Le sommet mondial de l’impuissance ?

par Michel Monette
lundi 19 septembre 2005

C’est confortablement assis dans les fauteuils capitonnés de la grande salle de l’ONU que nos représentants ont souligné le 60e anniversaire de l’ONU. Le contraste avec la réalité d’une humanité plutôt amochée qui espère bien peu de l’ONU ne peut être plus grand.

Détrompez-vous. Ce billet n’est pas une charge à fond de train contre Kofi Annan et les employés de l’ONU. Ils ne sont pas plus responsables des ratés de l’ONU que ne l’est notre propre indifférence.

Oui, nous répondons présents, en grand nombre, lors des grandes catastrophes humanitaires. Mais des millions de petites catastrophes quotidiennes ne rencontrent que l’écho du vide humanitaire.

L’incapacité de l’ONU n’est que la résonance de cet écho.

Qui a dit le mot réforme ?

Réunis au siège New-York de l’ONU, les chefs d’État de plus de 170 pays ont fait le point : développement, sécurité, droits de l’Homme, réforme des Nations Unies étaient au menu.

Vivre à l’abri du besoin, vivre à l’abri de la peur, vivre dans la dignité et renforcer l’Organisation des Nations unies : nobles objectifs proposés à l’occasion du sommet mondial.

Vous aurez compris la subtile rhétorique onusienne : oubliez les trois premiers si vous ne nous réformez pas.

C’est une réforme bien timide qu’auront finalement approuvée les pays membres à la toute veille de l’ouverture du sommet.

Très peu de pays devraient être complètement satisfaits ou totalement mécontents du texte, qui est beaucoup moins ambitieux que le projet initial de Kofi Annan sur des points-clés comme le désarmement, la non-prolifération des armes de destruction massive, les droits de la personne et le terrorisme.

Radio-Canada. Un nouvel élan pour l’ONU ?

La question se pose : qui croit réellement à l’ONU ?

Les amis de mes ennemis sont mes ennemis

Certainement pas en tout cas les Américains. Déjà sous l’administration de Bill Clinton, les Etats-Unis voulaient suppléer les défaillances de l’ONU par la création d’une communauté des nations démocratiques. Le débat continue d’y faire rage et les détracteurs ne manquent pas.

Dès sa nomination, l’ambassadeur américain à l’ONU, John Bolton, a fait un véritable job de bras contre la réforme de l’ONU.

Pour le journaliste de Radio France Internationale Pierre Edouard Deldique, la violente bataille au Conseil de sécurité précédant la guerre en Irak illustre le « choc frontal de deux idéologies : celle des Etats-Unis d’Amérique contre celle des Nations unies, de l’unilatéralisme contre le multilatéralisme, qui est l’essence même de l’ONU ».

Que celui qui n’a jamais péché...

Ne jetez pas trop vite la pierre aux Etats-Unis. Il n’y a pas un pays qui ne tente de tirer les ficelles en sa faveur.

Il est bien là, le drame de l’ONU.

Une administration lourde, coûteuse, se mêlant trop du financement de l’aide au développement pour demeurer au-dessus de la mêlée, voguant d’échec en échec, paralysée qu’elle est par trop d’intérêts divergents, bref si peu crédible que pas un de ses employés n’est à l’abri d’un attentat.

Peut-être attendons-nous trop d’une institution qui a somme toute bien peu de pouvoir et bien des défauts.

Dur de travailler pour l’ONU dans ces conditions.

Dur aussi d’être un idéaliste dans l’enfer humanitaire.

Écoutez voir.


Lire l'article complet, et les commentaires