France 2021 : 1 ou 2 rebonds en trompe-l’œil

par Aimé FAY
mercredi 4 mai 2022

L’élection présidentielle est passée. Le FMI vient de publier sa base internationale de données pour l’année 2021.

Nous avons donc des chiffres, incontestables quant aux principaux agrégats de la France. Nous avons aussi et notamment ceux de l’Allemagne, du Royaume-Uni (RU), de l’Union européenne, des USA et bien sûr de la Chine, pays d’où est partie la pandémie du Covid-19, cause de l’annus horribilis mondiale de 2020. Pandémie qui revient en Chine tel un boomerang.

Principaux chiffres sous revue : croissance, taux d’endettement, chômage, emploi, balance commerciale et inflation.

 

France

Allemagne

Union européenne

RU

USA

Chine

2021

+7%

+2.8%

+5.4%

+7.4%

+5.7%

+8.1%

2020

-8%

-4.6%

-5.9%

-9.3%

-3.4%

+2.2%

Le rebond de notre croissance en 2021, supérieur à celui de l’Allemagne, des USA et de l’Union européenne, ne doit pas masquer qu’en 2020 notre récession a été beaucoup plus profonde, bien que le « quoi qu’il en coûte » ait évité à de nombreuses entreprises de mettre la clé sous la porte. Grâce à une politique keynésienne, des milliers d’entreprises ont été sauvées, avec leur capital humain. Cela a permis un meilleur rebond de nos activités économiques en 2021. L’une des contreparties a été la hausse importante de notre endettement avec l’envolée de notre dette publique, au sens Maastricht du terme.

Cependant, notre économie, comme celles de l’Allemagne et du Royaume-Uni, n’ont pas encore retrouvé leur PIB de 2019, à prix constants !

Info : avec un PIB exprimé en dollars courants, l’Inde est devenue, en 2021, la 6ème économie de la planète, avec un PIB de $ 3 042 milliards. La France passe 7ème avec un PIB de $ 2 935 milliards, et le Royaume-Uni reste 5ème avec un PIB de $ 3 187 milliards, malgré le Brexit.

 

France

Allemagne

RU

USA

Chine

Dette 2021

2 788 €

2 507 €

£ 2 209

$ 30 501

¥ 82 473

% du PIB

112 %

 70 %

95 %

133 %

73 %

Rappel 2020

115 %

 68 %

103 %

 134 %

 68 %

Notre dette dépasse allégrement les 100% du PIB, comme celle des États-Unis d'Amérique, et dans une moindre mesure celle du Royaume-Uni.

Entre 2017 et 2021, notre dette publique est passée de 2 254 milliards d’euros à 2 788 milliards, soit une progression de 534 milliards.

Remboursement ? Une dette se rembourse ! C’est une question de crédit, de confiance. C’est cela qui détermine le taux d'intérêt auquel elle trouve preneur. Surtout quand l’investisseur est un non résident, c'est-à-dire étranger. Étranger qui doit avoir confiance dans l’émetteur de la dette. Pour une dette publique, confiance dans le gouvernement du pays émetteur. L’investisseur étranger surveille donc de près toutes les élections qui pourraient amener un changement dans la gouvernance dudit pays.

En septembre 2021, la dette de la France était détenue à 51.2% par des agents économiques résidents.

Info  : Le record mondial d’endettement, des pays développés, est toujours détenu par le Japon où elle atteint, 263% en 2021. La dette japonaise est supérieure à 100% depuis 1997. Cette dette est détenue à plus de 90% par des agents économiques résidents, Banque centrale comprise. Les créanciers japonais sont donc créanciers et débiteurs en temps.

 

France

Allemagne

RU

États-Unis d'Amérique

Chine

Emplois

27 676 K

42 345 K

32 644 K

147 894 K

ND

Chômage

7.85%

3.51%

4.5%

5.35%

3.96%  ???

Taux en 2020

8%

3.8%

4.5%

8.1%

4.2%

Taux en 2017

9.4

3.4%

4.4%

4.4%

3.9%

En 2021 le taux de chômage de la France diminue très légèrement sur un an, de 0.15 point.

Notre chômage reste un chômage de masse encore endémique comparativement à l’Allemagne, au Royaume-Uni et aux USA, notamment.

Notre taux d’emploi en 2021 (Eurostat) progresse de 2 points par rapport à 2020, en s’établissant à 67.7%. Mais reste inférieur de 1 point à la moyenne de l’Union européenne, et largement inférieur à celui de l’Allemagne (76.9%). Il est vrai qu'en Allemagne les emplois "low cost" occupent toujours une place non négligeable.

Info  : en ayant quasiment la même population que nous, le Royaume-Uni a 5 millions de personnes de plus, en emploi. Soit un écart de quelque 19% !

La fiabilité des chiffres chinois pose question, alors que des centaines de millions de personnes ont été contraintes de rester confinées dans leur appartement plusieurs semaines, en 2020 et 2021. En 2022, cela continue. Quelque 300 millions de personnes seraient encore ultra-confinées et beaucoup de productions sont à l'arrêt.

L’économie française a créé 697 400 emplois en 2021. Principalement dans le secteur tertiaire marchand, avec un record de 583 400 créations nettes (dont 490 800, hors intérim).

Malgré le rebond du volume de nos emplois, notre taux de chômage reste encore important (cf. :ci-dessus).

Info : en 2020, notre économie avait détruit 317 400 emplois nets, principalement dans le secteur tertiaire marchand.

Milliards d’euros

France

Allemagne

Union européenne des 27

2021

- 74.5

+ 183.5

+ 336

2020 rappels

-49

+ 189.2

+ 416

Un déficit record de notre balance de biens. Annus horribilis  !

Crise ou pas crise, Covid ou pas Covid, le constat est toujours le même. Et cela quel que soit le gouvernement en place. Nous continuons à créer des emplois dans les pays étrangers à cause de nos importations.

Notre balance commerciale est endémiquement négative. Celle de l’Allemagne, comme celle de la zone euro et de l’Union européenne, extraordinairement positive.

L’offre de l’appareil productif français est toujours peu adaptée à la demande mondiale... et même à celle domestique qui nous oblige à importer toujours plus.

Info : en matière de commerce extérieur nous sommes malheureusement obligés de ne pas faire nôtre la phrase attribuée à Talleyrand : « quand je me regarde je m’inquiète, quand je me compare, je me rassure ».

Combien d'emplois, en France, auraient été créés si notre balance commerciale était juste en équilibre ?

Selon l’INSEE, l’IPC (indice des prix à la consommation) s’établit à 2.8% en 2021, essentiellement impacté par la hausse de 18.6% du prix des différentes énergies (gaz, électricité et essence).

Pour amortir le choc des prix de l’énergie, le gouvernement a mis en place un « bouclier tarifaire » dès octobre 2021. Le chèque de 100 euros de septembre a été complété par un nouveau, de même montant, en octobre. Le prix du gaz gelé jusqu’à l’été 2022, puis prolongé jusqu’à fin 2022.

Info : au moment où est écrit cet article, nous savons que l’inflation en 2022 sera très importante, notamment à cause de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une inflation principalement par les coûts et aussi par la raréfaction de l’offre, sur un grand nombre de produits alimentaires, manufacturés, énergétiques, etc.

2021 a été une année de reprise économique, pour nous comme pour la plupart des pays. L’Allemagne, avec une croissance inférieure à 3%, reste tout de même le moteur de l’Union européenne.

Une croissance, en trompe-l’œil, ne nous a cependant pas permis de retrouver le niveau de nos PIB de 2019, malgré des politiques d’inspiration keynésienne pour des États injustement décrits comme néolibéraux.

Le déficit de notre commerce extérieur français, à un niveau rarement atteint, montre que les offres de nos entreprises ne correspondent plus à la demande ni domestique ni internationale.

Nous amortisseurs sociaux et le fonds de solidarité ont encore joué leur rôle, conjugués au « quoi qu’il en coûte » du président Macron afin de contenir le chômage - qui reste de masse, en ne reculant que très légèrement de 0.15 point en 2021 -, ainsi que les faillites des entreprises.

Malgré la poursuite de la pandémie, le pouvoir d’achat du RDB (revenu disponible brut) des ménages français a augmenté de 1.9% en 2021 (INSEE). Pour les plus pauvres, il n’a été que 0.3 à 0.7%.

Les premiers mois de 2022 n'augurent rien de bon. Il est à craindre que notre économie, moins résiliente que d'autres à cause de ses nombreux handicaps (emploi, commerce extérieur et dette notamment), soit à nouveau en grande difficulté.

 

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