Big Bang Sharon

par Alain Hertoghe
vendredi 25 novembre 2005

Yasser Arafat a dû se retourner dans sa tombe : son vieil ennemi Ariel Sharon dans un nouveau costume de centriste, de faiseur de paix, offrant peut-être une chance historique aux Palestiniens de créer leur État !

En quittant le Likoud, en créant ce jeudi son propre parti, "En avant" (Kadima), avec le slogan "Un leader fort pour la paix", pour les élections législatives anticipées du 28 mars prochain, Ariel Sharon bouleverse non seulement la scène politique israélienne, mais également le panorama du Proche-Orient.

Les premiers sondages donnent Kadima vainqueur du prochain scrutin. Mais cela ne veut pas encore dire grand-chose. Parce que la campagne électorale n’a pas encore commencé. Parce que, surtout, le bouleversement politique est tel en Israël, que les futurs électeurs n’ont pas encore eu le temps de le digérer : non seulement Sharon crée son parti, mais le Likoud (droite) se déchire entre ses candidats potentiels au poste de futur premier ministre et, enfin, le Parti travailliste (gauche) a un nouveau leader, Amir Peretz. Il a supplanté Shimon Peres qui pourrait... rejoindre Kadima.

Homme de paix, Sharon ? Homme de paix, le héros des guerres de Suez (1956), des Six jours (1967) et du Kippour (1973) ? Homme de paix, le "responsable indirect" du massacre de Sabra et Chatila au Liban (1982) ? Homme de paix, le promoteur en chef des colonies juives dans les territoires occupés (Cisjordanie et Gaza) ? Difficile à faire avaler aux Palestiniens et au camp de la paix israélien !

Et pourtant... C’est bien cet homme-commando qui, le premier dans la courte histoire de l’État hébreux, a décidé du retrait d’Israël de territoires occupés, avec l’évacuation sans bavure de Gaza l’été dernier. Gagnera-t-il son pari politique ? Veut-il vraiment une paix respectueuse des aspirations légitimes du peuple palestinien ? Rien ne permet d’en être convaincu. Rien ne permet non plus de l’exclure a priori.

Après avoir raté tant de rendez-vous avec leur destin national, les dirigeants palestiniens seraient en tout cas bien inspirés de sortir de leur état de sidération actuel face au blitzkrieg politique du premier ministre israélien, pour ne pas le laisser seul à la manoeuvre. Car l’Histoire est en train de s’accélérer au Proche-Orient. Or, pour l’instant, et depuis un moment, c’est le "général Sharon" qui mène la danse...


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