Un Crime de Lèse-Majesté
par olivier cabanel
samedi 31 janvier 2009
Mais que s’est il donc passé à Saint-Lô le 12 janvier dernier qui irrite autant le Chef de l’Etat ? La réaction de l’homme qui veut tout contrôler est pour la moins violente. Préfet licencié, directeur de police aussi.
La presse l’annonçait : le rendez vous donné par Nicolas Sarkozy à st Lo, pour proposer ses vœux et ses projets de réforme pour l’enseignement risquait d’être chahuté.
« Terrain miné » était le terme utilisé.
Les syndicats invités avaient fait savoir qu’ils n’iraient pas en bons écoliers, la tête baissée, et qu’ils entendaient manifester leur mécontement.
Cette petite bourgade provinciale et calme d’un peu plus de 20 000 habitants s’est en effet brusquement agitée.
A la demande de plusieurs syndicats d’enseignants, la FSU, SGEN CFDT, Sud éducation, SE UNSA, la CGT éducation une grève était décidée afin de recevoir comme il se doit sa Majesté Sarko, accompagné de Xavier Darcos, lequel venait d’opérer une timide reculade pour sa réforme.
Le motif étant : refuser la suppression de 30 000 emplois dont 13500 dans l’éducation nationale.
Mais voilà, le Prez ne désirait pas voir approcher de trop près la population.
Des barrières étaient donc installées tout autour du lieu du discours, afin de mettre le chef de l’état à l’abri de tout jet de chaussure.
Car c’est en effet, une petite partie de ce qui avait été décidé par les belligérants.
Une chaussure bien lancée, comme Bush a pu s’en apercevoir, peut faire des dégâts, et porter atteinte à la fierté meurtrie de l’égo-prez.
Ce fut donc un parcours du combattant pour les manifestants qui tentaient de s’approcher le plus qu’ils le pouvaient du lieu du discours.
Après avoir déjoué plusieurs barrages de crs, afin de s’approcher de l’école ou le président devait prononcer ses vœux, les manifestants parvinrent à bonne distance.
Aux sifflets et chaussures qui volaient répondirent en cœur les grenades lacrymogènes, puis les CRS s’ emparèrent de quelques lycéens isolés, et ce fut le tour des matraques.
Malencontreusement, une matraque visant un écolier qui s’esquivait, ce fut une vitrine qui prit le choc.
Plus tard, il fut affirmé en haut lieu que cette violence était le fait de quelques étudiants excités…
C’etait de bonne guerre.
Pourtant tout avait été minutieusement préparé par les services du chef de l’état.
Suivant le témoignage d’une enseignante de l’école Calmette et Guérin, il a été affirmé « que la classe choisie pour recevoir la visite de Sarkozy avait reçu depuis une semaine les visites du Préfet, de la police, et on a demandé aux enfants d’apprendre à se lever convenablement, en posant la main droite sur le bureau, et en disant bonjour mr le Président.
Des travaux de voirie qui étaient attendus depuis de longs mois ont été rapidement réalisés en moins d’une semaine, mais uniquement sur le chemin très balisé que devait emprunter mr Le Président ».
Des habitants qui voulaient faire descendre une banderole du haut d’un immeuble en ont été empêchés par les forces de police (500 crs, gendarmes mobiles, forces anti émeutes).
Pour la petite histoire, les derniers mots que Nicolas Sarkozy ait prononcé à St LO sont :
« N’ayez pas peur du changement, n’ayez pas peur de la crise, n’ayez pas peur de l’avenir ».
Il semble bien qu’il n’ait ni convaincu, ni rassuré, et l’ire présidentielle s’est abattu sur le Préfet, jean Charbonniaud, lequel venait à peine d’arriver dans la région, et a été muté, tout comme le directeur départemental de la sécurité publique de la Manche, Philippe Bourgade, a qui on a demandé de chercher une autre affectation.
Ce qui n’est pas très juste pour ces deux fonctionnaires, puisqu’on le voit, ils ont tout fait pour empêcher les débordements, allant même jusqu’à s’attaquer par crs interposés, à une personne âgée, laquelle a été secourue par des lycéens.
Au moins Nicolas Sarkozy ne pourra plus dire, « quand les Français manifestent, personne ne s’en aperçoit », ce qui vient de lui être contesté par les manifs du 29 janvier, qui auraient déplacé plus de deux millions de personnes dans le pays.
Car comme dit un vieil ami africain :
« On ne peut pas courir et se gratter les fesses en même temps ».