Une nonne tibétaine, emprisonnée pendant 15 ans, appelle à la libération des prisonniers politiques tibétains
par Tibet Libre
mercredi 5 avril 2006
Deux ans après sa libération, Phuntsog Nyidron, emprisonnée pendant 15 ans, a pu se rendre aux Etats-Unis. Elle se déclare heureuse d'être dans un pays libre, et reconnaissante au Dalai Lama et à ceux qui ont travaillé à sa libération, ajoutant : “Les autorités chinoises m'ont demandée de ne pas discuter de ma situation, car ma famille reste au Tibet.”
En octobre 1989, Phuntsog et cinq autres nonnes ont manifesté pacifiquement à Lhassa pour protester contre l'occupation chinoise du Tibet. Elles ont scandé des slogans et défilé quelques minutes avant que la police ne les arrête. Selon le témoignage d'une autre nonne, qui s'est enfuie en Inde, Phuntsog Nyidron et les autres nonnes furent battues pendant l'arrestation et reçurent plus tard des chocs électriques sur les mains, les épaules, la poitrine, la langue et le visage. Durant les interrogatoires, les nonnes étaient suspendues avec les poignées maintenues en arrière par une corde accrochée au plafond, les pieds ne touchant pas le sol, et recevaient dans cette position des coups de barre de fer. L'association France-Tibet s'est adressée aux instances internationales pour demander la libération de Phuntsog Nyidron pour des raisons humanitaires et médicales. Elle a été libérée en 2004, mais placée sous surveillance étroite ; les autorités chinoises refusaient jusqu'alors de lui délivrer un passeport. Phuntsog Nyidron dit avoir été bien traitée par les officiels chinois qui l'ont escortée de Lhassa à Pékin. "Cela a été très difficile pour qu'elle arrive ici, mais ils m'avaient promis il y a deux ans de lui permettre d'aller aux USA", a déclaré John Kamm, directeur de la Fondation Dui Hua, qui a joué un rôle majeur dans la libération de plusieurs prisonniers politiques.
Fin mars, à Washington, Phuntsog Nyidron a fait cette déclaration qui nous va droit au coeur :
« J'exprime ma joie de pouvoir communiquer avec vous tous dès mon arrivée en ce pays de liberté.
A la suite de ma participation à un rassemblement pacifique pour la liberté du Tibet, en 1989, j'avais alors 19 ans, à Lhassa, avec cinq autres nonnes, le gouvernement chinois m'a mise en détention et condamnée à neuf ans de prison. En 1993, avec treize autres prisonnières politiques, j'ai enregistré secrètement des chants en prison, qui exprimaient nos louanges au Dalai Lama et décrivaient la situation des prisonniers politiques. A cause de ceci, ma durée d'emprisonnement a été allongée de huit ans, soit un total de dix-sept ans. Cependant, en 2004, je fus relâchée, bien que j'aie dû continuer à subir des difficultés. J'étais sous le contrôle constant des officiels du comté.
Pendant mon emprisonnement, bien que le gouvernement chinois m'ait fait souffrir à la fois physiquement et mentalement, ma motivation initiale est demeurée intacte. Parfois, lorsque je subissais des tortures inconcevables, ma détermination à lutter pour la liberté du Tibet s'est même renforcée.
Je suis une Tibétaine ordinaire, et comme les autres prisonniers politiques dans les geôles chinoises, j'ai gravement souffert. Cependant, après quinze ans de prison, je dois ma liberté en premier lieu à la grâce du Dalai Lama et aussi aux pays préoccupés par les prisonniers politiques tibétains qui ont fait pression sur le gouvernement chinois. Je suis reconnaissante envers mes compatriotes et de la solidarité envers le peuple tibétain, venant des associations comme des individus.
Mon désir premier en ce moment est de rechercher une audience auprès du Dalai Lama et d'écouter ses conseils. Ce souhait est aussi celui de tous les Tibétains, chaque jour, au Tibet.
Pendant mon emprisonnement, j'ai eu des problèmes médicaux. Comme je n'ai pas eu la possibilité ni la liberté d'obtenir de traitement approprié depuis ma libération au Tibet, je souhaite maintenant me soigner. Par la suite, je veux continuer mon travail pour la juste cause du peuple tibétain. Ayant passé mes jeunes années en prison, j'aimerais saisir l'occasion présente d'obtenir une éducation.
Je renouvelle mes remerciements à tous les pays et individus qui se sont préoccupés des prisonniers politiques tibétains. Je vous demande de continuer à les aider tous, y compris ceux qui ont été relâchés mais dont la liberté est entravée dans leur propre maison.
J'appelle toutes les personnes concernées à promouvoir les droits du peuple tibétain au Tibet, et à lui permettre de recouvrer sa liberté au plus tôt. »
L'association France-Tibet se réjouit que les autorités chinoises aient rendu à Phuntsog Nyidron sa liberté, et demande à ces mêmes autorités la libération de tous les prisonniers politiques tibétains et chinois. Comme l'histoire l'a prouvé, un gouvernement qui n'écoute pas les critiques de ses opposants ne peut évoluer favorablement.