Méli-mélo radiophonique

par C’est Nabum
jeudi 26 octobre 2023

 

Le mélange des genres.

 

Une heure durant, je vous invite à remonter à contre-courant du temps et des modes, à vous laisser porter par un souffle de vent, à ramer parfois pour (re)garder la route qui se trouve derrière vous. Une heure de parole entre contes, fables et chansons francophones, le tout dit à la cantonade, sans forcément qu'il y ait un fil conducteur parce qu'il en va ainsi dans l'existence, que nous passions aisément du chapeau de paille au paillasson tout en étant parfois somnambule.

Ce méli-mélo correspond à une invitation à suivre une voie d'eau par le seul truchement d'une voix mêlée de musique. La succession de longues plages parlées et de courts îlots mélodiques vous permet de souffler un peu, de respecter ce découpage que vous impose désormais les grands médias qui ont décidé qu'un individu de cette curieuse époque ne peut se concentrer plus de quelques minutes au risque alors d'être incapable d'enregistrer la publicité qui va venir.

Si vous êtes conditionnés par l'alternance au pas cadencé de réclame et de productions formatées, si vous avez besoin de temps à autre de gaspiller votre argent au téléphone avec un jeu stupide qui est une illusoire promesse de gains astronomiques, si vous avez encore besoin de vous saouler de percussions et de basses assénées, vous ferez fausse route. Ici, point de rythme endiablé, le diable a fait le choix de s'insinuer dans tous mes propos car il adore qu'on l'attire par l'aqueux.

Il se peut que vous pensiez que tout va à vau-l'eau. Rien de plus normal quand on se meut du val vers le démon sur une rivière de mots dont certains ont besoin de vous rafraîchir la mémoire pour que vous en retrouviez le sens. Malheureusement pour les intoxiqués de la novlangue et du verbiage d'école de commerce, nulle trace de créole anglophone dans ce programme qui sait tenir sa langue. Je devine votre désappointement…

À contre-courant n'est sans doute pas pour vous et j'en suis le premier contrarié. J'aimerais tant que raconter des histoires, dire des fables et proposer des chansons à texte soit encore de saison. Comme me l'a asséné avec morgue un responsable événementiel d'une commune qui m'est chère : « Ce que vous faites n'intéresse personne ! ». Dans pareil cas, je continuerai de m'adresser à personne, ce qui pour un moins que rien, ne pose guère de difficulté.

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Si par un extraordinaire hasard, vous appartenez à cette minuscule frange de la population qui prend encore le temps de lire ou d'écouter, je vous invite à me prêter vos oreilles et un cerveau qui ne sera pas vidé de son contenu, une heure durant, le jeudi de onze à douze sur la Web Radio : « Ondes Bleues la Radio ! ».

Point n'est besoin d'un transistor ou d'un poste à galène pour capter ce programme archaïque, la modernité a fait son œuvre et offre un refuge aux derniers des Mohicans sur un réseau numérique qui conserve dans quelques interstices, de petites toiles d’araignées où des rêveurs tissent un délicat ouvrage dans lequel vous viendrez simplement vous bercer une heure durant.

Je ne sais plus que vous dire pour vous inviter à fuir cette proposition insensée. Vous devinez bien à la lecture de cette contre-publicité que le pire est non seulement à redouter mais plus encore à supporter avec ce verbeux personnage qui entend vous assommer de propos qui invitent à la réflexion. N'en soyez pas offusqués et allez donc vous réfugier ailleurs, là où il est nul besoin de fixer son attention.

S'il reste encore des lecteurs qui sont parvenus jusqu'à ce dernier paragraphe tout en ayant envie de tenter l'aventure radiophonique, qu'ils prennent alors la précaution de ne point le divulguer autour d'eux. Ils passeraient pour des attardés, des ringards, des vieux schnocks, des êtres de déraison, des individus désespérément archaïques et même totalement obsolètes. Il leur faudra alors se munir d'un casque pour s'épargner lazzis et moqueries afin de passer une heure en ma compagnie à contre-courant des gens dans le vent.

À contre-courant.


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