Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !

par Sylvain Rakotoarison
mardi 12 mars 2024

« Nous voilà condamnés à entendre la litanie de "néo-pacifistes" enjoignant à l'Europe de bien vouloir se reprendre le même mur, dans l'espoir que le mur finisse par se lasser de nous faire des bosses. » (Sophia Aram, "Le Parisien" du 10 mars 2024).

L'humoriste Sophia Aram n'est pas seulement humoriste. Elle est chroniqueuse aussi. Elle parle régulièrement sur l'antenne de France Inter. À 50 ans qu'elle a atteints le 29 juin dernier, Sophia Aram a déjà fait cinq spectacles : "Du plomb dans la tête" en 2006, "Crise de foi" en 2010, "Le fond de l'air effraie" en 2015, "À nos amours" en 2019, enfin, "Le monde d'après" en 2023.

J'aime beaucoup Sophia Aram. Elle a des valeurs et son humour en dépend et s'en ressent. Elle ne les brade pas pour des succès d'audience. Indépendante, elle est capable d'être très dure, et peut donc susciter un certain nombre de détestations (à gauche comme à droite). Son identité, sa réflexion personnelle en font une personne qui compte parmi ce que j'appellerais les "prescripteurs de l'opinion publique", en ce sens qu'elle a un certain écho médiatique et qu'elle peut avoir le rôle d'influenceuse (même si, parfois, ses entreprises audiovisuelles ne sont pas couronnées de succès).

Parmi ses contributions au débat public, Sophia Aram a publié une chronique dans "Le Parisien" ce dimanche 10 mars 2024, un pamphlet particulièrement acide contre toutes ces personnalités françaises qui, à propos de la guerre en Ukraine, se couchent voire baissent leur froc devant Vladimir Poutine, considéré par eux comme "l'homme de la paix" dont a besoin le monde.

Probablement que c'est Luc Ferry qui lui a donné envie de réagir, tant cet homme dit n'importe quoi à la télévision à une heure de grande écoute (le dimanche soir sur LCI). En effet, le 3 mars 2024, Luc Ferry n'était même pas foutu de savoir qu'il n'y avait pas six mais seulement trois États Baltes, et que ceux-ci n'allaient pas demander leur adhésion à l'OTAN parce qu'ils sont déjà dans l'OTAN depuis vingt ans ! Et ce dimanche, Luc Ferry, énervé, a craqué devant l'animateur gentillet mais agaçant Darius Rochebin en franchissant allègrement les frontières de la bienséance et de la courtoisie télévisuelle.

Le commentaire de l'humoriste est sans appel : « Rien de bien nouveau tant ils sont nombreux, de Sapir à Royal, en passant par Ferry, à brader leur notoriété déclinante en racontant absolument n'importe quoi sur un ton censé faire passer à la réalité le goût de les contredire. Et d'ailleurs peu importe : nul doute qu'après cet épisode malheureux, Luc Ferry continuera à naviguer fièrement sur l'océan de sa vaniteuse paresse sous pavillon russe, ou "neutre", comme disent tous ceux qui déclarent vouloir éviter la guerre à tout prix, y compris celui de laisser Poutine continuer la guerre qu'il (nous) mène déjà. ».

Du coup, tout le monde en prend pour son grade, tous ces commentateurs patentés qui parlent de paix alors qu'ils provoquent la guerre. Car il s'agit bien de cela, et c'est pour cela que le moment est grave en Europe. On dit : en montrant ses griffes, on risque l'escalade. Pas du tout. C'est au contraire en laissant tout passer, en se montrant faible, qu'on provoque l'escalade. Vladimir Poutine n'a jamais compris que les rapports de force. Il doit bien se marrer à voir la réaction des pays européens. Cela fait penser un peu à "Mars Attacks !" quand les peuples attaqués par les Martiens (c'est un film parodique) disent qu'ils sont les bienvenus en paix tandis que les petits bonshommes verts les zigouillent en ricanant. Regardez de nouveau cet excellent film (qui n'a pas pris une ride), c'est flagrant de réalisme géopolitique !

Bien sûr, les Accords de Munich sont dans tous les esprits, et cette triste phrase de Churchill (qui n'était alors pas au pouvoir au Royaume-Uni), triste car prémonitoire, issue d'une lettre à Lord Moyne le 11 septembre 1938 : « En raison de la négligence de nos défenses et de la mauvaise gestion du problème allemand au cours des cinq dernières années, il semble que nous soyons très près du choix sombre entre Guerre et Déshonneur. Mon sentiment est que nous choisirons le déshonneur, puis que la guerre sera déclarée un peu plus tard dans des conditions plus défavorable qu'actuellement. ». Plus basiquement, de retour en France, le 30 septembre 1938, acclamé par la foule à l'aéroport du Bourget, Édouard Daladier s'est simplement dit, lucide : « Ah, les cons ! S'ils savaient... ».

 

Sophia Aram traduit la logique de Munich ainsi : « Il y a l'idée saugrenue qu'il suffirait de céder à tout ou partie des exigences de Poutine pour éviter la guerre. Une stratégie qui repose sur l'hypothèse qu'en donnant une partie de l'Ukraine à "manger au crocodile", notre lâcheté finisse par lui couper l'appétit. Ce qui serait à la limite de l'envisageable si cette stratégie de négociation, à l'œuvre depuis l'annexion de la Crimée, n'avait pas débouché sur la situation que l'on connaît. Parce que, à moins d'ignorer les faits, on ne peut décemment pas considérer qu'une énième négociation avec Poutine déboucherait miraculeusement sur la paix. ». C'est ce que refusent de voir ou de comprendre les pseudo-pacifistes et surtout antipatriotes.

Et il y en a beaucoup qui, dans le paysage médiatique français, sont des relais objectifs de la Russie belliqueuse de Poutine. C'est à l'arme lourde que Sophia Aram les cible verbalement.

Luc Ferry, mais aussi Pascal Boniface qui n'a « pas envie de mourir pour le Donbass », expression malheureuse qui reprend la formule de Marcel Déat qui n'avait pas envie de mourir pour Dantzig, et l'humoriste d'ajouter à l'attention du géopoliticien : « sans prendre le temps de préciser s'il ne préférerait pas plutôt se sacrifier pour Moscou ».

Natacha Polony : « [Elle] se demande si nous accepterions "d'envoyer nos enfants mourir parce que les États-Unis ont voulu à toute force implanter des bases aux frontières de la Russie", quitte à réduire l'invasion de l'Ukraine à une (saine) réaction de Poutine à d'obscures manœuvres de la CIA aux frontières de la Russie. ».

Jean-Luc Mélenchon : « Après avoir invité en 2005 les Lituaniens venant d'intégrer l'Union Européenne à "aller se faire foutre", [il] semble avoir à peu près la même considération pour l'intégrité territoriale de l'Ukraine, entrevoyant la possibilité de capituler une fois de plus devant Poutine. ».



Marine Le Pen : « Elle continue de traiter le sujet avec la prudence d'un débiteur envers son créancier. ».

Toute cette clique poutinolâtre, ce ne sont que de vrais agents de l'étranger, conscients ou inconscients, qui vont contre les intérêts vitaux de la France et de l'Europe : « Tous ont en commun de rêver à une paix qui ressemble plus à un répit en forme de repli sur soi dans l'espoir d'être épargnés par celui qu'ils n'ont, au fond, jamais cessé d'admirer. ». Ou alors, ce sont des trouillards qui font là où Poutine leur dit de faire. À l'instar de tous ceux qui ont bradé nos intérêts vitaux pour quelques sous.

Pourtant Sophia Aram pose les faits de manière terrible et indiscutable. Car la réalité, c'est celle-ci : « Pendant ce temps, la Russie revendique un tir de missile sur Odessa à 150 mètres du lieu où se trouvaient Volodymyr Zelensky et le Premier Ministre grec Kyriakos Mitsotakis, et à la télé du Kremlin, on s'interroge sur la liste des villes européennes que la Russie devrait bombarder en premier : Paris, Marseille, Lyon, Nice, Hambourg ou Munich ? Voilà, ça devrait bien se passer. ».

Et cette double question : qui sont donc les vrais va-t-en-guerre ? Quand tous ces lâches trolls payés par le FSB vont-ils enfin arrêter de monopoliser le débat national en France et en Europe pour que nous commencions sérieusement à songer ensemble à notre défense avant qu'il ne soit trop tard ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 mars 2024)
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Pour aller plus loin :
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Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
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