Tout feu, tout flamme

par C’est Nabum
mardi 23 avril 2024

 

Une forme olympique.

 

Si le feu couve, il finira par brûler les ailes de ceux qui courent après lui. La torche, la vasque ou bien le barbecue grilleront les dernières cartouches d'une poudre qui s'enflammera à la première étincelle tandis que les communes qui sacrifieront à ce rituel aussi onéreux qu'inutile brûleront leurs dernières cartouches aux yeux des contribuables.

Couvrir le feu était naguère la meilleure manière pour qu'il ne s'échappe pas. Pour l'heure, ce sont nos économies qui partent en fumée tandis que les langues de bois attisent le foyer. La fête terminée, nous n'aurons plus qu'à nous couvrir la tête de cendres, le revers d'une médaille qui ne sera jamais fichée à notre cou.

Le coup de feu qui donne le départ des courses démontre à l'évidence, que ce bûcher des vanités relève bien plus de la métaphorique guerrière que de la grande fraternité. Oriflammes au vent, les vainqueurs attesteront qu'ils sont les feux-follets d'un nationalisme qui a toujours soufflé sur les braises de la discorde jusqu'à l'embrasement fatal.

Les porteurs de flamme ne sont que des boute-feux en mal de notoriété, histoire de souffler et de s’essouffler un peu, eux qui n'ont pas accès à la compétition. Porter la torche à bout de bras pour ne pas mettre la main à la flamme alors que le feu pourrait tout aussi bien se tenir séant, sans griller des feux tricolores qui n'ont même pas la dignité d'être bleu-blanc-rouge, atteste d'une symbolique qui a fait long feu.

On ne peut faire plus long d'ailleurs quand le feu court à travers tout le pays. La température va inévitablement monter, échauffant les esprits derrière un chauvinisme exacerbé. Une esthétique pompière accompagnera tout le décorum de cette farce qui entend attiser une fierté nationale bien mise à mal par le « feutriquet » qui nous gouverne.

Tout feu, tout flamme, le su nommé, embrassera à tout va les médaillés, le feu aux joues devant tant de prévenance présidentielle. Il brûlera de l'envie de prendre à bras le corps les beaux éphèbes qui seront alors la fierté nationale tandis que les congratulations du chef justifieront le sacrifice de tous les autres. Il consolera les vaincus, les prenant dans ses bras pour leur réchauffer le cœur.

Le pays va cracher le feu avant de se rendre compte que ce fut l'occasion de mettre à sec une économie déjà exsangue. Si avec notre Dame nous avions encore la conviction d'un feu sacré, ici, nous serons à l'épreuve sans aucune retombée malheureusement. Si se retrouver à sec dans le cas d'un incendie de cette ampleur semble assez logique, épuiser toutes les réserves nous obligera à déclencher les feux de détresse.

L'artifice de ces deux semaines incandescentes ne sera qu'un feu de paille qui n'aura rien du brûlis qui entend régénérer la terre. La crémation est la plus sûre comparaison pour une manifestation qui ne laissera que ruines et désolation derrière elle. S'il y a des retombées, comme on nous l'affirme complaisamment, ce ne seront que des flammèches qui souffleront sur les dernières braises pour de nouveaux départs d'incendie.

Feu la République assistera à la cérémonie funèbre sous le regard du ban et de l’arrière-ban des complices, tous de mèche dans cette histoire derrière celui qui se prend pour le roi Soleil et n'est rien d'autre que le feu stop de notre démocratie. Le bon peuple assistera à la cérémonie de la Cène ignorant que Judas et le seigneur ici ne font qu'un et que nul coq ne chantera au sommet d'un podium juché sur un tas d'immondices. Si Paris valait jadis une messe, désormais on se contentera d'un grand nettoyage tant les immondices s'y accumulent au grand jour. La seule purification qui vaille serait un immense feu de joie en brûlant ces écuries d'Augias !


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