Coup de tabac

par C’est Nabum
mardi 5 décembre 2023

 

Une ouverture territoriale…

 

Un village, autrefois ...

 

Nous vivons une époque formidable ! Il n'est pas un jour sans que sorte d'un chapeau agrémenté d'une plume de faisan une nouvelle mesure qui s'inscrit dans une logique qui échappe à l'observateur attentif. Qu'importe puisque le persifleur s'en empare comme si la chose relevait de l’appeau afin de le mettre sur la piste.

Qu'il me soit permis ici de tirer à vue sur ces sommités qui pondent des mesures toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. Qui va à la chasse perd sa place, c'est donc ce qui arrive la plupart du temps au service public, sommé de déserter le tissu rural pour venir trouver refuge dans les grandes cités.

Cet exode du petit service de proximité pousse le législateur, conscient de sa faute à donner le change en confiant aux buralistes de menus services pour suppléer à l'absence de la Poste par exemple ou du Trésor Public. La logique peut se concevoir puisque la Française des gueux est comptée dans le même paquet pour poursuivre la ponction fiscale sous une autre forme.

Mais à force de pousser les gogos au grattage, le tirage a réclamé son dû. Comme dans les bureaux de tabac, tirer sur sa clope c'est avant tout participer à une ponction fiscale conséquente, il convenait tout en mettant du plomb dans la tête des fumeurs de trouver un nouveau débouché pour nos braves buralistes qui avouons-le gagnent des clopinettes avec toutes ces prestations fort mal rémunérées.

Ils se sont creusé la tête dans les ministères pour trouver une nouvelle source de revenus et dans le même temps d'ennuis pour ces derniers bastions de la civilisation dans les déserts ruraux. Une tempête dans un crâne se fit autour d'une table ronde pour que des idées fusent de toutes parts : un véritable feu d'artifice des artifices, le bouquet final de la poudre aux yeux.

C'est justement en se faisant toutes ces réflexions - comment lui jeter la pierre ? - que l'un de ces hauts fonctionnaires de la pensée discursive eut une révélation qui circula comme une traînée de poudre dans les ministères. Pour un coup d'essai ce fut un coup de maître, un coup direct au porte-monnaie.

L'homme suggéra que les buralistes vendent des cartouches ! Dans un premier temps, pensant que c'était là une bouteille à l'encre, un geste de désespoir pour tenter de sauver l'espèce en voie de disparition, ces collègues ont songé aux cartouches des imprimantes, mesure indispensable s'il en est pour contrebalancer la disparition du papier dans les administrations.

La confusion sémantique conduit cependant nos doctes représentants à examiner cette piste, à la suivre à la trace en se rendant bien vite compte que ce domaine était trop juteux pour en priver la grande industrie de la bureautique. Cette interprétation venait de faire long feu.

L'inventif dignitaire de la Macronie ne voulant pas plomber la réunion, s'empressa alors de dévoiler ses cartouches : « Ce sont des douilles de chasse dont nous confierons la vente aux buralistes. Dans le même temps nous allons caresser dans le sens du poil, deux cibles majeures de notre politique territoriale : les chasseurs en premier lieu et les buralistes ».

Ce fut un tonnerre d'applaudissement à l'exception de quelques représentants de la gendarmerie qui émettaient quelques réserves sur cette proposition, porte ouverte à de nouvelles attaques à mains armées de ces petits commerces bien fragiles. La critique fut balayée d'un revers de main, la démagogie ne s'embarrasse jamais de mesures sécuritaires dans un premier temps. Elles viendront ensuite, pour répondre à une émotion de l'opinion publique.

La réunion se poursuit à l'heure où je prends la plume à mes risques et périls pour tirer à vue. Une mesure analogue en faveur des pêcheurs est à l'étude. J'en frétille d'impatience !

Nos villages désormais


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