Première élimination à la Ministre Ac’. L’ambiance est retombée au Château

par Serval75
mercredi 27 juin 2007

Ici au Château, il se murmure que le châtelain était tellement pressé que, grâce à Jean-Louis Borloo, les 100 jours n’en ont duré que 42 ! C’est déjà la fin de l’état de grâce, et ça grince...

1/ Juppé est out !
2/ Qui sont les nouveaux entrants au gouvernement ?
3/ Qui sera le prochain à se faire virer ?

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1/ Juppé blackboulé par les Bordelais

Le Jury des électeurs s’est réuni dimanche et a blackboulé Alain Juppé, comme une soixantaine de candidats UMP (estimation Jean-Pierre Raffarin). Le n° 2 du gouvernement Fillon I ne transforme donc pas l’essai et rentre dans son Sud-Ouest s’occuper de ses versatiles administrés bordelais.

Comment en est-on arrivé là ? Le contexte local, défavorable au maire de Bordeaux, sa volonté de renaître politiquement après son exil canadien, et le flair politique de Fabius ont écrit le scénario du vrai faux come-back d’Alain Juppé.

Petit rappel des faits : à Bordeaux, dans sa circonscription, Ségolène Royal était arrivée en tête au second tour de l’élection présidentielle. De plus Alain Juppé avait, il y a peu - suivant en cela l’exemple national de son ami politique, Jacques CHIRAC -, dissous son conseil municipal pour se faire réélire maire de Bordeaux après ses vacances forcées au Canada. Pari réussi mais sans doute une FBI - Fausse bonne idée - que de faire déplacer ses administrés pour des motifs "personnels". La participation des plus réduites laisse supposer que ce scrutin n’a guère intéressé les Bordelais.

Voilà pour le contexte local pas très enthousiasmant. Alain Juppé cherchait par ailleurs une nouvelle légitimité, une nouvelle virginité après ses soucis judiciaires. Le vote des électeurs agissant comme un baume d’honorabilité sûr ses coups portés par la justice. Il s’est ainsi enferré dans un état d’esprit de futur élu / de candidat alors qu’il aurait très bien pu passer son tour pour ces élections plutôt risquées pour lui. Il aurait très bien pu soit se présenter dans une autre circonscription plus facile, soit ne pas se présenter (comme 4 ministres sur 15, qui eux, sont toujours en poste...).

Le piège était en place, et Alain Juppé au milieu. Arrive alors Laurent Fabius et ses questions sur la TVA sociale aussi dérangeantes que perfides (je me place du point de vue de l’UMP). En direct sur les plateaux de TV le soir du premier tour, Jean-Louis Borloo patine, puis dérape et finit par s’enliser, entraînant avec lui le paquebot UMP sur le banc de sable des hausses d’impôts et de la réduction du pouvoir d’achat des Français... La machine UMP n’avance plus (un comble pour le président Sarkozy, chantre du mouvement permanent). Mais ensuite ni François Fillon au JT de la 2, ni Nicolas Sarkozy dans un communiqué n’arriveront à redonner l’impulsion pour s’en sortir.

Ainsi par solidarité avec le demi-ministre des Finances, ni le Premier ministre ni le Président n’auront réussi à expliciter les enjeux et les avantages de cette "TVA antidélocalisation" (c’est son nouveau nom) aux électeurs. Sans doute aggravée par la démobilisation d’une partie de l’électorat UMP (c’est plié, disait-on,la sanction a été immédiate dans les urnes. Nicolas Sarkozy a vu sa vague bleue tant espérée de 400 députés refluer pour atteindre une simple majorité absolue, perdant au passage quelques circonscriptions... Alain Juppé est du nombre, ce qui oblige à un remaniement plutôt qu’à un simple élargissement du gouvernement.

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2/ Les remaniements ministériels et la nouvelle vague de secrétaires d’Etat

- La perte du "Meilleur d’entre nous", dixit Jacques Chirac, oblige Fillon à jouer au jeu des chaises musicales, ce qui n’était pas franchement prévu. Faut-il redimensionner le super ministère de l’Ecologie, qui était de facto réservée à un super ministre ? Sans doute. Mais sur un plan de communication pure, ça passerait pour un renoncement à un engagement de campagne, donc impossible. Il faut donc d’urgence trouver un poids lourd pour reprendre cette construction en devenir. En dehors du gouvernement, ils ne sont pas nombreux. A part Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, mais à l’image usée par son passage à Matignon, les potentiels ne sont pas légion. Michel Barnier, en réserve de Fillon I ? Pourquoi pas, il a été ministre, il a officié aux Affaires européennes ainsi qu’à l’Environnement...

Finalement, Nicolas Sarkozy tranche : ce sera le membre du gouvernement Jean-Louis Borloo. Une vraie promotion sanction pour ce dernier. Il devient ministre d’Etat, n°2 du gouvernement, prend la direction d’un super ministère. Ca c’est pour le côté promotion. Le côté sanction, c’est sa boulette sur la TVA sociale, et le rejet de sa greffe sur le corps des fonctionnaires de Bercy, selon ce qui se murmure dans les milieux autorisés, comme on dit.

A noter que dans cette affaire on remplace à Bercy un ministre plutôt social par madame Christine Lagarde, plutôt libérale. C’est Michel Barnier qui récupère le ministère de l’Agriculture et de la Pêche laissé vacant. Son passage aux Affaires européennes sera sans doute précieux pour préparer les prochaines négociations de la PAC...

- Les nouveaux secrétaires d’Etat : entre Fillon I et II, on a perdu la ligne directrice. Nicolas Sarkozy voulait un gouvernement resserré à 15 ministres, qui soit ostensiblement construit sur les principes de parité - homme femme- et d’ouverture - à gauche.

Un gouvernement resserré : Avec 12 secrétaires d’Etat supplémentaires, on s’approche de l’armée mexicaine qu’on voulait éviter dans un souci d’efficacité. La volonté de promouvoir les femmes se limite cette fois-ci à 4 nominations sur 13, sachant qu’au total ça fait 10 femmes sur 33 membres. C’est moins la parité que la "tierité" (excusez-moi pour ce néologisme) ! L’ouverture quant à elle se poursuit, un peu à gauche (Fadela Amara, Jean-Marie Bockel), un peu au centre (Valérie Létard, André Santini). Comme le dirait Patrick Devedjian, cette fois-ci l’ouverture va jusqu’aux sarkozystes ! Cette fois-ci on n’a pas oublié les copains ! On a également pensé à remercier les libéraux de l’UMP qui faisaient grise mine jusque-là (Hervé Novelli)...

Au fronton du conseil des ministres, on changera donc la devise "Resserré - Parité - Ouverture" par "Beaucoup de monde - peu de femmes
- ouverture - et des strapontins pour les copains"... C’est donc le changement dans la continuité, enfin je veux dire la "Rupture" promise.

Mais parmi tous ces ministres de Fillon I et ces nouveaux venus de Fillon II, tous seront-ils à la hauteur des exigences du candidat (président) Sarkozy ? Qui fera la prochaine boulette et sera le prochain à quitter la Ministre Ac’ ?

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3/ QUI SERA LE PROCHAIN MINISTRE A PARTIR ?

Le président Sarkozy a clairement annoncé que les ministres seraient jugés sur les résultats, et, sauf urgence, les premières évaluations seront rendues d’ici un an. D’ici là des erreurs de communication (c’est comme ça qu’on appelle la TVA sociale) seront peut-être intervenues, et les sanctions avec... Petite revue des troupes : quels sont les nominés pressentis pour les prochains Boulettes Awards ?

- Roselyne Bachelot a bien mieux démarré dans ce gouvernement que dans le précédent à l’Environnement. Mais elle occupe un ministère en prise avec une réforme difficile qui touchera le porte-monnaie de tous les Français (les franchises de remboursement). Elle devra également éviter en sport les sujets qui fâchent comme le dopage...

- Jean-Louis Borloo. "Déplacé" de Bercy à l’Environnement, il est déjà sous surveillance et pourrait ne pas se remettre en cas de nouvelle "boulette". Il ne s’est pas fait que des amis en se gaufrant sur la TVA sociale.

- Eric Woerth, en poste à l’autre Bercy, il s’est déjà fait taper sur les doigts concernant un des engagements de campagne du Président. Qu’on ne l’y reprenne pas.

- Christine Lagarde devra quant à elle composer avec les fonctionnaires de Bercy, en partie responsables du départ de JLB. Il faut que le courant passe.

- Dans un autre registre, Bernard Kouchner et les gauche-boys en général sont susceptibles d’être rattrapés par leur conscience, ou plutôt de passer outre leur devoir de réserve en fonction de l’actualité à venir.

- Rachida Dati : assez jeune en politique, elle aura fort à faire face aux retors syndicats de la magistrature. Attention, terrain glissant...

- Valérie Pécresse est dans une configuration proche. Elle a déjà obtenu son brevet de porte-parole à l’UMP. Elle va maintenant passer son brevet de négociatrice avec les syndicats étudiants. Ce ne sera pas une mince affaire même si la rapidité voulue des négociations fera qu’elles auront lieu pendant les vacances. Ainsi, même si l’été se passe bien, elle pourrait déchanter à la rentrée... Mais si elle reste maîtresse de son sujet, elle pourra par contre prétendre à un énorme bon point. A suivre !

- Fadela Amara : son Pacs avec Christine Boutin semble un bien étrange attelage. Ces femmes que seule l’engagement politique rapproche sont-elles vraiment faites pour cohabiter sous le même toit, fusse celui du Logement ?

- Rama Yadé : c’est un peu Rachida Dati avec 10 ans de moins : l’image est séduisante mais le son reste à améliorer. Elle n’a pas de sujets sensibles à traiter mais son faible vécu politique pourrait la desservir au moment de parler langue de bois...

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