France 2 occulte la présidentielle #MacronapprouveceJT

par Laurent Herblay
mardi 15 mars 2022

 Dimanche dernier, avec les meetings majeurs de 4 des 5 principaux candidats, deux jours après l’annonce officielle de la candidature du président sortant, il y avait une lourde actualité dans la campagne présidentielle. Pourtant, France 2 a décidé de n’y consacrer que 2 minutes, de manière biaisée qui plus est. Une couverture totalement révoltante de l’actualité qui rappelle le biais du service prétendument public en faveur de Macron, tant ce choix rédactionnel correspond aux désidératas de la majorité.

 

Masquer le nécessaire débat démocratique

Bien sûr, l’envahissement de l’Ukraine par la Russie justifie une attention particulière des médias. Et c’est ce qu’ils font depuis le début de ce triste évènement. Néanmoins, dimanche dernier, la guerre avait été déclarée depuis 10 jours, il n’y avait pas d’actualité majeure, et on ne peut pas dire que les 30 nouvelles minutes consacrées par France 2 à ce sujet apportaient beaucoup aux téléspectateurs. En outre, le sujet n’était pas clos, puisque le Ministre de la Défense était invité dans la seconde partie du journal pendant plus de 20 minutes, prolongeant le sujet dans un sens favorable à la majorité... La campagne pour les élections présidentielles fut expédiée en 2 minutes à peine, avec un sujet sur le ralliement de Marion Maréchal à Eric Zemmour et un autre sur la drôle de campagne en cours.

Ce sujet était particulièrement biaisé puisqu’il consistait à demander aux militants des grands candidats leur opinion sur l’occultation de la campagne par la guerre  ! C’est ainsi que furent expédiés les meetings de Valérie Pécresse, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, uniquement traités sous l’angle de la frustration des militants devant l’occultation de la campagne par la guerre ! Pour couronner le tout, le sujet se terminait par des militants du président, niant le problème… Pourtant, nous somme à peine à un mois du premier tour de l’élection, et le nombre assez limité de meetings auraient justifié qu’une bonne partie du journal soit consacré à la campagne, en reprenant notamment les principales déclarations des principaux candidats ce dimanche, et leur réaction à la déclaration de candidature de Macron.

Las, dans une conférence de rédaction de France 2Laurent Delahousse a jugé bon de consacrer plus d’une heure à l’Ukraine et à peine 2 minutes à la présidentielle. Et dans un mécanisme circulaire effarant, l’essentiel de ce temps a été consacré à un reportage sur la frustration des militants par le non décolage de la campagne ! Il aurait été plus intéressant que Laurent Delahousse nous explique directement comment il explique une couverture aussi limitée alors que nous étions pourtant à un temps fort de cette campagne, qui justifiait largement au moins 10 minutes de son journal. En outre, si cette campagne n’est pas toujours d’une qualité incroyable, beaucoup de candidats font assaut de propositions nouvelles et fortes, qui mériteraient une couverture plus importante de la part de tous les grands médias.

Cette occultation pose un double problème. Non seulement cela limite le nécessaire débat démocratique dans un pays comme le nôtre, où l’élection présidentielle est tout de même l’élection phare de notre démocratie, qui engage le pays pour cinq ans. Dans les trois mois qui précèdent l’élection, il serait légitime que nos médias consacrent une grande part de leur couverture de l’actualité à cette campagne qui va déterminer la direction de la France pour cinq années. Mais en plus, nous sommes dans une configuration où le président sortant souhaite clairement une campagne a minima, tant il semble dans une bonne position à date, et préfère que l’on parle de la guerre en Ukraine. Dès lors, limiter la couverture de la campagne pour parler de l’Ukraine revient très clairement à rouler pour le président sortant.

Il est frappant de constater à quel point tout le service public, y compris radiophonique, a un biais favorable au président sortant, et peut l’exprimer, de manière assez sournoise, en limitant la couverture de la campagne, quand ils ne sont pas d’un parti-pris incroyable. Heureusement, le très faible niveau de confiance des Français à l’égard des médias amène à relativiser l’impact de ce biais. Ce parti-pris si marqué pourrait-il finir par devenir contre-productif à l’égard du candidat des grandes médias ?


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