Arkéa : Jean-Pierre Denis sait-il ce qu’il fait ?

par filou26
jeudi 5 juillet 2018

Jean-Pierre Denis, le président d’Arkéa, est plus que jamais décidé à se séparer de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel (CNCM). En juin dernier, la CNCM chiffrait le prix de cette éventuelle rupture tandis qu’Arkéa présentait le volet technique de son projet – particulièrement attendu. Retour sur les dernières péripéties qui frappent le secteur bancaire mutualiste.

« Le Crédit Mutuel Arkéa refuse toute forme de centralisation ». C’est par ces mots qu’en mai 2017, Jean-Pierre Denis expliquait pourquoi ce dernier comptait se séparer de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel. Après avoir présenté un premier projet de séparation en mars 2018, qui a été retoqué par les autorités bancaires qui l’estimaient alors d’une « validité juridique douteuse », Arkéa a dévoilé, fin juin, un nouveau schéma que la banque pourrait adopter si elle devenait indépendante. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que celui-ci interpelle.

En effet, d’après le système proposé par Arkéa, une fois l’indépendance obtenue, seule la société anonyme Arkéa réaliserait des activités bancaires. C’est-à-dire que ces dernières seraient centralisées en Bretagne. Les caisses locales, qui perdraient de fait leur agrément bancaire, deviendraient alors des sociétés coopératives, chargées uniquement d’une mission de facilitation d’accès aux services bancaires et financiers.

 À l’origine, la filiale du CNCM affirmait vouloir créer «  un groupe bancaire coopératif et mutualiste indépendant, entièrement distinct du reste du Crédit Mutuel ». Jean-Pierre Denis aurait-il oublié ses premiers vœux ? Se serait-il fait rattraper par la réalité légale et réglementaire ? Ou bien, aboutir à une centralisation des activités bancaires en Bretagne était-il l’objectif initial ? Car le moins que l’on puisse dire, c’est que ce nouveau projet présenté par Arkéa est bien loin de ce que promettait son président il y a de ça quelques mois.

Séparation Arkéa – Crédit Mutuel, un coût (très) élevé

En parallèle de la présentation du nouveau schéma imaginé par Arkéa, la CNCM révélait le coût d’une éventuelle désaffiliation de l’entité bretonne. Et celui-ci est pour le moins élevé, puisqu’il dépasserait le milliard d’euros.

En effet, en cas de rupture entre les deux entités, le Crédit Mutuel réclamera une « rétrocession » d’une partie des 3,5 milliards d'euros des réserves accumulées au sein d’Arkéa. Somme à laquelle s’ajouterait une « indemnisation pour les dommages créés par Arkéa ».

Par ailleurs, la CNCM réalisant une mission de service public, doit d’être présente sur tout le territoire français. Dès lors, en cas de divorce, la CNCM se verrait dans l’obligation d’ouvrir des agences Crédit Mutuel… en face de son potentiel nouveau concurrent, Arkéa. Une nouvelle concurrence qui pourrait coûter cher à la filiale bretonne

Et ce n’est pas tout : si Arkéa se sépare du Crédit Mutuel, les agences de notation devraient réévaluer sa note. Or, en janvier dernier, l’agence Standard & Poor's s’inquiétait déjà des tensions au sein du groupe mutualiste, affirmant que la note de crédit d'Arkéa pourrait être dégradée de plusieurs crans en dessous de la catégorie « A » si cette dernière venait à se désaffilier du Crédit Mutuel.

Par ailleurs, un détail et non des moindres est qu’Arkéa devra informer ses plus de trois millions de clients sociétaires des changements qui s'annoncent, soit 2,2 milliards de parts sociales de la banque, donc de fonds propres. L’information pourrait en déstabiliser plus d’un et peser financièrement sur le nouveau groupe bancaire... Clamant que l’indépendance est l’unique condition pour permettre à Arkéa de continuer à se développer, Jean-Pierre Denis est peut-être en train de causer sa perte.

 


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