Engagement citoyen

par Jean Claude BENARD
jeudi 24 novembre 2005

Le couvre-feu, et surtout la vague de froid qui touche la France, ont mis fin (provisoirement ?) aux graves émeutes des ces derniers jours.

Que reste-t-il de ces moments immortalisés par les télévisions du monde ?

Notre ministre de l’intérieur, égal à lui-même, a choisi de stigmatiser sans proposer. Le Président de la République et le Premier ministre nous ont expliqué que les médias pourraient embaucher plusieurs de ces silhouettes issues de minorités, comme il est de bon ton de dire aujourd’hui.

Et les jeunes, dans tout cela ?

Eh bien ! Ils sont priés de découvrir les vertus de l’armée française pour apprendre un métier et devenir des citoyens respectueux des us et coutumes en place.

Non, tout le monde ne rêve pas de ce genre de carrière, financée par le budget de l’armée puisqu’il ne reste plus d’argent au budget général de l’État.

Dans l’establishment français, c’est à celui qui va mettre en place les CV anonymes, va embaucher en priorité dans des quartiers « difficiles », va promouvoir en interne les talents, etc .

Ne nous y trompons pas, la citoyenneté commence lorsqu’on se rend compte qu’on possède une carte d’électeur. Beaucoup de jeunes avec qui j’ai parlé ces derniers temps m’ont confié ne pas voter parce que : « cela ne sert à rien »

Ce qui ne sert à rien, c’est justement de ne pas s’exprimer, et laisser les autres le faire à sa place !!!

Sanctionner un élu ou un candidat à une élection parce qu’il a dépassé la « ligne jaune » reste un des privilèges ouverts à TOUS les citoyens français.

Dans certaines villes du 93, des élus ont mis en place des conseils de quartier, d’autres ont accueilli des habitants des quartiers difficiles dans les conseils municipaux, et pourtant, le nombre de jeunes qui participent à cette vie citoyenne est proche de zéro.

Alors, l’engagement est-il en panne, ou il manque seulement un peu de volonté ? Est-on seulement insouciant lorsqu’on est jeune ?

Non, je ne le crois pas. Il est vain d’attendre quelque programme gouvernemental de discrimination positive, il faut s’emparer de tous les outils que les institutions françaises mettent à la disposition de tous ses citoyens.

Le militantisme politique ou syndical, c’est avant tout se battre pour améliorer la vie, l’habitat, les chances de réussite des autres. C’est imposer à plusieurs des idées et des convictions, et c’est aussi construire une partie de son futur et de celui des siens.

Combien de jeunes qui pensent s’investir dans l’associatif ou l’humanitaire feraient d’excellents élus locaux ?

Intégrer un mouvement politique n’est pas toujours bien vu, mais comment changer un système si on ne décide pas un jour d’y entrer, et de faire bouger les choses ?

Ce cheminement intellectuel peut paraître ringard à beaucoup de jeunes, mais il ne faut pas oublier que des types formidables, comme les ZEBDA dans leur bonne ville de Toulouse, ont fait bouger les choses.

Personne ne viendra spontanément vous chercher pour mener de beaux combats ou améliorer la vie des gens. Il ne dépend que de vous que les choses avancent, et que les propos extrêmes soient balayés par vos convictions, et remplacés par des propos d’avenir


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