Gaza  : L’antinomie de l’Etat et de l’organisme

par Dr. salem alketbi
lundi 30 octobre 2023

Il est bien connu qu’il existe une grande différence entre la gestion d’un organisme et la gestion d’un Etat. Il existe également une différence significative entre les plans et les politiques des organismes et les plans et les politiques des Etats. Il existe une différence substantielle entre un organisme qui n’adhère à aucune règle, loi, accord ou norme internationale et un État qui est censé adhérer à tous ces éléments. Cet engagement est une composante fondamentale de la reconnaissance internationale en tant que membre actif dans le cadre de la communauté internationale, y compris ses institutions et organismes internationaux, indépendamment de leur efficacité, de leur structure, de leur philosophie, de leurs préjugés et d’autres questions qui suscitent des débats parmi les experts et les observateurs du monde entier.

En ce qui concerne la question de Gaza, nombreux sont ceux qui, dans le monde arabe et islamique, considèrent les deux parties au conflit, le Hamas et l’État d’Israël, comme des parties inégales en termes de puissance militaire et d’engagement éthique et moral. C’est effectivement le cas sur le terrain. C’est pourquoi des questions aussi complexes doivent être débattues objectivement afin d’éviter que certains d’entre nous ne succombent aux émotions qui surgissent dès que la première victime survient dans un conflit entre les deux parties.

L’organisme arrogant et terroriste qu’est le Hamas est tombé plusieurs fois, ce qui a entraîné une diminution de la sympathie de nombreuses personnes à travers le monde pour la cause palestinienne. Cela s’est produit en raison du massacre odieux qu’ils ont perpétré et de l’enlèvement de civils. Ils ont ensuite menacé de tuer les otages si les attaques militaires israéliennes se poursuivaient, ce qui est tout à fait répréhensible et rappelle Daesh. C’est un exemple clair du déclin moral du Hamas extrémiste et terroriste, comme l’a explicitement reconnu Khalid Mashaal dans une interview sur Al Arabiya, où il a admis qu’ils avaient envisagé tous les scénarios et qu’ils étaient conscients du nombre important de victimes palestiniennes qui deviendraient des pions dans les objectifs déformés du Hamas. Ce qu’a fait le Hamas distingue un organisme d’un État. Ici, une cause tout à fait juste a été victime des intérêts d’un organisme terroriste agissant au nom d’un État régional. Ils sont pleinement conscients des conséquences de leurs actes et de leurs paroles.

Pour en revenir à la question de l’organisme et de l’État, les organismes ne sont pas tenus responsables par ceux qui les dirigent, mais les États sont soumis à cette responsabilité. Nous entendons actuellement parler de procès et d’enquêtes en cours en Israël, non seulement pour l’incapacité à anticiper l’attaque du Hamas et le massacre odieux qui s’est produit, mais aussi pour les facteurs qui ont conduit à cette attaque et les circonstances difficiles auxquelles le peuple israélien a été confronté.

A l’avenir, nous pourrions lire des enquêtes sur les pratiques militaires et les erreurs commises, visant à comprendre et à apprendre au profit des générations futures et à protéger la réputation de l’armée israélienne et son image dans le monde. En fin de compte, nous avons affaire à un système étatique gouverné de manière à maintenir un certain cadre institutionnel pour la gestion des pays en général.

En ce qui concerne les organismes tels que le Hamas, il n’existe aucun contrôle ni aucune contrainte sur les actions de leurs membres et de leurs éléments. Le comportement dans le monde réel est dicté par les circonstances et la pensée individuelle, sans tenir compte des règles et des obligations qui régissent la conduite des armées dans les opérations militaires. Bien que nous entendions souvent parler des violations commises par l’armée israélienne et d’autres armées lors de batailles et de guerres, les conséquences de ces violations ne restent pas toujours sans répercussions. Ce n’est pas le cas des crimes et des violations humanitaires commis par les organisations et les groupes extrémistes, quelle que soit la légitimité des causes qu’ils prétendent défendre. La réalité est que les armées peuvent parfois s’écarter du contexte des règles éthiques, par exemple lorsqu’elles sont confrontées à une profonde humiliation militaire, comme ce fut le cas lors de l’attaque lancée par le Hamas contre certaines bases militaires israéliennes. Il faut se souvenir de la façon dont les États-Unis ont fait face à la menace de la guerre froide et de la guerre du Golfe.

L’armée américaine a agressivement ciblé les talibans afghans en réponse aux attaques terroristes du 11 septembre 2001, qui nécessitaient une réponse rapide pour restaurer la confiance du peuple américain dans son armée, la plus grande et la plus puissante au monde, contre un organisme terroriste qui, en fin de compte, n’a pas pu être éradiqué. La «  résistance  » est un droit légitime pour les peuples opprimés, protégé par les lois et règlements internationaux. Cependant, lorsque la résistance se transforme en action militaire criminelle en dehors du contexte du droit international humanitaire et que les civils en font les frais, cela devient un dilemme. Les frontières se brouillent entre l’auteur et la victime, l’accusé et l’innocent. La guerre devient un conflit dans lequel il n’y a pas de distinction entre les parties. Les deux parties ont leurs propres justifications, mais elles ne peuvent exiger un soutien universel si elles s’écartent de la raison, de la logique, du droit et des normes.

Les causes justes ne peuvent être défendues en commettant des crimes ou en ciblant des civils. La question palestinienne n’est pas le domaine exclusif d’organisations extrémistes comme le Hamas, le Jihad Islamique ou le Hezbollah. Elle n’est pas non plus l’apanage d’Etats connus pour la manipuler à des fins illégitimes. Avant et après eux, c’est la question de millions de Palestiniens à l’intérieur et à l’extérieur des territoires palestiniens.

À côté d’eux, il y a des États et des peuples arabes qui considèrent toujours le rétablissement des droits légitimes du peuple palestinien comme une priorité absolue de leur politique étrangère. Il n’y a donc pas de place pour la confusion ou pour exiger des pays et des gouvernements qu’ils suivent les directives d’un organisme qui cherche à entraîner la région et les nations arabes dans une guerre régionale qui pourrait avoir des conséquences considérables.

Les États ont leurs calculs complexes pour prendre des décisions et former des positions, tandis que les organismes prennent des décisions en secret sans tenir compte des dimensions et des ramifications. Ces décisions peuvent même être dictées de l’étranger, comme dans le cas des mandataires de l’Iran dans la région, et sont prêtes à être exécutées par les dirigeants de ces organismes.


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