Mélenchon et la démocratie
par politzer
lundi 26 mai 2025
un réformisme bourgeois face au rapport sur les Frères musulmans
Le 21 mai 2025, un rapport commandé par le gouvernement français, révélé par Le Figaro et Politico, expose l’influence des Frères musulmans en France et en Europe, accusant l’organisation islamiste d’un « entrisme » dans les institutions (écoles, mairies) pour promouvoir un islam politique subversif, menaçant la laïcité et la cohésion nationale. Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise (LFI), rejette ce document comme une manifestation d’« islamophobie » franchissant « un seuil », accusant le gouvernement d’Emmanuel Macron d’endosser les « théories délirantes » de Marine Le Pen et du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Cette posture interroge la conception de la démocratie portée par Mélenchon : derrière son discours de « révolution citoyenne », se cache un réformisme bourgeois qui, loin de l’universalisme révolutionnaire de Lénine, fracture la classe ouvrière et sert les intérêts capitalistes.
Une démocratie populaire illusoire
Mélenchon prône une VIe République, avec des référendums citoyens et une Assemblée constituante, pour redonner le pouvoir au peuple face à une Ve République qu’il juge monarchique et au service des élites. Ce discours, teinté d’un marxisme hérité de ses années trotskystes (OCI, 1970), séduit les classes populaires, notamment dans les banlieues, où LFI a obtenu 40 % des voix en Seine-Saint-Denis en 2022. Mais ses propositions – hausse du SMIC, nationalisations partielles, fiscalité progressive – restent électorales, réformistes, et ne menacent pas l’exploitation capitaliste. Contrairement à Lénine, qui visait l’abolition du capitalisme par la dictature du prolétariat, Mélenchon s’inscrit dans la démocratie bourgeoise, qu’il prétend réformer sans la renverser.
Le rapport sur les Frères musulmans expose cette contradiction. En dénonçant une « islamophobie » d’État, Mélenchon rejette les alertes sur l’entrisme islamiste, qualifié par le rapport de « municipal islamisme » infiltrant écoles et collectivités via des organisations comme la Fédération des Musulmans de France (FMF). Il invoque la tolérance, s’inspirant du maire d’Oslo post-Utøya (2011), mais ignore le risque d’une idéologie fondamentaliste qui promeut des normes contraires à la laïcité (voile, ségrégation genrée). Cette position, présentée comme progressiste, divise la classe ouvrière en tolérant des communautarismes, un mécanisme que Marx dénonçait comme un outil bourgeois pour fracturer le prolétariat.
Un électorat musulman instrumentalisé : le « lumpen » capitaliste
Le rapport de 2025, malgré ses accents alarmistes, identifie des réseaux liés aux Frères musulmans, comme le FMF, contrôlant 7 % des 2800 lieux de culte musulmans en France et 280 associations (éducation, sport, charité). Ces structures créent des « écosystèmes islamistes » locaux, influençant les politiques municipales sur la laïcité et l’égalité des genres. Ce phénomène s’appuie sur un électorat musulman, qui a massivement soutenu Mélenchon en 2022 (69 % au premier tour, selon le renseignement territorial). Des activistes islamistes, comme Hani Ramadan ou le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), ont salué ses prises de position contre la loi séparatisme, renforçant son aura dans les banlieues.
Cette dynamique n’est pas une unité prolétarienne. L’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler note que les classes populaires non musulmanes ont voté Le Pen, tandis que les musulmans, attirés par la défense du voile par Mélenchon, ont plébiscité LFI. Cette fracture rappelle la thèse de Bruno Étienne (L’Islamisme radical, 1987) : la France importe un « lumpen » (immigrés précaires, déracinés), contrairement aux USA, qui attirent des CSP+. Ce lumpen, loin de s’intégrer dans la lutte ouvrière, alimente des identités communautaristes, comme le prédisait Marx face à l’immigration irlandaise et polonaise, qui divisait les ouvriers anglais. Lénine, opposé au nationalisme musulman et à la oumma, aurait condamné cette division, prônant une classe ouvrière unie contre le capital.
Mélenchon, en mobilisant ce lumpen sous couvert d’anti-islamophobie, sert indirectement le patronat. L’immigration précaire, qu’il soutient via la régularisation de tous les sans-papiers, fournit une main-d’œuvre bon marché, baisse les salaires, et affaiblit les syndicats. Cette fracture identitaire détourne la colère ouvrière vers des conflits culturels, préservant l’exploitation capitaliste, comme le dénonçait Salvat Etchart dans Le monde tel qu’il est (1967), où les élites antillaises exploitaient les divisions raciales pour maintenir leur pouvoir.
Hypocrisie bourgeoise et dérive autoritaire
Mélenchon, avec sa retraite estimée à 9000 €, son appartement parisien, et sa maison de campagne (Capital, 2022), incarne la bourgeoisie qu’il prétend combattre. Sa « dictature personnelle » dans LFI, où il marginalise les dissidents (Clémentine Autain, François Ruffin), contraste avec Lénine, qui tolérait les débats et acceptait d’être minoritaire (ex. : Brest-Litovsk). Le rapport sur les Frères musulmans expose son opportunisme : en dénonçant l’islamophobie, il flatte un électorat banlieusard pour des gains électoraux, tout en ignorant les risques d’entrisme fondamentaliste.
Son évolution sur l’islamophobie est révélatrice. En 2010, il critiquait le voile comme un « signe de soumission patriarcale » (Marianne), mais en 2024, il le défend comme une liberté, aligné sur des activistes islamistes. Ce virage, motivé par le poids électoral des banlieues (15 % des voix), montre un calcul cynique. En tolérant des normes contraires à la laïcité, il fracture la France « athée, égalitariste, pacifique », que des marxistes purs défendent contre les communautarismes.
Mélenchon, Le Pen, Zemmour : complices du capital
Le rapport éclaire une convergence paradoxale : Mélenchon, Marine Le Pen (RN), et Éric Zemmour (Reconquête), malgré leurs discours opposés, servent le capitalisme. Mélenchon, par son immigrationnisme, fournit un lumpen précaire au patronat, fracturant les ouvriers. Le RN, tolère une immigration « choisie » pour les métiers en tension (Bardella, 2024), alignée sur les besoins des PME. Zemmour, libéral économiquement, ne s’oppose pas aux profits bourgeois, tolérant une immigration sélective. Tous trois, anti-communistes, évitent la lutte de classes, Mélenchon par des illusions réformistes, Le Pen et Zemmour par un nationalisme identitaire anticommuniste.
Une position marxiste radicale, inspirée par Marx (contre l’immigration polonaise), Lénine (anti-nationalisme musulman), et Etchart (contre les fractures antillaises), prônerait l’immigration zéro pour préserver l’unité prolétarienne. Mélenchon, en soutenant des flux migratoires communautaristes, trahit cet idéal, servant le patronat qui prospère sur la division.
Conclusion : un histrion au service de l’exploitation
Le rapport de mai 2025 sur les Frères musulmans dévoile la duplicité de Mélenchon. En dénonçant l’islamophobie, il ferme les yeux sur l’entrisme islamiste, fracturant la classe ouvrière avec un lumpen communautariste, au profit des capitalistes. Sa démocratie populaire est une façade réformiste, loin de la révolution léniniste. Avec son train de vie bourgeois et sa créolisation opportuniste, Mélenchon n’est pas un héritier de Lénine, mais un valet du patronat, divisant les prolétaires là où Etchart, Marx, et Lénine appelaient à l’unité. La vraie démocratie, pour un marxiste, exige une lutte sans compromis contre l’exploitation, pas des illusions électorales.