Avale-Loire : étape 3

par C’est Nabum
vendredi 12 juillet 2013

Orléans – Beaugency

Jeux de Meung …

Aux premières lueurs de l'aube, je me préparais dans ma toue cabanée. J'avais quelques inquiétudes pour franchir ainsi le pont Royal. J'allais vite me rendre à l'évidence, il ne se calme pas avec la baisse des eaux. Je fis même l'expérience d'une douche matinale au milieu de la rivière. Il n'y a pas meilleure manière de commencer la journée !

Juste après le pont Joffre, je savais une petite plage pour me poser et vider mon frêle esquif du trop plein d'eau qu'il avait embarquée. C'est un promeneur canin qui me donna le coup de main nécessaire pour renverser mon molosse. Il pèse un âne mort ce maudit rafiot ! Je profitai de cette halte pour trouver des commodités publiques (Merci monsieur Decaux) et boire un café dans la station essence sur les quais. On fait ce qu'on peut à Orléans, les quais périphériques ne sont guère commerçants.

Le chemin pouvait reprendre. J'eus droit à un spectacle merveilleux. Les oiseaux me firent une ronde. Mon petit appareil photo insubmersible ne permet pas de rendre compte de ce ballet merveilleux. J'avais déjà eu le bonheur d'être survolé par trois Balbuzards du côté de Guilly, cette fois, ce fut une armada de cygnes qui me combla d'aise.

Je doublai la croix de Micy, haut lieu de la spiritualité sous Clovis. J'avais dépassé la grotte du dragon, la fable devenait réalité. Ce grand dragon qu'il fallait ramener à la raison, en 511, c'est notre Loire et toutes ses croyances celtes. Mesmin se chargea de terrasser le paganisme et j'en fis un conte que vous aurez en cadeau très bientôt.

La pointe de Courpin sonnait le glas de l'escapade du Loiret. Il réintégrait bien sagement le giron ligérien. Ce lieu est bien connu des baigneurs de la région. Pendant les fortes chaleurs, l'eau de la résurgence est toujours plus tempérée et nombreux sont ceux qui aiment à se rafraîchir les idées. Je n'en avais nullement besoin, ayant eu mon compte sous le vieux pont de pierres d'Orléans !

J'allais d'un bon pas, si l'expression peut se concevoir sur les flots. Je voyais au loin le pont de Meung et me promettais d'y faire une pause agréable. Je redoutais les débris de l'ancien pont et j'avais bien raison. En arrivant au bord, je ne voyais que gros cailloux affleurants et remous inquiétants. C'était l'occasion d'essayer mon petit chariot décathlon !

Ce fut une catastrophe et une épreuve physique. Le chariot se refermait sur lui même, la cale était pentue et le kayak lourd à n'en plus pouvoir le tirer. J'étais bien seul pour l'opération. Un brave homme se promenant ne put venir m'aider. Il était handicapé. Un autre, lui demandant ce que je faisais, se cacha bien vite dans sa maison en apprenant la manœuvre. Un tour de rein est si vite arrivé et un service en appelant toujours un autre, il faut savoir se garder des étrangers aventureux !

C'est finalement un employé municipal qui me donna ce coup de main indispensable pour remettre le monstre à l'eau juste à côté de la sinistre carcasse de la pauvre toue de nos amis Carnutes. La rivière est impitoyable pour nos bateaux. J'espère qu'elle saura se montrer clémente pour le mien, le temps de ce périple.

Il y avait un hôtel restaurant qui me proposait une belle terrasse ombragée. J'en aurais profité pour envoyer de mes nouvelles aux amis qui suivent mon périple. Hélas, on ne sert que les clients dans cette maison respectable. La demoiselle avait assisté à mon long chemin de croix, traînant à bout de souffle mon fardeau. Elle ne dérogea pas à la règle qui fait de sa respectable maison un lieu bien inhospitalier. Pour la Loire à vélo, il faudra réviser les gammes de la convivialité en ce lieu.

Je repartis sans m'être rafraîchi et décidai d'achever le programme dans la foulée. Beaugency n'était pas si loin. Je pourrais y manger. Bien m'en prit car je reçus le meilleur accueil qu'il soit au camping au pied d'un pont, construit, nous dit-on en une nuit par notre ami le diable en personne. Le gardien me prêta une brouette pour ramener tout mon attirail. Une fois vide, je pus remonter le courant et poser sur la berge mon merveilleux engin.

Je me restaurai avant de me plonger dans une merveilleuse sieste qui s'imposait après la nuit bien trop courte et surtout trop bruyante sur le quai. Si je tenais le roi de la guitare basse qui a fait ses gammes jusqu'au bout de la nuit, je lui montrerais de quel bois je me chauffe. J'espère pouvoir dormir tranquillement ce soir après avoir proposé quelques contes aux gens du camping. Les pauvres, eux qui voulaient passer des vacances tranquilles !

Demain sera une autre journée. N'ayant pas de nouvelles de nos amis blésois, je pense tenter ma chance à Saint Dyé sur Loire, le port de Chambord comme aime à le dire l'affiche qui vante les balades sur la Saponaire. Avec un bateau portant un nom pareil, comment ne pas aller se faire mousser à son bord ! J'espère que ce vœu se réalisera. La suite au prochain épisode si je passe ce maudit barrage EDF de la centrale de Saint Laurent des Eaux. La Loire a beau être sauvage, elle a du se plier aux exigences sournoises et impérialistes des centrales nucléaires. Il y aurait beaucoup à dire sur le dossier à charge : EDF et la Loire ...

Siestement vôtre.

 

 


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