Redistribution : la grande escroquerie

par fredm
mercredi 14 mars 2007

La redistribution devait être le ciment de la justice sociale, le moteur de l’égalité, une sorte de Robin des Bois des temps modernes. La réalité est tout autre. Bilan.

Les grandes espérances

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, tout est à reconstruire en France. C’est le début des Trente Glorieuses. Trente ans de croissance ininterrompue au rythme fort sympathique de 5% par an.

La Sécurité sociale, née au lendemain de la guerre, est le socle du modèle social et de la solidarité nationale. Son financement est largement assuré par les rentrées sans cesse plus importantes générées par la croissance.

Ceux qui ont suffisamment d’abnégation pour servir l’Etat sont dotés d’un statut particulier qui leur apporte malgré tout une bien maigre contrepartie en comparaison de tous ces flambeurs du privé qui ne cessent d’augmenter leur niveau de vie.

En gros, tout va relativement bien jusqu’aux deux chocs pétroliers. Et là, le conte de fée déraille, la croissance plonge. Et la question se pose alors de savoir comment continuer à faire fonctionner le modèle social.

Le partage de la croissance, la redistribution des richesses et la réduction des inégalités deviennent, dès lors, un enjeu national qui l’emporte sur toute autre considération.

Toujours plus, toujours moins

Seulement voilà, depuis maintenant vingt-cinq ans que l’on alimente ce système, je dirais même qu’on le perfectionne, il ne cesse de se créer des inégalités toujours plus fortes.

Les prélèvements obligatoires ont cru régulièrement de 40 jusqu’à 45% du PIB entre 1980 et 2000 mais sans la croissance pour alimenter d’autant les recettes. En parallèle, toujours plus de dépenses, toujours plus de dette publique à rembourser. Toujours plus de dispositifs fiscaux élaborés, tous plus redistributifs les uns que les autres. Toujours plus d’allocations, de primes, d’aides et de subventions, toutes destinées à rééquilibrer un marché devenu hostile aux Français.

La qualité de vie s’est améliorée mais pourtant le ressenti est inverse. L’ambiance est morose, le pouvoir d’achat est en baisse, la vie est difficile, les inégalités s’accentuent. Chaque nouvelle aide ou chaque nouvelle mesure fiscale ne fait que désigner les plus mal lotis, toujours plus nombreux.

Pourtant, la machine à redistribuer tourne à plein ! Mais où va donc l’argent ?

Hep, mon voisin est plus riche que moi

Le « gâteau » étant limité, celui qui fait un bénéfice est immédiatement suspecté de l’avoir réalisé au détriment d’un autre. En France, quand quelqu’un réussit, on se demande toujours à quel prix. Dans un autre pays, on se demanderait plutôt comment. Nuance.

Jalousie, envie et aigreur sont donc devenues le discours commun à tous les extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche. Tous montrent du doigt des coupables, des boucs émissaires : les patrons pour les uns, les immigrés pour les autres. Aucun ne remet en cause la redistribution en tant que telle. Normal, c’est aussi leur fonds de commerce.

La Sécurité sociale aspire maintenant près de la moitié des prélèvements obligatoires. Elle rembourse de moins en moins. Ceux qui en ont les moyens complètent par une mutuelle ou par des placements. Et les meilleurs médecins ne sont accessibles qu’en y mettant le prix fort. Malgré toutes les incantations, la médecine à deux vitesses, elle est là.

Mais que diable allions-nous faire dans cette galère ?

Nous en sommes donc arrivés à un stade où :

Nous devons accepter le fait que la redistribution des richesses telle qu’on la conçoit en France depuis 1945 est un leurre et une escroquerie.

Nous devons faire la part de l’idéal et celle de l’idéologie. La part des valeurs et celle des préjugés. Il est noble de rêver à un monde où chacun serait correctement traité. Il est illusoire de le construire de toutes pièces.

Un jour, Robin des Bois s’est marié...

La solidarité et la redistribution par l’Etat ont pu être un bon modèle à une période de notre histoire. Quand ça n’a plus de sens, il faut accepter de se remettre en question.

Cessons de nager à contre-courant ! Il ne s’agit pas de faire table rase, il s’agit de changer notre état d’esprit et notre rapport à l’autre. Il s’agit de regarder les idées libérales sans nos vieux préjugés poussiéreux et de nous les réapproprier avec notre histoire, notre mode de vie et nos valeurs.


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