Le Maire : au revoir le sous-doué en économie
par Laurent Herblay
jeudi 26 septembre 2024
Plus de 7 ans à Bercy : voici qui en dit long sur le mépris de Macron pour la France. Bruno Le Maire aura donc piloté notre économie pendant plus d’un septennat, avant que le changement de gouvernement n’impose le retrait de celui qui ne sait ni compter, ni prévoir, incapable de d’anticiper le déficit des finances publiques de notre pays pour 2023 et 2024, faisant éclater son amateurisme, pour qui en douterait encore…
Un paon ultra-conformiste qui ne sait que parler
Bien sûr, Bruno Le Maire a tout ce qu’il faut pour rassurer ce qui reste de l’électorat macroniste. Il parle et présente plutôt bien, et rien dans son discours ne sort du couloir étroit de la pensée oligarchiste dominante. Mais sur le fond, son parcours est calamiteux. Bien sûr, le Figaro vante son bilan en matière de chômage et de compétitivité, en pointant que « les nombreuses créations d’emplois ont eu très peu d’effet sur l’activité économique. Un point que les économistes peinent à expliquer ». Sauf que ce succès ne vient que d’une manipulation statistique réalisée quand Macron était à Bercy, avec le remplacement du décompte du nombre de demandeurs d’emplois par un sondage conçu par le BIT. Le premier indique toujours 10% de taux de chômage sur la seule catégorie A, qui oublie un demi-million de chômeurs selon l’INSEE, soit près de 12% en réalité, et non les 7,5% totalement virtuels du sondage du BIT.
Idem sur la compétitivité : le gouvernement se vante que la France serait le pays le plus attractif d’Europe. Mais cela ne repose que sur le nombre de projets d’installation, dix fois plus petits qu’en Espagne pour le nombre d’emplois créés. En montants investis ou en nombre d’emplois créés, la France ne se distingue pas. Bref, les prétendus actifs de son bilan n’en sont pas. Restent en revanche les innombrables passifs de ce ministre qui a révélé début 2024 que le déficit 2023 était de 5,5% du PIB et non 4,9%, ce qui en dit long sur sa maitrise de nos finances publiques. N’avait-il rien appris en restant si longtemps à Bercy ? Découvrir un dérapage de 15 milliards alors que l’année était déjà écoulée, et dans un contexte économique relativement stable, révèle l’amateurisme de ce ministre, qui semble proportionnel à l’assurance de soi qu’il affiche face à des journalistes le plus souvent extraordinairement complaisants.
Voilà donc un homme qui faisait de la bonne gestion des finances publiques son principe cardinal qui laisse un trou de 15 milliards en 2023, et de 30 milliards en 2024. En effet, le projet de loi de finances pour cette année prévoyait un déficit de 4,4% du PIB cette année. En début d’année, ce déficit a été réévalué à 5,1%, malgré deux plans d’économie de 10 milliards chacun. Et six mois plus tard, le Trésor annonce 5,6% pour cette année et certains parlent de 6% : un dérapage de 40 milliards par rapport au budget initial ! Autant dire que les gesticulations du ministre qui dit avoir voulu tenir les 5% cette année et voulait viser 3% en 2027 ont la crédibilité des chiffres qu’il avançait sur le budget 2024 à l’automne dernier. En réalité, Bruno Le Maire a montré qu’il ne maitrise rien et ne sait pas prévoir quoi que ce soit.
Ce n’est pas une surprise, après ses déclarations annonçant un effondrement de l’économie russe ou une fin de l’inflation bien trop anticipée. Son passif est lourd sur d’innombrables sujets. On peut rappeler son choix (totalement inutile et extraordinairement coûteux pour les finances publiques) de continuer à émettre des bons du Trésor indexés sur l’inflation. On peut aussi rappeler sa « découverte » du mécanisme aberrant de fixation des prix de l’électricité, et sa passivité coupable face à l’envolée des prix qui a fait baisser le pouvoir d’achat des Français et envoie des milliers de PME en faillite. Enfin, on peut rappeler son plan de soutien pendant le Covid, qui a épargné les propriétaires fonciers et s’est contenté d’aides de trésorerie pour les commerçants fermés, dont le remboursement en pousse trop à la faillite.
Malheureusement, il est à craindre que le nouveau gouvernement poursuive sa politique délétère. Car quand il dénonce les « somnambules qui dénoncent l’austérité dans une France qui redistribue sa richesse plus largement que n’importe quelle autre nation au monde », son remplaçant risque même d’amplifier sa politique, même si une petite contribution des plus aisés est mise en place, façon arbuste de justice pour cacher la forêt de maltraitance du service public et des Français.