Grippe : au Mexique, ma course kafkaïenne après le fameux masque

par Simon LOUVEL
lundi 4 mai 2009

Le matin - À la rupture de stock de masques respiratoires, l’ambassade me conseille des « mouchoirs ». Ils en ont bien un stock, mais : « il n’est pas destiné à la distribution ». Au numéro spécial « grippe porcine », ils sont tout juste au courant d’une pénurie annoncée depuis plusieurs jours dans les médias mexicains , une pénurie prévisible.

L’après-midi - Communiqué de l’ambassade, elle possède un stock de « masques médicaux » destinés exclusivement aux personnes malades ou présentant des symptômes de maladie. Le Ministère de la Santé précise, lui, que la France a doté les postes diplomatiques de masques pour les personnes amenées à aller dans des zones épidémiques. Il conseille aussi de suivre les mesures de recommandation du gouvernement mexicain qui préconise de porter des masques de protection pour ne pas tomber malade afin de limiter la propagation.


Chronique :

Leon (Mexique), le 23 avril. Déclaration officielle qu’une épidémie de grippe touche Mexico city et sont Etat.

24 avril. Fermeture des écoles, des universités et des activités culturelles de l’état de Mexico.

25 avril. Face aux recommandations sanitaires et sachant que je devrais aller prendre un avion à Mexico City dans quelques semaines, je décide d’acheter des masques de protection de crainte de ne plus en trouver dans les jours qui suivent. Après plusieurs tentatives manquées, j’achète les trois derniers masques dans une pharmacie. Trois masques pour deux personnes.

26 avril. Mail de ma sœur médecin. J’apprends que les masques de protection ne peuvent être utilisés que pendant quelques heures (pas plus de 5 ou 6 heures). Ni le ministère de la santé, ni l’ambassade de France, ni les média n’en avaient encore parlé.

27 avril. L’intégralité des écoles et des universités sont fermées dans tout le pays. Le virus est à une heure de Leon où je vis. On entend qu’il y a une pénurie de masques dans les médias.

28 avril. Je n’ai toujours pas trouvé de nouveaux masques.

29 avril au matin. J’appelle l’ambassade, je leur demande s’ils ont un stock de masques à disposition des Français. Ils m’ont répondu qu’ils ont une réserve interne mais pas destinée à la distribution. Ils m’ont ensuite expliqué que je pouvais utiliser un « mouchoir ».

Surpris, je décide alors d’appeler le numéro spécial « grippe porcine ». Il m’explique qu’un masque ne peut pas être utilisé plus de 3 ou 4 heures et que le problème de la rupture de stock leur était tout nouveau. Ils venaient d’apprendre cela aujourd’hui. J’étais dans les toutes premières personnes à les informer et qu’ils allaient faire remonter l’information.

Pas peu fier d’avoir participé à la prise de conscience de la « cellule de crise grippe porcine »… Je me pose tout de même quelques questions :

  • Pourquoi suis-je plus inquiet après les avoir appeler qu’avant ?

  • Quelle utilisation du « mouchoir » ? Comment le fixer ? Quelle épaisseur ? Combien d’heures d’utilisation ? Quelle efficacité face au virus, sachant que les masques, eux, ne le sont qu’à 40% ?

  • Comment une cellule de crise, dirigée par des professionnels, ne peut pas prévoir une rupture de stock ? Comment une cellule de crise ne peut pas être au courant d’une rupture de stock pourtant annoncée dans les médias mexicains depuis deux ou trois jours ?

29 avril, l’après midi. Nouveau communiqué de l’ambassade, il précise :

« L’Ambassade dispose d’un stock de masques de protection, qui sont des masques anti-projections appelés “ masques médicaux ”. Ces masques sont destinés aux personnes malades ou présentant des symptômes de maladie afin d’éviter la contamination de leur entourage. »

Je suis surpris que l’ambassade ne m’a pas parlé de ce stock le matin même, ainsi que de leurs recommandations : « Les milieux médicaux considèrent qu’ils ne constituent pas une barrière suffisante contre le virus. ». Ceci en contradiction avec les autorités mexicaines qui recommandent le port du masque, même si leur protection n’est que partielle.

Nouveau rebondissement : Conférence de presse du Ministère de la Santé. Il est précisé que la France a doté les postes diplomatiques de masques pour les personnes amenées à aller dans des zones épidémiques. Il est aussi conseillé de suivre les mesures de recommandation du gouvernement mexicain.

Il est ensuite expliqué que la France possède un nombre suffisant de masques pour faire face à une éventuelle épidémie en France, des « masques chirurgicaux » qui seraient mis à disposition uniquement des malades et des « masques FFP2 » pour le milieu médical.

 

Personnellement, je suis un peu perdu par toutes ses informations incohérentes.

Le Ministère de la Santé explique qu’il y a un nombre suffisant de masques et de traitements anti-viraux en France. C’est bien, mais pourquoi ne pas faire de prévention en distribuant des masques de protection à tous les Français au Mexique ? Ceci afin de ne pas être malade et de ne contaminer personne lors du retour en France.

Je commence à me demander si la distribution exclusive de masques envers les malades ne cache pas quelque chose. Un problème logistique ? Un problème de stocks en France ? Ou peut-être sont-ils simplement inefficaces ?

 

 


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