Sortir de l’impasse politique CPE : proposition
par José Peres Baptista
jeudi 16 mars 2006
J’ai bien évidemment des opinions et des sentiments personnels, mais je suis profondément démocrate, et mon souci premier, lorsque je fais des propositions, est toujours de tenter de respecter la plus stricte neutralité. C’est ce que j’avais fait avec le REC, je vais tenter de le faire avec le CPE.
La crise politique actuelle résulte essentiellement d’une erreur politique : l’utilisation du 49-3 par un gouvernement très largement majoritaire a été interprétée, à juste titre, comme une forme d’autoritarisme. Ce n’était pas nécessaire, et même très déconseillé dans l’état de la société française. Allons-nous de nouveau prendre le risque d’émeutes, voire d’un couvre-feu ? Je propose une solution qui saura, je l’espère en tout cas, rassembler toutes les orientations, et qui permettra de sortir de cette impasse.
Le CPE est, d’après le gouvernement Villepin, une mesure destinée à lutter contre la précarité existante, et non à l’aggraver. Le constat de précarité des jeunes ne peut être ignoré, que l’on soit de gauche, de droite, centriste ou comme moi simple citoyen. Mais alors, prenons en considération la dimension sociale que pourrait atteindre une telle mesure. Le Parti socialiste ne s’était pas opposé si radicalement au CNE, le MEDEF non plus, et aujourd’hui celui-ci soutient le CPE. La limite d’âge ne restreignant pas le CNE, elle ne saurait donc constituer la motivation principale d’un tel soutien au CPE. Il semble donc logique que cette motivation soit d’étendre le principe de la période d’essai de deux ans aux grosses structures.
Constatons :
- Les zones géographiques où les situations de précarité, le chômage et la pauvreté sont les plus flagrantes sont connues : il s’agit des zones urbaines sensibles, les ZUS.
- Ce sont aussi les jeunes de ces zones qui ont le plus besoin de garanties et qui en ont le moins : discriminations diverses, manque de garanties financières, etc.
- Le CPE, toujours d’après le gouvernement Villepin, ajoute de nouvelles garanties aux contrats existants : bancaire, logement et autres.
- Les employeurs potentiels de ces zones sont aussi de grandes entreprises : les enseignes de la grande distribution, par exemple.
- Les jeunes de ces zones sensibles seraient les plus concernés par ce type de contrat, puisqu’ils sont aussi les moins qualifiés.
En vertu de tous ces éléments, je propose que l’on retire le CPE, mais que l’on étende exceptionnellement le CNE (puisqu’il est en vigueur) aux entreprises de plus de vingt salariés, ceci uniquement dans les zones au plus fort taux de chômage des jeunes. Cet aménagement serait évalué sur une période de trois ans, et l’on pourrait alors en tirer des enseignements remarquables parce que :
- C’est dans ces zones que les taux de chômage sont les plus élevés, et une amélioration significative de la situation ne souffrirait aucune contestation.
- Cette période de trois ans permettrait de voir si le CNE accompagne vraiment les demandeurs d’emploi vers des CDI ou pas.
D’autre part, cela aurait le mérite de ne pas se révéler une mesure discriminante, devant le Conseil constitutionnel, pour restriction d’âge.