Les comptes en désordre sont la marque des nations qui s’abandonnent

par Alain Lambert
vendredi 16 avril 2010

Une amie franche-comtoise m’a signalé un édito publié hier dans l’Est-Républicain. Son auteur Remi Godeau me connait bien car ses qualités de journaliste expert en finances publiques nous ont fait nous rencontrer souvent dans nos anciennes fonctions respectives. Je le pensais toujours à Londres comme correspondant du Figaro. Je note avec plaisir qu’il a choisi de se confronter à l’économie réelle dans l’exercice de ses lourdes responsabilités du dur métier de la PQR. Tous mes compliments.

S’agissant de son édito (voir ci-dessous), il traite de ma relation actuelle avec Nicolas Sarkozy. Il sait tout du lien ancien, personnel et affectif qui nous unit. Je ne partage pas son avis sur le thème du complot. Ce genre de démarche est étranger à ma nature franche. Je crois en revanche au possible sursaut du Président. Encore faut-il pouvoir le susciter, puisqu’il n’est plus actuellement possible de lui parler en direct. Or, les moments pour s’exprimer sont rares. Avant les élections, c’est impossible, au risque d’en compromettre les résultats. Pendant la campagne c’est encore pire sauf à handicaper les candidats. Si au lendemain, la parole reste encore interdite, alors comment prétendre vivre en démocratie ? Surtout que de nouvelles élections (cantonales) se profilent déjà pour mars prochain. La politique perd, selon moi, beaucoup de crédibilité par ses non-dits, sa langue de bois, son rapport à la vérité mal assumé. Pour regagner la confiance de Français, pourquoi ne pas avoir l’humilité de reconnaître qu’on s’est parfois trompé et que les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances ? Pour ma part, je reste confiant dans le rebond possible du Président. A condition qu’il écoute plus ceux qui ne lui ont jamais voulu que du bien, et moins ceux qui le flattent au quotidien. Est-ce qu’en ouvrant un dialogue franc et sincère devant les Français, on affaiblit notre camp ? Je crois le contraire. Nos compatriotes soupçonnent hélas du microcosme politique qu’il soit exclusivement un champ de rivalités, d’ambitions, de coups bas. Alors ouvrons, les portes et les fenêtres et mettons en pleine lumière les discussions qui se tiennent autour de la table de notre famille. Pour vives qu’elles soient, elles ne sont pas indignes. Elles traitent de l’essentiel : de la meilleure pratique pour gouverner la France, de la façon de redresser les finances publiques, de sécuriser les retraites et permettre à chaque personne qui le souhaite de trouver un emploi. Voilà ce qu’est la politique et je ne vois pas de motifs d’en reléguer les débats dans les secrets des officines partisanes.

Enfin, je souhaite profiter de ce billet pour vous recommander la relecture de celui que j’avais posté sur ce blog relativement au livre écrit par notre éditorialiste Rémi Godeau : « La France en faillite ». Relisez ou achetez le livre, vous verrez il n’a pas pris une ride, la situation n’a pu hélas qu’empirer depuis. Puis méditez la dernière phrase de cet ouvrage empruntée à Pierre Mendès-France et reprise de la Dépêche de Louviers, le 14 avril 1933 : "Les comptes en désordre sont la marque des nations qui s’abandonnent".

N’est-ce pas ?

Voici le texte de l’Edito.

Les prétendants

Sénateur UMP de l’Orne, Alain Lambert est un déçu du sarkozisme. Un vrai. Un assumé. Et un de plus, serait-on tenté d’écrire tant la majorité peste, conteste. Sauf que son désamour, l’ancien ministre du Budget le déclame. Il parle avec la liberté du sage qui n’attend plus rien. Il ose. D’abord dire que le chef de l’État n’est plus le candidat idéal pour 2012. Puis ajouter qu’Alain Juppé serait « meilleur » ! Comme tout amoureux dépité, il laisse bien sûr entendre que son amertume pourrait n’être que passagère. Mais quand même, la bouderie a des airs de défiance ! Parce qu’elle affaiblit le président au moment du lancement de la capitale réforme des retraites. Parce qu’elle encourage, voire précipite, la course aux champions à droite. En bon libéral, Alain Lambert entend sans doute stimuler la concurrence face au monopole Sarko. Les prétendants se placent, s’échauffent, peaufinent leur « appel de Rome ». Copé, Fillon, Villepin et Juppé, chacun à sa façon, se tiennent prêts. Pour déboulonner la statue, tacler l’adversaire, doubler le frère, tuer le père. Ils ciblent le style, préparent le droit d’inventaire. Et après ? Gare au réveil du président blessé.


Lire l'article complet, et les commentaires