Le sacrifice de notre langue
par C’est Nabum
samedi 5 octobre 2024
Les jeux sont faits...
Il semble au sortir de cette période estivale qu'un mouvement de fond ne cesse de balayer le vieil héritage langagier des générations précédentes. Que ce soit les incontournables Jeux Olympiques, les grands rassemblements culturels qui sont plus distractifs qu'autre chose, les animations locales, l'anglais prend toute la place en dépit de la Loi Toubon.
On peut s'en indigner même si cette légitime colère ne sert à rien devant ce raz de marée du renoncement général à commencer en premier lieu par celui de nos collectivités pourtant garantes de notre héritage linguistique. La communication officielle de ces instances se vautre dans les « Game » - « Race » - « Food Truck » qui sont les grands vainqueurs de cette manière de renoncer à ce que nous sommes.
Je n'évoque pas les musiques qui ont enchanté la foule admirative des cérémonies enflammées. C'est à croire que le français est devenu une langue morte pour ces gens résolument modernes qui se gavent d'argent public pour sacrifier notre culture sur l'autel de leur rapport à une mondialisation qui efface tous les particularismes nationaux. Comme ceci se pratique avec l'assentiment et la complicité des élus de la République, il est désormais certains que nous sombrons dans le plus désespérant renoncement de nos valeurs.
Il est vrai que la langue pour eux n'est rien au regard de ce système mercantile qui suppose le nivellement par le bas. Prenez un magazine issu d'une collectivité et amusez-vous à recueillir la somme ahurissante de ces anglicismes. Vous aurez largement de quoi vous indigner si vous avez encore une once de sentiment national. Et je n'évoque pas toute cette communication qui s'affiche sans aucune honte en dépit d'une loi qui n'est jamais appliquée.
Je sais qu'il ne sert plus à rien de se dresser contre ce mouvement de fond. Dans les services plus personne ne songe à défendre une langue qui d'ailleurs devient de moins en moins véhiculaire pour des fonctionnaires qui se trouvent totalement démunis pour remplacer des mots à la mode par des expressions plus appropriées. L'inculture domine surtout paradoxalement dans les services éponymes.
Plus leur expression se charge de termes d'outre Atlantique plus ces gens se sentent renforcés dans leur mission. Comme si nier leur langue maternelle constitue une validation de leurs compétences, l'expression de leur modernité et de leur efficience. Ne vous aventurez pas à le leur faire remarquer, il vous considérerait comme un sombre imbécile, un être totalement « Has been » en bas solognot dans leur bouche.
Quand dans le même temps, ils se gargarisent comme nombre d'individus franchouillards de l'incontournable Marseillaise, ils ne cessent d'accompagner cette ultime expression du patriotisme et du chauvinisme avec la multitude de termes que le sport va quérir dans la langue de l’hégémonie culturelle et économique. Dans le lot, nombreux sont des individus qui se prétendent encore journalistes donc professionnels de la langue et de l'expression. Ils se font alors les agents avancés de l'impérialisme linguistique qui entend anéantir notre particularisme national.
Ne pas prendre conscience de ce mouvement c'est accepter de diluer notre identité dans un système qui use du sport, du cinéma, de la musique et du commerce pour asservir la planète entière à ce modèle économique qui a besoin d'abrutir les gens. La langue américaine constitue le cheval de Troie de cette vaste entreprise menée avec la complicité d'un nombre toujours plus important de traîtres à la nation. Il est plus qu'urgent d'agir pour se réclamer d'une totale intolérance linguistique à l'image des cousins québécois pour contrebalancer ce fléau absolu.