La Scuderia Ferrari doit-elle quitter la F1 ?

par Axel_Borg
samedi 10 novembre 2018

Depuis 1973, Ferrari se consacre à 100 % à la Formule 1 en compétition. Favorisée budgétairement par Formula One Management depuis les accords Concorde de 1981, la Scuderia vient de vivre une décennie sans titre mondial. Doit-elle franchir le pas et quitter la F1 pour retourner défier d’autres marques rivales aux 24 Heures du Mans ? Il est temps de rouvrir cette vieille boîte de Pandore …

Dans Un chagrin d’amour, célèbre chanson humoristiques des Inconnus, Bernard Campan et Didier Bourdon nous offrent des vers inoubliables.

 Un chagrin d'amour

 C'est une boîte de nuit sans son disc-jockey

 Un chagrin d'amour

 C'est une Golf GTI qui n'aurait plus qu'une vitesse

 Une station de ski sans neige et sans tire-fesses

[…]

 Un chagrin d'amour

 C'est comme si Roméo n'aimait plus Virginie

 Un chagrin d'amour

 Comme si l'équipe de Marseille n'avait plus Bernard Tapie

 Un chagrin d'amour

 C'est un sapin de Noël sans guirlandes et sans boules

[…]

 C'est comme la mer sans les vagues

 C'est comme les vagues sans l'écume

 C'est comme l'écume sans le sel

 C'est comme le sel sans le poivre

La Formule 1 sans Ferrari, ce ne serait pas du tout pareil. Demandez à un enfant de vous dessiner une F1, il vous représentera un bolide rouge écarlate. Cela vaut tous les plébiscites du monde. Comme Lotus ou Brabham avant elles, Williams ou McLaren peuvent disparaître, elles seront oubliées comme le fut le marchand de pulls Benetton ou le sera le vendeur de boissons énergisantes Red Bull à terme. N’en déplaise à Ron Dennis qui a tout fait pour que McLaren égale le prestige de la Ferrari (le patron de Woking lançant la McLaren F1 GTR dessinée par Gordon Murray en 1992), une seule écurie historique peut lutter avec Ferrari : Mercedes, dont les flèches d’argent ont gagné dans les années 30 avec Rudi Caracciola, dans les années 50 avec Juan Manuel Fangio et Stirling Moss, et enfin dans les années 2010 avec Lewis Hamilton et Nico Rosberg … Il y a fort à parier qu’en 2018, Black Senna et son casque jaune continuent de tutoyer la perfection et de s’attirer tous les superlatifs, à la poursuite des derniers records détenus par Michael Schumacher … grâce à sa période dorée chez Ferrari, madeleine de Proust qui rend nostalgiques les tifosi.

Le problème, c’est que l’hégémonie du top team allemand (2014-2018), qui fait suite à celle de Red Bull (2010-2013) laisse Maranello sur une décennie entière de disette en F1. Mais le Cavallino Rampante, fort de revenus dopés par les accords Concorde habilement négociés par le Commendatore Enzo Ferrari en 1981, ne vise plus que le titre des pilotes, raté par Fernando Alonso en 2010 et 2012 puis par Sebastian Vettel en 2017 et 2018. Le soleil d’Austerlitz n’est pas encore retrouvé pour Ferrari, qui peine à gravir les échelons jusqu’au climax de la F1. La chaotique saison 2011 fut le symbole de cette médiocrité technique, avec une erreur intrinsèque dans l’ancienne soufflerie de Toyota, à Cologne. Malgré la combativité viscérale d’Alonso, l’as d’Oviedo ne put faire mieux que fêter les 60 ans de la Scuderia par une belle victoire à Silverstone, finissant 4e du championnat du monde derrière le trio Vettel – Button – Webber. Tirer la quintessence d’une F1 comme savent le faire les plus grands pilotes ne suffit plus chez Ferrari, qui a raté trop de monoplaces depuis que Ross Brawn, Rory Byrne et Paolo Martinelli ont quitté le bureau d’études. Le peuple rouge ne remerciera jamais assez Jean Todt d’avoir convaincu Rory Byrne de revenir de James Bond Island à Phuket, là où il escomptait prendre sa retraite fin 1996 en ouvrant un centre de plongée sous-marine …

A chaque décision politique qui lui déplait, Ferrari brandit l’épée de Damoclès, comme en 2009 où Luca Cordero Di Montezemolo avait publié un calendrier FOTA parallèle du calendrier FIA pour la saison 2010. L’ancien patron de l’organisation de la Coupe du Monde de football 1990 en Italie ne fait pas autre chose que l’ECA (feu G14) sous l’égide de Karl-Heinz Rummenigge en football avec l’UEFA. Il brandit la foudre de Jupiter en espérant que la FIA descende de sa tour d’ivoire et ne finisse par céder.


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