Bain de siège

par C’est Nabum
mercredi 12 juillet 2023

 

Orléans, ville ceinte

 

La bonne cité a toujours suscité l'envie au point que, à plusieurs reprises, il y eut bataille plus ou moins féroce pour conquérir une ville claquemurée derrière ses fortifications et protégée par la Loire. Si après le 13 février 52 avant JC, César ne fit qu'une bouchée de l'opidum gaulois, le premier véritable siège remonte à 451. Attila le barbare veut s'emparer de la forteresse protégée par l'évêque Aignan.

C'est le premier acte d'une grande épopée durant laquelle la Loire fut le creusé des luttes intestines et des batailles féroces pour conquérir la ville. La Grande histoire s'est largement focalisée sur le siège de 1429 dont je crois qu'il est inutile de rappeler les acteurs. Par contre, d'autres dates doivent attirer notre attention avec des luttes fratricides et cultuelles qui ne furent pas à la gloire de leurs auteurs.

Par deux fois la ville devint place forte réformée. En 1563, le Prince de Condé fait d'Orléans l'une des principales places fortes de la réforme. Les huguenots sont sous les ordres de l'Amiral de Coligny qui entend ne rien céder aux assauts des catholiques menés par François de Guise. Le 18 février, le guet-apens mené par Poltrot de Méré en bord du Loiret aura raison de l'envoyé du roi. La Pierre Percée entre dans l'histoire tandis que le 19 mars de la même année l'édit d'Amboise remet provisoirement le calme.

Fin août 1572, malgré l’édit de pacification entre catholiques et protestants, la tension est à son comble. Après l’annonce du massacre de la saint Barthélémy, les catholiques du Loiret ne veulent pas être en reste. Le 25 août et les jours suivants, ils se lancent dans des crimes épouvantables. Les insurgés reconnaîtront la mort de 1200 hommes, près de 600 femmes et des enfants en grand nombre, tous jetés à la Loire qui sera rouge sang.

On prend presque les mêmes et on recommence en 1589 sous le règne d'Henti III. C'est la pleine période de la Ligue, les esprits sont échauffés et les rancœurs tenaces. La cité redevient pour un bref moment forteresse protestante. Pour surveiller la Loire par laquelle les troupes royales acheminent armes et munitions, les réformés dressent un système défensif qu'on nommera la motte Sanguin du nom d'un évêque Antoine Sanguin dont la légende affirme qu'il prétendit à François premier être le descendant d'un des rejetons de Noé.

Les guêpins qui ne manquèrent jamais dans la cité vinrent mettre leur grain de sel à ce récit d'autant plus aisément qu'en cet endroit l'Île des Martinets offrait un échappatoire commode par la rive sud. C'est ainsi que le nom du brave évêque fut tronçonné pour devenir la Motte Sans Gain. Les canons firent ainsi long feu, c'est du moins ce que laisse accroire cette version.

D'autres, moins belliqueux prétendent que le péage de l'endroit était contourné par les mariniers qui empruntaient la petite Loire pour échapper à la taxe. La fraude fiscale ayant toujours été un sport national il n'est qu'à voir la venelle des mauvais payeurs à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin pour s'en convaincre.

Toujours est-il que dans ce lieu qui servit un temps de filature, les autorités militaires établirent plus tard une école de l'artillerie, ils entendaient sans doute conjurer le sort. La motte demeurera sans gain, sans victoire, sans confort quand l'auberge de Jeunesse y séjourna quelque temps. Désormais le luxe a remplacé l'absence de gain et sert d'écrin pour l'Établissement public Loire une sorte d'usine à gaz ou syndicat mixte composé de 6 régions, 16 départements et 22 villes agglomérations ou métropoles flanqués encore de 6 syndicats intercommunaux d'aménagement de la Loire et ses affluents pour mieux noyer les poissons et engloutir les subventions.

L'histoire bégaie toujours un peu même si certains savent la tirer à leur profit.

À contre-gain.

Pour en savoir plus sur les péages sur la Loire

=> https://cnabum.blogspot.com/2023/07/les-peages-sur-la-loire.html


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