De cape et de pluie

par C’est Nabum
mardi 28 janvier 2025

 

Randonnée sous la tempête.

 

Ils sont une petite vingtaine à vouloir affronter le vent et la pluie pour aller randonner sur les chemins du Val. La troupe se réunit devant la forteresse médiévale, prête à monter à l'assaut des éléments. Plus il fait mauvais, plus le sourire semble de mise sur les visages de ceux qui tentent de le dissimuler aux colères du ciel.

Chacun se réconforte d'un mot aimable, chaleureux, se promettant de braver les conditions météorologiques pour se refuser à battre en retrait devant l'évidente contrariété du ciel. Il fait un vent à décorner les bœufs ce qui ne pose plus guère de soucis dans une campagne dépourvue désormais de bêtes. Ils seront les seuls à sillonner ainsi des plaines balayées par les rafales et les averses.

Ils sont heureux de ne pas céder devant les intempéries, d'oser ainsi sortir pour ne pas se morfondre sur un canapé. C'est la force du groupe que de braver les difficultés, de se pousser à ne pas céder devant la morosité ambiante d'un mois de janvier qui ne cesse de pleurer et d'accumuler toutes les mauvaises nouvelles…

Pour affronter l'épreuve, c'est la grande surenchère dans la tenue protectrice. La cape est de mise qu'il convient d'enfiler alors que des rafales de vent viennent contrarier cet exercice délicat. Le vêtement protecteur se gonfle, transforme son propriétaire en bibendum des sentes boueuses. La capuche se meut de manière indépendante tandis que les bras ne trouvent pas la sortie.

Les moins habiles font appel à leurs voisins pour calfeutrer ce qui peut l'être enfermant des boutons pressions récalcitrants dans pareilles circonstances. Le plus drôle sans doute pour qui regarde à distance ce spectacle réside dans l'hétérogénéité des panoplies imperméables rendue grotesque par les boursouflures du vent…

Il y en a pour tous les goûts, de toutes les couleurs et de bien des qualités différentes. De la toile légère et fluorescente, au tissu roide et lourd, des couleurs vives aux tenues de camouflage, il y a là une belle diversité qui mériterait un défilé de mode. Se pose ensuite la question du sac à dos. Mérite-t-il de s'émanciper du carcan en se posant par dessus où aspire-t-il lui aussi à bénéficier de la popeline protection ?

Chacun fait en sorte de déterminer sa priorité en espérant ne pas avoir à le regretter par la suite. Malheur à qui a fait le choix de l'intérieur et qui, en cours de route, entend quérir quelque ravitaillement dans un sac, devenu inaccessible. Après bien des atermoiements, le groupe se met en branle sous une pluie compacte.

Si la sortie du village transforme les randonneurs en oiseaux de mauvaise augure, ce sont leurs premiers pas dans les sentiers « gadouilleux » qui vont mettre le doigt sur la difficulté de la chose. Non seulement la cape interdit de voir où l'on met les pieds mais qui plus est, elle offre une formidable résistance à un certain Éole qui en tire parti.

La cape n'ayant que bien peu de rapport avec la voile, elle se montre rétive à la progression du marcheur qui doit de plus composer avec un terrain qui se dérobe sous ses pas. Des ornières, les sillons des tracteurs, les flaques d'eau transforment le périple en chemin de croix sans que rien n’altère la bonne humeur des vaillants randonneurs.

Au bout du périple, ils auront le sentiment du devoir accompli en se disant que le chemin sembla singulièrement plus long et difficile qu'à l'accoutumé. Qu'importe, ils avaient vaincu ce temps de chien qui ne laissa qu'une joyeuse troupe d'ânes bâtés et capés, se complaire à passer outre les conditions défavorables. Il ne leur reste plus qu'à laver à grande eau chaussures et guêtres dans un triste état.


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