Aide à Gaza : comme jouer à la roulette Russe

À Gaza aujourd'hui, la faim a un prix. Pour beaucoup de civils, ce prix est la mort. Le journal israélien Haaretz a qualifié les centres de distribution de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF) de « champs de la mort », où les soldats israéliens ont reçu l'ordre de tirer sur les civils faisant la queue pour recevoir une maigre aide. Mères, pères, enfants et personnes âgées, tous des civils non armés tués alors qu'ils tentent d'obtenir des rations alimentaires essentielles. Ils arrivent en quête de farine ou d'un sac de nourriture et repartent dans des sacs mortuaires.[i] (Middle East Monitor)

Des exécutions sommaires. « L’octroi de l’aide serait conditionné au non-retour des Gazaouis qui en bénéficieraient vers les lieux d’où ils seraient venus. » C’est ce qu’a dit Netanyahou pour comprendre ce qui va suivre.

Le 31 mai, Le Monde montre que l’armée israélienne tire et tue des civils venant chercher de l’aide humanitaire distribuée par l'organisation israélo-américaine opérant sous le nom de Gaza Humanitarian Foundation (GHF). Ces affamés sont pris sous des tirs de Tsahal, filmés et documentés par des médias ou des habitants. Il est patent que ces misérables ne représentent aucun danger, trop occupé qu’ils sont d’obtenir un peu d’alimentation, car soumis depuis mars au blocus des convois de camions qui a créé une famine au sein de cette population civile de deux millions, bloquée qu’elle est sans pouvoir sortir de l’enceinte de Gaza. Comme d’habitude, le porte-parole du gouvernement David Memcer réfute ces allégations comme quoi « l’armée n’a pas tiré sur des civils à l’intérieur ou à proximité des zones de distribution d’aide. » Contactée, l’armée israélienne a indiqué au Monde qu’ « à la suite d’incidents (...) causés à des civils arrivant dans des installations de distribution (...) des instructions ont été données aux forces sur le terrain en fonction des leçons tirées de l’expérience ». Si vous avez compris quelque chose, please contactez me… Et pendant ce temps-là, la séance de ball-trap continue sa sinistre moisson.[ii]

Déclaration de Médecins sans frontières : « Le dispositif de distribution alimentaire à Gaza, élaboré et financé par Israël et les Etats-Unis et lancé il y a un mois, semble conçu pour humilier les Palestiniens en les forçant à choisir entre mourir de faim et risquer leur vie pour obtenir une quantité dérisoire de nourriture. Avec plus de 500 personnes tuées et près de 4 000 blessées alors qu’elles se rendaient à ces distributions en quête de nourriture, ce dispositif est un simulacre de distribution alimentaire qui produit des massacres à la chaîne et doit être immédiatement arrêté. Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les autorités israéliennes et leurs alliés à lever le blocus sur les denrées alimentaires, le carburant, les fournitures médicales et humanitaires et à revenir au précédent dispositif d’aide coordonné par les Nations unies.  » Du côté du monde occidental : Chaque nouvelle distribution meurtrière est désormais accueillie avec indifférence, sans condamnation notable, par une communauté internationale qui semble résignée à son rôle de complice muet dans la perpétuation de cette campagne génocidaire. « L’effet d’opportunité » de la guerre de 12 jours avec l’Iran a fait détourner les regards sur les menées sanguinaire de Gaza, et ainsi, le bain de sang peut continuer ; et il se poursuit avec son lot chaque jour de 50/100 morts.

Organisation de la « distribution » meurtrière. Il est aisé de comprendre la planification par la Gaza Humanitarian Foundation pour que tout tourne en une émeute justifiant ainsi des représailles. MSF donne un état des lieux : « Les quatre sites de distribution, tous situés dans des zones entièrement contrôlées par les forces israéliennes après que les habitants ont été déplacés de force, ont la taille d'un terrain de football et sont entourés de postes d'observation, de talus de terre et de barbelés. Leur entrée clôturée ne permet qu'un seul point d'accès. Les travailleurs de GHF déposent les palettes et les caisses de nourriture et ouvrent les clôtures avant de laisser des milliers de personnes entrer en même temps, et se battre jusqu'au dernier grain de riz.  » Une fois proche de ces quatre périmètres, le Gazaoui affamé se retrouve devant plusieurs dilemmes kafkaïens, pouvant fortement lui coûter la vie : « S’il arrive trop tôt et s'approche des points de contrôle, il se fait tirer dessus. S'il arrive à l'heure, comme il y a trop de monde, il doit sauter par-dessus les talus et les barbelés, il se fait tirer dessus. S'il arrive en retard, il ne doit pas être là, car c'est une "zone évacuée", il se fait tirer dessus. »[iii] Ces quatre centres sont pour trois d’entre eux accolés à la frontière égyptienne, et donc, attirent vers le sud la grande population du nord Gaza. En clair, ces centres servent d’appâts pour les déplacements de populations à l’avantage de l’armée israélienne. Dire que des psychopathes dans un quelconque état major ont pu échafauder, planifier cette stratégie mortifère, et que ce plan soit mis en action… Cela est tout simplement du machiavélisme d’attirer des gens non armés, crevant de faim, pour comme dans un jeu de quilles, les abattre dans un strike mortel.

Ce n'est pas des distributions d’aide, c'est un piège mortel. Au fil des distributions, les équipes médicales ont constaté une forte augmentation des blessés par balle. À l'hôpital de campagne de MSF à Deir Al-Balah, leur nombre a augmenté de 190 % au cours de la semaine du 8 juin, par rapport à la semaine précédente. L'aide humanitaire ne doit en aucun cas être instrumentalisée pour servir des objectifs militaires. Les autorités israéliennes ont délibérément utilisé la privation alimentaire comme tactique contre les Palestiniens de Gaza. Elles ont transformé l’aide humanitaire en arme de guerre en refusant son accès à la population avant d’en acheminer une quantité ridiculement insuffisante, puis en transformant ces « distributions » en roulette russe, ou pour si peu, chacun joue sa vie ! Tout cela est écœurant !

Pourquoi un simple citoyen comme moi est tant offusqué, choqué, révolté par les actes de barbarie commis par cette armée où tout est permis, surtout le pire. Alors qu’un Macron tout en haut de l’échelle, lui, ayant des pouvoirs, ne dit rien, ne fait rien… Ou encore pire, ces horribles gargouilles médiatiques qui défendent l’indéfendable. Comme beaucoup de citoyens de base, j’ai été élevé dans les notions de bien, de mal, de ce qui est juste, injuste, et de prise de position afin de protéger les faibles, les innocents. Je ne suis pas seul, mais, qu’il est dur de prêcher dans un désert de sang.

« Si tu veux manger, tu dois goûter à la mort » - Malik Rami Abu Raida, 17 ans

Georges ZETER/juillet 2025

Cet article est largement inspiré de l’article de Médecins Sans Frontière. Merci à eux.

https://www.msf.fr/communiques-presse/gaza-le-mecanisme-de-distribution-de-nourriture-meurtrier-mis-en-place-par-israel-et-les-etats-unis-doit-etre-immediatement

vidéo : Tirs sur la foule à Gaza : notre enquête sur la responsabilité israélienne