Moïse à Gaza : la bataille de Rephidim

par Emile Mourey
mardi 5 décembre 2023

Extrait de mon ouvrage intitulé "Histoire de Bibracte, Dieu caché" écrit en 1986, dépôt légal : septembre 1995 n°51212 FF, chapitre 22 ...   

 A l'époque où le peuple d'Israël sortit d'Egypte, en 1445 avant JC, sous le règne du pharaon Thoutmôsis III, la situation était la suivante si l'on en croit les textes :
 Les Hébreux sont nombreux : 600 000 hommes sans compter les femmes et les enfants. Ils sont assez bien organisés en douze tribus de chacune 50 000 hommes en moyenne. Chaque tribu emmène avec elle du petit et du gros bétail et dans les gibecières pour sept jours de galettes azymes, sans parler des pétrins portables. Leur soulèvement leur a permis, non seulement de se constituer des trésors de guerre, mais aussi de s'armer en pillant les magasins égyptiens. L'effectif de la troupe armée, apte à la manœuvre, ne peut être, évidemment, qu'inférieur.

Il est écrit dans la Bible que pendant les quarante ans qu'ils passèrent dans le désert, les Hébreux durent se contenter de la manne du Seigneur. Question : dans le désert du Sinaï, entre le Golfe d'Aqaba et la mer Rouge ?... je doute... ou, plutôt, dans le désert de Sin, station de la voie côtière menant à Rephidim ?

  Qui n'a pas dans son souvenir la merveilleuse histoire de ce peuple élu qui marchait dans le sable chaud, tenaillé par la soif et par la faim et sur lequel Dieu, dans sa divine providence, faisait tomber la manne miraculeuse et parfois même des cailles.
  Où est la vérité historique dans tout cela ? 
  600 000 hommes en train de cueillir avec minutie dans la rosée du matin ces minuscules graines que le hasard fait parfois fleurir sur quelques maigres arbustes du désert ? Des milliers de cailles venant atterrir dans les mains de 600 000 affamés ? Une population de cette importance en train de tourner en rond dans un désert pratiquement inhabité qui ne fait que 300 kilomètres du golfe de Suez à Bersabée, et cela pendant quarante ans ?
  Cette manne, hier comme aujourd'hui, c'est l'argent du fisc. Ce sont des contributions sous diverses formes. Nous nous expliquons. Tout dépend, en effet, du point de vue où l'on se place. Pour le contribuable, l'impôt qu'il paie est considéré, bien évidemment, comme un prélèvement ou un manque. Mais pour le fisc et pour le fonctionnaire civil ou militaire, c'est une manne sans laquelle ils ne pourraient vivre. Les 600 000 hommes de Moïse ne pouvaient survivre qu'en recevant cette manne. 

 A Rephidim, la Bible dit que le peuple avait soif et qu'il n'y avait pas d'eau à boire. Alors, on se mit à crier contre Moïse et même les Anciens d'Israël se mirent à douter. Les prêtres Moïse se tournèrent vers Yahwé : « Seigneur, s'écrièrent-ils, tu es témoin que ce peuple nhésiterait pas pour un peu à nous lapider. Faut-il vraiment que nous fassions encore quelque chose pour lui ? »

 Il est dans la logique de la guerre de voir le philistin Amaleq sortir de son pays (Gaza ?) à la tête de ses troupes et marcher contre les Hébreux. Il est écrit dans la Bible qu'Amaleq combattit Israël à Rephidim.

Yahwé avait dit à Moïse : « Va ! fais-toi suivre du peuple et des Anciens d'Israël. Prends ton bâton avec lequel tu as frappé les eaux du Nil. Dirige tes pas vers la région desséchée du Horeb (les pays de la mer Morte). Je me tiendrai sur le rocher qui domine (Massada), et toi, tu marcheras vers moi. Tu frapperas le rocher et aussitôt une source d'eau vive en jaillira. Tu feras approcher ton peuple et tout le monde pourra satisfaire sa soif. »

Dans cette bataille si importante pour l'avenir du peuple hébreu, Moïse, c'est-à-dire les prêtres Moïse, combattaient au centre, ceux d'Aaron et ceux de Hour combattaient à sa gauche et à sa droite. Yahwé était sur la hauteur avec Moïse, le bâton à la main. Josué combattait en tête. Le combat fut longtemps indécis. Il est écrit ceci : « Tant que Moïse levait les mains, Israël avait l'avantage, mais quand il les baissait, Amaleq reprenait le dessus.

 Comme les mains de Moïse s'alourdissaient, il s'appuya sur une pierre (ou plutôt sur un rocher, quel rocher ? Ce ne peut-être que Massada), tandis qu'Aaron et Hour s'efforçaient de lui tenir les mains en l'air. Moïse garda les mains levées jusqu'au coucher du soleil. Alors, le tranchant du glaive de Josué vainquit Amaleq et son peuple. » Pourquoi les prêtres “Moïse” maintinrent-ils leurs bras en l'air pendant toute la durée du combat ? Est-ce en signe d'anathème, ou d'appel vers Dieu ?

Yahwé dit à Moïse : « La main qui s'est levée contre le trône de Yahwé, la guerre de Yahwé sera contre cette main. Cette bataille, tu la relateras dans le Livre afin que Josué se rappelle que, ce jour-là, j'ai décidé d'effacer complètement de la surface de la terre la mémoire d'Amaleq. » 

 Pour le lecteur qui se pose des questions quant au langage complexe des textes bibliques, il y a cependant un problème, car si Amaleq a attaqué les Hébreux dans leur camp de Rephidim, si Josué a vaincu les Philistins sur ce champ de bataille, il semble bien qu'en réalité, la relation de la journée de combat ne puisse se comprendre qu'à condition d'étendre le front d'engagement bien au-delà de Rephidim. Il faut deviner que le front de bataille allait de Rephidim à l'aile gauche où se trouvait Aaron jusqu'à l'aile droite où se trouvaient des Hourrites avec lesquels Moïse s'était, apparemment, allié. Au centre et en arrière, se tenait Moïse sur la hauteur de Massada comme dans un P.C.. Voilà pourquoi la Bible dit que pendant toute la durée des combats, Aaron et Hour soutenaient, l'un le bras gauche de Moïse (l'aile gauche de la ligne de bataille), l'autre le bras droit (l'aile droite). Mais les Philistins n'ont pas pu s'emparer de Massada ; c'est en s'appuyant sur ce rocher que Moïse a finalement gagné la bataille, selon lui ; nous disons bien “selon Moïse”. Il fallait, en effet, faire venir la victoire non pas de Rephidim, mais de Massadacar c'était la montagne de Dieu.

 Telle pourrait être une meilleure traduction ! Mais aussitôt, on s'interroge : « Une bataille qui commence le matin et qui se termine le soir avec un front de quelque cent kilomètres, non, cela n'est pas possible. Il faut deviner que les scribes de Moïse ont relaté sous forme d'une bataille frontale une guerre d'une certaine durée de type plus ou moins subversif. En réalité, c'est Josué qui menait le combat avec ses soldats de l'ombre. »...

Que penser de cette histoire qui remonte au temps de l'Egypte ancienne ? 

Emile Mourey, 4 décembre 2023


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