Darfour : la traque se poursuit

par richard
jeudi 15 mars 2007

La Justice doit pourchasser les criminels du DARFOUR - Les massacres au Soudan ne doivent pas rester impunis, les leçons des génocides précédents passent également par ce soucis « Justice mais pas vengeance ». Analyse du rôle de la CPI

« Plus jamais ça ». Combien de fois avons-nous entendu prononcer ces mots ? Synonymes de notre incapacité, aujourd’hui, au 21ème siècle, à prévenir et faire cesser les crimes contre l’humanité. Au Soudan dans la région du Darfour, dans une quasi-indifférence, se déroule le premier génocide de ce siècle. Selon les observateurs sur place, 400.000 personnes ont été massacrées parmi lesquelles des milliers d’enfants, des femmes violées, des villages entiers détruits. La population du Darfour est sur le point de disparaître.

La communauté internationale s’est dotée d’une juridiction répressive et dissuasive du « plus jamais ça ». La Cour Pénale Internationale.

Une instance de répression car le 27 février Luis Moreno-Ocampo, Procureur de la Cour Pénale Internationale, a présenté des éléments de preuve qui indiquent, que Ahmad Muhammad Harun, ancien Ministre délégué chargé de l’Intérieur au Gouvernement soudanais, et Ali Kushayb, dirigeant des Milices Janjaweed, ont commis de concert et en collaboration avec d’autres des crimes contre la population civile au Darfour.

Le fait que le Procureur désigne nommément un ancien ministre soudanais comme premier suspect confirme l’implication directe du gouvernement d’Omar El Béchir dans les crimes commis contre les populations civiles du Darfour. La requête du Procureur précise d’ailleurs, selon les déclarations mêmes de Ahmad Harun, qu’en sa qualité de chef du « bureau de sécurité du Darfour » il « lui avait été donné toute la latitude et l’autorité pour tuer ou pardonner qui que ce soit au Darfour au nom de la paix et de la sécurité ». La requête indique en outre que Ahmad Harun a apporté des fonds aux janjaweed en puisant dans « un budget qui était sans limite et qui n’était pas vérifié publiquement ». Les éléments de preuve indiquent qu’il se rendait tous les trois mois depuis Khartoum à Mukjar à bord d’un avion chargé de fournitures d’armes et de munitions, dans certains cas, des G-3 et des fusils d’assaut Kalachnikov, pour payer les milices en argent liquide et pour livrer ces armes !

Selon le Procureur, les éléments de preuve indiquent qu’Ali Kushayb donnait quant à lui des ordres aux janjaweed et aux forces armées afin qu’elles persécutent les populations civiles au travers de viols en masse et autres abus sexuels, de meurtres, de tortures, d’actes inhumains, de pillage et de mise à sac de résidences et de places de marché, de déplacement de la communauté sur place outre d’autres actes criminels présumés.

Une juridiction dissuasive car dirigeants et militaires doivent savoir, au moment même où ils s’apprêtent à massacrer ou faire massacrer ces innocents, qu’ils ne peuvent plus agir en toute impunité, qu’ils devront désormais répondre des crimes et exactions qu’ils sont en train de perpétrer.

Le temps de l’impunité est désormais révolu, les personnes devront répondrent de leurs actes sans pouvoir s’exonérer de leur responsabilité pénale en raison d’une immunité particulière. En effet, il est heureux que les auteurs de la convention de Rome portant création de la Cour Pénale Internationale (CPI) aient pu concrétiser l’obligation de répression en affirmant le principe de non-exonération de la responsabilité pénale en raison de la qualité officielle. L’article 27 cette convention intitulé « le défaut de pertinence de la qualité officielle » précise qu’il « s’applique à tous de manière égale, sans aucune distinction fondée sur la qualité officielle. En particulier, la qualité officielle de chef d’État ou de gouvernement ( ...) n’exonère en aucun cas de la responsabilité pénale au regard du présent Statut, pas plus qu’elle ne constitue en tant que telle un motif de réduction de la peine ».

En hommage à Simon Wiesenthal, Kofi Annan, alors secrétaire Général des Nations Unies rappelait que le célèbre chasseur de nazis avait envoyé « un message fort au monde entier, bannissant l’impunité en cas de génocide ou de crimes contre l’humanité ». Le Centre Simon Wiesenthal, ONG accréditée auprès des Nations Unies, est plus que jamais déterminé à pourchasser sans relâche les auteurs de ce nouveau génocide et à produire les responsables du plus grand des crimes devant la justice. Fort de l’héritage de Simon Wiesenthal dont l’expérience et les méthodes de travail ont permis l’arrestation de plus d’un millier de criminels nazis parmi lesquels Adolf Eichmann ou encore Karl Silberbauer, officier de la Gestapo responsable de l’arrestation d’Anne Frank, le Centre Simon Wiesenthal s’engage à apporter toute son aide à la CPI et notamment à aider à recueillir les témoignages des victimes du Darfour et à constituer leur dossier de participation à l’instance.

Il faut en effet donner tous les moyens à la Cour de procéder aux enquêtes, de recueillir ces précieux témoignages et de rechercher et juger les criminels. Le Centre Simon Wiesenthal appelle la France, et les autres pays de l’Union européenne, à coopérer pleinement et à mettre à disposition de la CPI tout moyen technique nécessaire au bon fonctionnement de la Justice..

« Survivre est un privilège qui engendre des obligations » écrivait Simon Wiesenthal dans ses mémoires. Nous européens avons des obligations. Le seul « travail de mémoire » valable, est celui qui aux noms des arméniens, juifs, tsiganes et tutsis, va se battre aujourd’hui pour la Justice, pour protéger nos frères humains de la barbarie.

Rendez-vous le 20/03/2007 à 20h à la Mutualité à Paris pour un grand meeting pour le Darfour avec B. Kouchner, Jacky Mamou,BH Lévy ... avec le Collectif Urgence Darfour - Engagements des candidats à la Présidence de la République.

Ilana SOSKIN et Richard ODIER, Secrétaire National et Président Centre Simon Wiesenthal France


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