La grande presse et les blogs
par Yuca de Taillefer
mardi 25 octobre 2005
La « grande » presse connaît des temps difficiles, contrairement à de plus modestes journaux qui marchent bien, proportionnellement parlant, et comme le journal, c’est un produit, mais pas seulement, la « grande presse » tente bien sûr d’informer et de créer de l’événement. Ce qui marche : la grande presse est fort rarement distanciée de ces appréciations officielles (sauf bien heureusement dans les blogs). Certains même vont jusqu’à affirmer que la presse se perd dans des batailles de survie, et serait prête à faire n’importe quoi pour vendre (ce qui arrive dans les émissions polémiques à la télévision : même « On ne peut plaire à tout le monde » rédige des SMS pour faire monter la sauce !). Je n’irais pas jusque-là : le journal apporte une profondeur, et une tribune officielle (débats, opinions, rebonds...) différente de la télévision, de la radio, ou des écrits de blogs, où la parole peut se libérer et où le ton généralement est plus de proximité.
Il est donc normal qu’il y ait une volonté vraiment citoyenne de libérer l’information, pas forcément de jouer au reporter ou de livrer des scoops, mais d’apporter un éclairage nouveau et de l’aborder sous un jour différent : le blog permet une liberté de ton, un comportement d’écriture, et ce qui paraît sur un blog ou sur AgoraVox ne peut pas toujours être repris dans la presse (enfin tout dépend de la ligne éditoriale, comme on dit).
Il est clair que la presse ou les politiques peuvent de moins en moins dire : « nous avons raison ». Notre pays a besoin de « respirer » et le citoyen veut participer soit au débat politique (et pas seulement participer aux meetings unilatéraux, c’est-à-dire uniquement composés de monologues et de slogans...) De plus, je vois bien que certains journaux régionaux, appartenant à de grands groupes, ont renoncé à écrire des idées ou à trop parler de politique.
Plutôt que de rupture, je parlerais aussi plutôt d’une évolution : non une mode, une évolution de fond ! Mais il est légitime de se poser la question : trop d’informations ou de messages, de billets, de blogs, tue-t-il l’information, celle-ci n’est-elle pas en même temps désacralisée et dévalorisée ? La "grande presse" est peut-être en passe de céder à ce processus d’ouverture (même s’il y a encore beaucoup de journaux censurant certaines prises de positions dans le courrier des lecteurs, ou plutôt ne retenant ce qui leur plaît...) et à ce processus de relativisation, voire à ce processus de dévalorisation. Et même si l’information fait sens, donne sens à la vie, l’information est aussi une marchandise, et se commercialise, car elle fait vivre.
Mais si des combats de liberté d’opinion et de liberté de la presse
ont été gagnés au niveau national, il est clair qu’au niveau local, régional,
beaucoup de chemin reste à faire. C’est
aussi ce que j’essaie, à mon modeste niveau, de faire bouger...
Participerez-vous ?