Semaine de prévention du suicide - L’échec de la psychologie moderne
par Serge-André Guay
vendredi 10 février 2006
Plusieurs pays tiennent une semaine de prévention du suicide en février. Hier, le Québec, la Belgique, la France... et même la Polynésie lançaient donc leur semaine de prévention du suicide. On retrouve toujours le même objectif de base : sensibiliser la population au fait que les indices de détresse et des comportements suicidaires peuvent être voilés, ambigus et pas toujours évidents à décoder. Bref, il faut être aux aguets afin de pouvoir détecter les personnes suicidaires dans son entourage, suivant certains indices et comportements. Pourquoi ? Parce que les études montrent que la plupart des gens sont pris par surprise lors du suicide d’un proche. Le constat est fort simple : les gens ne sont pas assez à l’écoute des autres pour déceler leur détresse, d’où cet effet de surprise. Autrement dit, le suicidaire est porté à cacher son mal de vivre aux autres, mais certains indices et comportements ne trompent pas. Il suffit d’être attentif.
Personnellement, je crois qu’il n’y a rien de plus naturel en notre société que de taire son mal de vivre. D’une part, rares sont les gens capables d’une réelle compassion. D’autre part, très peu de gens se connaissent suffisamment eux-mêmes pour connaître les autres, même un proche. Curieusement, en cette société où chacun semble concentré sur lui-même, la connaissance de soi fait tout de même défaut. Le « connais-toi toi même » du philosophe grec Socrate est exploité à toutes les sauces, parce qu’il cadre bien avec l’individualisme en vogue mais, en réalité, on constate que les gens sont vite à court de réponses profondes lorsqu’on les questionne sur eux-mêmes. Les échanges demeurent superficiels, parce que les gens le sont.
La psychologie moderne tente d’amener les gens à se découvrir, à creuser en eux-mêmes. Comme je l’ai souligné dans mon livre J’aime penser, au chapitre La pensée malheureuse, la psychologie est souvent partie prenante des problèmes qu’elle aborde. Par exemple, on observe une hausse du taux de suicides dans les villes où un centre de prévention du suicide vient d’ouvrir. En fait, il manque à la psychologie ce qui manque à nos gens : la profondeur que seule la philosophie peut apporter à la connaissance et à l’acte même de connaître. On trouve dans la philosophie les bases utiles pour approfondir nos réflexions, pour penser notre être en toute logique, dans tous ses aspects. Le meilleur moyen pour prévenir le suicide, c’est la correction des erreurs cognitives qui désoriente l’être dans ses pensées, jusqu’à le conduire à vouloir mourir.
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J’aime penser, témoignage et essai de gouvernance personnelle,
Serge-André Guay, Fondation littéraire Fleur de Lys.
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