L’Europe visible

par Chem ASSAYAG
vendredi 26 août 2005

Ou comment un petit drapeau bleu peut changer la perception de l’action de l’Union européenne. Au cours du mois d’août j’ai passé quelques jours en Crète, où j’ai effectué plusieurs déplacements en voiture. A de très nombreuses reprises j’ai pu apercevoir des panneaux sur lesquels était représenté le drapeau de l’Union européenne (12 étoiles) disposées en cercle sur un fond bleu) .

En général ces panneaux avaient trait à des travaux d’infrastructure (réfection de routes, amélioration de la signalisation, aménagements portuaires), des actions culturelles (réhabilitation de monuments, fouilles archéologiques...) ou encore à l’amélioration de l’habitat. A chaque fois on pouvait lire sur ces panneaux que l’Union européenne avait participé pour une part souvent importante au financement des travaux. Ainsi, très concrètement, les Crétois peuvent voir en quoi l’action de l’Europe contribue à l’amélioration de leurs conditions de vie. L’Europe n’est plus un « lointain machin bruxellois », mais une structure qui impacte positivement leur vie quotidienne en favorisant et en accélérant la transformation de leur île.

Ces mêmes petits panneaux, on les retrouve souvent dans les régions pauvres et/ou périphériques, pour reprendre la terminologie officielle, de l’Europe ; c’est-à-dire essentiellement dans des régions appartenant à des pays au niveau de vie inférieur à la moyenne européenne - souvent les derniers entrés, ou alors dans des régions isolées. Dans le cas de la France, ce sont alors les DOM et les TOM qui sont essentiellement concernés (on constatera d’ailleurs avec intérêt, que, à l’exception de la Réunion, les DOM et les TOM ont massivement voté oui pour la traité constitutionnel ! voir résultats ). Ces territoires bénéficient de ce qu’on appelle les fonds structurels de l’UE (voir ici ) qui représentent près de 30% de son budget. Dans ces territoires l’Europe est donc visible, tangible, réelle.

Qu’en est-il pour nous, par exemple en Métropole ? Eh bien ici, presque pas de panneaux, car nous bénéficions peu de ces aides : pour simplifier, notre niveau d’infrastructures est bon. Est-ce à dire que l’Europe ne fait rien pour nous ? Que nous serions les parents pauvres de son budget ? Sûrement pas, car la France bénéficie grandement de la politique agricole commune, premier poste budgétaire de l’UE. Le lait que nous buvons, le jambon que nous mangeons, la farine que nous utilisons ont à un moment ou à un autre bénéficié d’aides européennes. On pourrait alors imaginer que sur nos barres de céréales ou sur nos paquets de yoghourts on retrouve notre petit drapeau bleu et une mention du type : « ce produit a bénéficié de subventions européennes à hauteur de 20% de son prix ». Pour nous aussi, l’Europe serait alors visible, tangible, réelle, et peut être commencerions-nous à la regarder autrement.


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