annan, par John Bolton, ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations Unies. Le diplomate américain y critiquait violemment l’attitude de l’organisation internationale vis-à-vis d’Israël, brandissant la menace d’un gel de la participation financière de son pays au budget onusien. La colère de M. Bolton trouve sa source dans la célébration annuelle de la "Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien", qui s’est tenue au siège de l’O.N.U. et durant laquelle fut exposée une grande carte de la Palestine qui "omettait" la présence d’Israël. "Sachant qu’il y a actuellement un dirigeant cherchant à obtenir des armes nucléaires qui appelle à effacer Israël de la carte, le problème est encore plus grave", écrit M. Bolton. Le secrétaire général, qui avait participé à ladite célébration en compagnie de nombreux hauts-représentants de différents pays du Tiers-monde, a fait savoir à l’ambassadeur américain, par l’intermédiaire d’un porte-parole, qu’il lui était "reconnaissant" d’avoir porté ce fait à son attention, et que le département des Nations Unies responsable de l’évènement n’utiliserait plus cette carte à l’avenir durant cette célébration. Deux semaines après la réception du message de M. Bolton par M. Annan, deux questions essentielles demeurent encore sans réponse : "Qui est le haut-responsable du secrétariat qui a approuvé l’utilisation de la carte pour l’évènement ? Les Nations Unies ont-elles l’intention d’utiliser cette carte pour d’autres fonctions ou évènements qu’elles soutiennent ?". "Nous n’avons pas reçu de réponse jusqu’à présent", a affirmé Richard Grenell, représentant de M. Bolton. Evènement tout aussi préoccupant : quinze jours seulement après "l’incident"au siège de New-York, une conférence onusienne, qui s’est déroulée à Caracas au Venezuela, a appelé implicitement à la fin d’Israël en déclarant, par le biais du département de l’information publique des N.U. , que "la solution de deux États au conflit israélo-palestinien n’est plus viable". Ce qui, évidemment, aboutirait à la mort démographique de l’État juif.
Cette polémique conduit à aborder de façon plus approfondie l’attitude ambiguë adoptée par l’O.N.U. à l’encontre d’Israël.
Tout d’abord, il convient de revenir en détails sur cette session de la "Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien".
Cette conférence, qui s’est tenue le 29 novembre dernier, date
anniversaire de la fin du mandat britannique qui ouvrit la voie à la
création de l’État hébreu, a rassemblé plusieurs hauts fonctionnaires
onusiens et dignitaires du Tiers monde, parmi lesquels sont intervenus,
entre autres, le secrétaire général, Kofi Annan, le président du Conseil
de sécurité, Andreï Denisov, le président de l’Assemblée générale, Jan
Eliasson, le premier ministre de Malaisie, Nasser al-Kidwa, le chef de
l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, Yahya A. Mahmassani, de la Ligue arabe, le président nigérian, Olusegun Obasanjo, ou encore Paul Badji,
président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Sans s’attarder sur le fait que la carte dont Israël est
absent n’a pas déclenché la moindre remarque de la part d’un quelconque
participant, on peut relever plusieurs phrases des quelques discours
prononcés. Tout d’abord, le jour de la partition de la Palestine en
deux États, donc de la naissance d’Israël, alors source de joie pour
les rescapés des camps d’extermination nazis, fut décrit par M. Annan
comme "un jour de deuil et de chagrin" - référence volontaire ou non au nom donné à cette date par les Arabes : "Al-Nakba", la catastrophe. Plus dérangeants encore, ces mots prononcés par M. Badji : "J’invite
tout le monde, ici présent, à se lever et à observer une minute de
silence en mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la cause du
peuple palestinien et pour le retour de la paix entre Israël et
Palestine". C’est donc un véritable honneur
qui a été implicitement rendu aux auteurs d’attentats-suicides et cela,
sans que le moindre signe de protestation ou de gêne n’ait été
perceptible.
La pause du déjeuner fut l’occasion de la diffusion d’un film. Route 181 : fragments d’une journée en Palestine-Israël, qui prend parti pour la solution d’un État unique - "un euphémisme pour la fin de l’État juif",
soutient que le racisme inhérent au sionisme et à la société
israélienne est la cause du conflit, et montre notamment un Arabe,
traité de façon sympathique par le réalisateur, qui, interrogé sur ses
voisins juifs, affirme que "les Juifs n’ont l’air de s’intéresser qu’au travail et à l’argent".
L’après-midi fut consacrée à une session plénière sur la "situation au Moyen-Orient" et sur la "question de la Palestine" ; Israël fut violemment critiqué par des États tels que
le Yémen, le Soudan, l’Arabie Saoudite ou Cuba. L’État hébreu fut
déclaré coupable d’ "apartheid" par l’Iran, et de "génocide" par Cuba, tandis que le Soudan, quant à lui, se vit simplement accoler les termes "massacre", "barbare" et "brutalité". Rappelons que, selon l’O.N.U., le gouvernement soudanais est à l’origine de "250 000 morts (200 000 de maladies et d’épidémies et 50 000 tués - fusillés, poignardés, brûlés) et 2,4 millions de déplacés".
Cette
inégalité de traitement et de considération est encore plus flagrante
lorsqu’on observe la nature et les cibles des résolutions onusiennes
de l’année 2005. En effet, pas moins de six résolutions visant Israël,
toutes introduites par le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et son président, Paul Badji, qui a notamment accusé l’État juif de "provoquer les attentats-suicides",
ont été adoptées l’automne dernier. Douze autres attendent de passer
devant l’Assemblée générale courant janvier. L’unique résolution
proposée à l’encontre du Soudan n’a, quant à elle, même pas pu être
soumise au vote de l’Assemblée générale de l’O.N.U., en raison d’une motion de "non-action"
votée par cette même assemblée en novembre 2005, sous l’impulsion
notamment du Nigeria qui a jugé, au nom du groupe africain, qu’une
telle résolution "occulterait la situation humanitaire urgente" au Darfour.
Le comité à l’origine du "Jour international de solidarité", dans une de ses notes d’information, rappelle, quant à lui, que "les
centres d’information et les services internationaux des Nations Unies
sont disponibles pour assister gouvernements, O.N.G., et autres groupes
qui souhaitent organiser des activités spéciales en liaison avec le
Jour en offrant information et documentation". Ce comité met également en ligne sur son site web quantité d’ouvrages sur la "question palestienne", bien évidemment sensiblement orientés, sinon franchement partisans.
Par ailleurs, certaines dépenses effectuées par l’O.N.U. en relation avec la "question palestinienne", soulèvent des critiques acerbes Outre-Atlantique. Ainsi, par exemple, le Comité spécial d’investigation sur les pratiques israéliennes affectant les droits du peuple palestinien et d’autres Arabes des territoires occupés dispose d’un budget de 227 000 dollars pour trois personnes employées et une mission sur le terrain de deux semaines. Autre exemple : la division pour les droits de la Palestine, rattachée au secrétariat général, emploie seize personnes à plein temps. En comparaison, les postes similaires attribués pour l’ensemble de la région Asie-Pacifique sont au nombre de vingt. Le montant des fonds dédiés à la protection des réfugiés pour 2006/2007 est également très instructif ; tandis que 67 millions de dollars sont accordés aux réfugiés de l’ensemble du globe (hors Palestine), pas moins de 36 millions de dollars sont attribués aux réfugiés palestiniens. En outre, on observe que le seul groupe spécifique mentionné dans le budget des affaires politiques des Nations Unies pour 2006/2007 est le peuple palestinien. Enfin, en guise d’ultime exemple, relevons le fait que le comité responsable de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, en plus de la conférence de New-York, s’est également attaché à organiser des commémorations similaires dans d’autres bureaux de l’O.N.U. situés à Genève et à Vienne.
Pour conclure, qualifier l’ attitude de l’O.N.U. vis-à-vis d’Israël d’ "ambiguë"
est presque un euphémisme, tant les positions de l’institution
internationale paraissent biaisées. On peut véritablement affirmer
que l’organisation est devenue un relais mondial, sinon l’ épicentre,
de la propagande pro-palestinienne et de la diabolisation à outrance
d’Israël, ou, du moins, que la "question palestinienne"
occupe une place démesurée et ceci, à tous les niveaux de l’institution
internationale, éclipsant ainsi d’autres sujets bien plus graves et
urgents.
L’avenir de l’O.N.U., aliénée par ses contradictions et empêtrée dans sa bureaucratie, paraît donc bien obscur.