L’art de la veste

par C’est Nabum
jeudi 11 juillet 2024

 

À la mode parlementaire

 

Qu'elle soit croisée ou bien droite, qu'elle vinsse d’un tailleur chic ou bien du prêt à froisser exotique, doublée ou bien fourrée, la veste est l’apanage le plus souvent du porteur de cravate, cette étranglement au niveau du cou pour cesser d'alimenter convenablement le cerveau. En conséquence de quoi, la veste permet d'agir sans réfléchir au gré du vent et de la fameuse conjoncture et constitue encore l'uniforme de l’hémicycle.

Mais revenons aux origines pour comprendre qu'avec la veste, l'idée même de raccourcissement à fait son chemin. Issu du latin classique « Vestis « qui signifiait Costume, les porteurs de toge ignoraient tout de l'art délicat de retourner leur veste. Il est vrai que ce vêtement archaïque permettait bien plus d'emballer le corps ou de rouler les citoyens, ce qui autorise néanmoins d'établir des similitudes avec notre époque diablement drolatique.

Comme nos porteurs de veste aiment à prendre des déculottés, ils ont fait l'économie de la partie basse de la tenue costumière, celle qui a de la jambe et de la longueur en bouche, au profit de la seule pièce vestimentaire qui se remarque avec le fameux plan américain qui sévit sur les plateaux TV afin d'observer en direct qui dégaine le premier.

Dégainer, ce terme du reste justifie le peu de présence féminine lors de ces fameux plateaux où jamais la vérité, même sortie du puits sans fond de leurs inépuisables mensonges, ne sort toute nue de ce triste spectacle. Là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir tandis que la gaine corsète par trop la parole politique. La ligne politique et la discipline de groupe autorisent des plis, des flous et des courbes ...

C'est donc la veste qui règne en maîtresse absolue même quand la gente féminine choisit le tailleur sans croupière, préférant garder cet élément vestimentaire pour parer leurs répliques de remarques assassines, se faisant un honneur de descendre au même niveau lamentable que leurs homologues masculin.

La veste a ceci de commode qu'elle se retourne aisément au premier coup de vent. La girouette étant le plus sûr repère pour cette caste si prompte à habiller pour l'hiver ceux qui entendent rester droits dans leurs bottes. Ce qui ne leur interdit nullement de s'écharper en direct alors qu'ils sont complices comme cochon lorsque les caméras cessent de les filmer. Rappelons à ce propos que la girouette fut jadis un privilège de la noblesse ce qui justifie sans doute que les plus fervents utilisateurs de la chose s'arrogent nombre de privilèges.

Choisir une veste quand on compte se faire parachuter suppose de la prendre solide et à l'épreuve des chocs. Il convient qu'elle soit rembourrée et même molletonnée pour faciliter le roulé-boulé quand il touche à terre en territoire inconnu. La retourner ensuite effacera les vilaines traces d'un atterrissage qui ne se fait jamais en douceur.

Par contre, il convient de souligner l'inutilité abyssale de la veste en cas de tempête, de mauvais grain ou bien de précipitations. Elle prend l'eau de toute part et ne permet pas de se préserver un tant soit peu du naufrage. Nous en avons eu la preuve quand le parlement en 1940 a voté comme un seul homme (il n'y avait pas de femmes) ou presque les pleins pouvoir à Pétain.

Dans ce cas, la biaude, le caraco ou plus opportunément le treillis surgissent alors pour maintenir le cap ou prendre un fort mauvais virage. Les porteurs de veste trouvant toujours moyen de se faire une petite place dans la nouvelle garde-robe, sans se soucier du manque de goût que cela suppose.

Devant pareilles habitudes vestimentaires, je me fais donc un malin plaisir à leur tailler un costard d'autant que les prochains jours risquent fort de ressembler à un vaste défilé de mode, ou chacun se fera un devoir de jouer les doublures pour conserver la taille patron.


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