Le prestige de la haine
par #gcopin
jeudi 20 mars 2025
Je suis un enfant de la paix, un produit de cette génération où la guerre semblait reléguée aux manuels d'histoire. Mon monde, c'est celui des écrans, un flux incessant de deux milliards d'images quotidiennes. Parmi elles, l'horreur brute, la guerre dans toute sa laideur. Les larmes et le sang, tristes trophées d'une victoire illusoire, quand la folie des hommes transforme des milliers de vies en cendres. Ces images, ces vidéos, elles ne sont pas de simples pixels, elles sont le visage de l'apocalypse, l'écho des chambres à gaz, le spectre d'une fin du monde qui n'en finit pas de commencer. Je vois ces enfants, leurs corps brisés, leurs yeux éteints. Je vois ces femmes, ces hommes, perdus dans un labyrinthe de haine et de politique, ne comprenant plus rien à la folie des hommes.
Quand je me tourne vers le règne animal, eux semblent avoir trouvé un équilibre, une harmonie que nous avons perdue. Peut-être, n'ont-ils pas inventé le "prestige de la haine", cette soif de destruction qui nous consume. Peut-être qu'eux savent encore ce que signifie le mot 'vivre' en communion avec la nature, enfin, quand l’homme ne les extermine pas. Car leur équilibre, cette Osmose si évidente, ne provient pas d'une quelconque intelligence supérieure, mais de leur soumission à la nature, leur guide suprême. Loin des constructions mentales et des désirs artificiels, ils suivent les lois immuables de leur environnement, respectant les cycles et les besoins essentiels. La chaîne alimentaire, certes, impose sa loi, mais au-delà de cette nécessité, chaque espèce œuvre instinctivement à la préservation de son habitat. L'animal, dans sa sagesse innée, comprend que sa survie est intimement liée à celle de son écosystème. Il ne surexploite pas, ne pollue pas, ne détruit pas pour le plaisir. Il prend ce dont il a besoin, et rien de plus, laissant à la nature le soin de se régénérer. Ainsi, l'animal nous rappelle une vérité fondamentale, l'équilibre ne se trouve pas dans la domination, mais dans l'humilité et le respect. Il nous enseigne que la véritable richesse réside dans l’union avec la nature, et que la clé de notre propre survie se trouve peut-être dans la redécouverte de cette sagesse ancestrale. Il est crucial de se rappeler qu’il n'y a pas de planète 2.0. Contrairement aux illusions que certains propagent, nous n'avons qu'une seule Terre, la préserver est notre unique destin.
La haine chez l’homme, ce fléau qui ronge nos sociétés, peut-elle être considérée comme un prestige ? À première vue, l'idée semble absurde, voire répugnante. Pourtant, une analyse plus approfondie révèle les mécanismes pervers qui peuvent conférer à la haine une forme de reconnaissance, une aura de puissance. Dans certains contextes, la haine devient un vecteur d'identité, un ciment qui soude les groupes contre un ennemi commun. Les individus qui expriment la haine avec le plus de virulence sont alors perçus comme les plus loyaux, les plus engagés, les plus dignes de respect. La haine confère un sentiment de force, de supériorité, un prestige illusoire qui masque en réalité une profonde faiblesse. Mais ce prestige est une illusion dangereuse, une perversion de la volonté de puissance. La haine détruit les individus et les sociétés, elle alimente la violence et la discrimination. Elle est l'expression d'une faiblesse, d'une incapacité à s'affirmer par la création et la transcendance.
L'idée de cet article a germé devant un écran, lors d'un débat télévisé sur la guerre. Une femme, d'abord affable, a pris la parole, et soudain, un torrent de haine a jailli. Rien de nouveau, me direz-vous, les tribunes médiatiques de l’expertise mainframes regorgent de ces déversements toxiques. Mais cette fois, l'horreur avait atteint un paroxysme, une sorte d'apogée de l'anéantissement de l'homme par l'homme.
Ce qui m'a glacé, c'est la métamorphose de cette femme. Ses gestes se sont crispés, saccadés. Des « eh... eh... » rauques ont déchiré l'air, des mots étranglés se sont heurtés à sa gorge. Son cou s'est gonflé, tendu à l'extrême. Des hésitations, des bégaiements, des circonvolutions ont succédé aux phrases. J'ai senti une vague de malaise, une empathie presque douloureuse. Était-ce la conscience de la haine destructrice qu'elle répandait qui la tourmentait à ce point ? Son inconscient, en souffrance, se manifestait-il ainsi, à travers ces spasmes et ces convulsions ? En résumé, les manifestations physiques de cette femme peuvent être interprétées comme le signe d'une complexité intérieure, d'un conflit entre des pulsions opposées. Il est donc possible qu'elle possède une part d'humanité, une part de bien, même si elle l'exprime de manière détournée.
En 1665, Spinoza interrompt provisoirement l'éthique pour entreprendre la rédaction du Traité théologico-politique, dont une des questions principales est pourquoi le peuple est-il si profondément irrationnel ? pourquoi se fait-il l'honneur de son propre esclavage ? Pourquoi les hommes se battent-ils pour leur esclavage comme si c’était leur liberté ? pourquoi est-il si difficile non seulement de reconquérir, mais de supporter la liberté ? Pourquoi une religion qui se réclame de l'amour et de la joie inspire-t-elle la guerre, l'intolérance, la malveillance, la haine, la tristesse et le remords ?
En 1932, alors que la montée des tensions en Europe assombrissait l'horizon, Albert Einstein, profondément préoccupé par la nature de la violence humaine, démarre une correspondance avec Sigmund Freud. Cette initiative, née d'une commande de l'Institut International de Coopération Intellectuelle de la Société des Nations, visait à explorer les voies permettant de prévenir la guerre.
Le questionnement d'Einstein dans sa lettre posait une question fondamentale, je cite « Y a-t-il un moyen d'affranchir les hommes de la menace de la guerre ? ». Il s'interrogeait sur les fondements psychologiques de la violence, cherchant à comprendre comment les pulsions humaines pouvaient être canalisées pour éviter les conflits. Il abordait également la question du droit et de la force, se demandant comment le premier pouvait prévaloir sur la seconde dans les relations internationales.
La réponse de Freud, en tant que psychanalyste, apporta un éclairage sombre, mais lucide sur la nature humaine. Il expliqua que les pulsions agressives étaient inhérentes à l'être humain, enracinées dans ce qu'il appelait la « pulsion de mort ». Selon lui, la guerre était une manifestation de cette pulsion, une expression de la tendance humaine à la destruction. Il souligna également le rôle des facteurs psychologiques dans les conflits, tels que les identifications de groupe, les leaders charismatiques et les idéologies mobilisatrices. Il expliqua comment ces éléments pouvaient exacerber les pulsions agressives et conduire à la violence collective.
Bien que cet échange ait permis d'approfondir la compréhension des racines psychologiques de la violence, il n'a pas abouti à une solution concrète pour prévenir la guerre. Freud, pessimiste quant à la capacité de l'humanité à surmonter ses pulsions destructrices, considérait que la paix était un idéal difficilement atteignable. La correspondance entre Einstein et Freud reste un témoignage poignant des préoccupations de deux esprits brillants face à la menace de la guerre. Elle met en lumière la complexité de la nature humaine et la difficulté de trouver des solutions durables aux conflits. Cet échange a permis de mettre en évidence la nécessité d'une approche multidisciplinaire pour comprendre et prévenir la violence, en intégrant les perspectives de la psychologie, de la sociologie et des sciences politiques.
Il est tout à fait pertinent de rapprocher les interrogations de Spinoza et d'Einstein. Bien qu'ils aient vécu à des époques différentes et abordé ces questions sous des angles distincts, leurs préoccupations convergent vers une interrogation fondamentale sur la nature humaine et les sources de la violence. La question de l'irrationalité humaine, Spinoza, dans son « Traité théologico-politique », s'interroge sur l'irrationalité des masses, leur propension à se soumettre à l'autorité et à se battre pour leur propre servitude. Einstein, dans sa correspondance avec Freud, cherche à comprendre les fondements psychologiques de la violence et de la guerre, qui lui semblent également relever d'une forme d'irrationalité. La relation entre religion et violence, Spinoza critique la manière dont la religion, censée prôner l'amour et la joie, est souvent instrumentalisée pour justifier la guerre, l'intolérance et la haine.
Bien qu'Einstein n'aborde pas directement la question religieuse, il est préoccupé par les idéologies qui alimentent les conflits, et l'on peut établir un parallèle avec la critique spinoziste.
La quête de la liberté et de la paix, Spinoza aspire à une société fondée sur la raison et la liberté, où les individus ne seraient plus esclaves de leurs passions et de leurs préjugés. Einstein, de son côté, cherche des moyens d'affranchir les hommes de la menace de la guerre, ce qui témoigne d'une aspiration similaire à la paix et à la liberté.
En somme, Spinoza et Einstein partagent une même inquiétude face à la violence et à l'irrationalité humaines. Ils cherchent à comprendre les mécanismes qui conduisent les individus et les sociétés à se détruire, et ils aspirent à un monde plus raisonnable et pacifique. Les questions soulevées par Spinoza et Einstein, bien que formulées il y a plusieurs décennies, voire des siècles, résonnent toujours avec une acuité troublante dans le monde contemporain. Malgré les progrès de la raison et de l'éducation, les comportements irrationnels persistent. Les conflits, les idéologies extrémistes et la propagation de la désinformation témoignent de la difficulté de l'humanité à se libérer de ses préjugés et de ses passions. Les réseaux sociaux, par exemple, amplifient les chambres d'écho et les biais de confirmation, renforçant les divisions et les polarisations. Les tensions entre les religions et les conflits qui en découlent sont toujours d'actualité. Les interprétations fondamentalistes et les instrumentalisations politiques de la religion continuent d'alimenter la violence et la haine.
Les explications couramment avancées pour justifier la montée de la violence et de la haine dans nos sociétés, perte de repères, individualisme, fragmentation sociale, ne font que décrire des symptômes, sans pour autant en expliquer les causes profondes. Freud, avec son concept de " pulsion de mort" (Thanatos), nous invite à plonger au cœur de la nature humaine, à explorer les recoins les plus sombres de notre psyché. Selon Freud, la pulsion de mort est une force innée qui pousse l'être humain à retourner à un état antérieur, inorganique, c'est-à-dire à l'anéantissement.
Cette pulsion se manifeste de différentes manières, l'agressivité envers soi-même (autodestruction) ou envers les autres (violence, guerre). Une interprétation sombre, mais possible, de la théorie freudienne. En effet, la notion de "pulsion de mort" peut sembler conduire à une impasse, à une vision déterministe de la nature humaine où la violence serait inévitable. Freud lui-même était conscient du caractère pessimiste de sa théorie. Il considérait que la lutte contre les pulsions destructrices était un combat permanent, sans garantie de victoire. Cette vision peut être interprétée comme une forme de réalisme, une reconnaissance de la complexité et des contradictions de la nature humaine.
La théorie freudienne ne se limite pas à la pulsion de mort, ouf ! Elle inclut également la pulsion de vie (Éros), qui représente les forces de l'amour, de la création et de la préservation.
L'homme est donc un être ambivalent, tiraillé entre ces deux pulsions opposées. La violence n'est pas une fatalité, mais une possibilité toujours présente.
L'enseignement du conatus de Spinoza dans les écoles aurait-il pu nous sauver ? L'enseignement du conatus pourrait aider les individus à mieux comprendre leurs propres motivations et celles des autres. Pour y répondre, il est essentiel de comprendre ce concept et ses implications. Dans la philosophie de Spinoza, le conatus est l'effort que chaque chose, y compris l'être humain, façonne pour persévérer dans son être. C'est une force intrinsèque qui pousse chaque individu à maintenir et à accroître sa puissance d'agir.
Contrairement à une vision où les individus seraient mus par une volonté libre et indépendante, Spinoza considère que le conatus est déterminé par les lois de la nature. Le conatus n'est pas simplement un instinct de survie, mais aussi une tendance à rechercher ce qui augmente notre joie et notre puissance, et à éviter ce qui les diminue. L'enseignement du conatus pourrait aider les individus à mieux comprendre leurs propres motivations et celles des autres.
Il pourrait favoriser une vision plus réaliste de la nature humaine, en reconnaissant que nos actions sont souvent déterminées par des forces qui nous dépassent. En comprenant le conatus, les individus pourraient développer une plus grande conscience de leurs émotions et de leurs désirs.
Cela pourrait les aider à mieux gérer leurs pulsions et à prendre des décisions plus éclairées. La reconnaissance dont tous les êtres humains sont animés par le conatus pourrait favoriser la tolérance et l'empathie. Cela pourrait contribuer à réduire les préjugés et les discriminations. L'enseignement du conatus pourrait contribuer à une éducation à la paix en soulignant l'importance de rechercher ce qui augmente notre puissance collective, plutôt que de s'engager dans des conflits destructeurs.
Bien que le concept de conatus soit complexe, il est fondamental de comprendre qu'il s'agit de la force qui pousse chaque être à s'épanouir. Ce qui nous renforce nous apporte de la joie, tandis que ce qui nous affaiblit nous rend tristes. La haine nous rend tristes, c’est une perte de puissance. La capacité à mettre en œuvre le conatus est favorisée par l'étendue de nos connaissances. Une personne ayant exploré divers domaines du savoir aura plus d'outils pour comprendre et agir sur le monde qu'une personne dont les horizons sont limités.
D’ailleurs à ce sujet, une analyse des discours tenus sur les réseaux sociaux montre que les personnes soutenant des partis d'extrême droite, dont les positions sur l'immigration et la diversité sont régulièrement critiquées ou condamnées par la justice, présentent souvent des schémas de pensée marqués par une certaine rigidité. Ce constat, souvent lié au populisme, soulève des questions sur les facteurs qui influencent l'adhésion à ces idéologies. Freud lui-même reconnaissait que les individus n'ont pas tous la même capacité à maîtriser leurs pulsions. Cette capacité est influencée par des facteurs tels que l'éducation, l'expérience de vie, la stabilité émotionnelle et la capacité de réflexion.
Les personnes ayant bénéficié d'un environnement favorable, d'une éducation solide et d'un développement psychologique équilibré ont généralement une plus grande puissance d'agir sur leurs pulsions. Les personnes vivant dans des environnements marqués par la violence, la pauvreté, l'injustice ou la discrimination sont plus susceptibles de voir leurs pulsions agressives exacerbées.
De même, les idéologies extrémistes, les discours de haine et la propagation de la désinformation peuvent alimenter la pulsion de mort en offrant des justifications à la violence et à la destruction. La théorie freudienne nous invite à une réflexion nuancée sur la nature humaine. Bien que la pulsion de mort soit universelle, son expression est variable et influencée par des facteurs individuels et socio-culturels.
À ce stade de l’article, il est difficile de ne pas parler des hommes politiques, ceux qui se nourrissent de la haine, faisant l'apologie du racisme ou du fascisme, ou pire les "va-t-en-guerre" qui se caractérise par une rhétorique avec des formules emblématiques qui rappelle parfois le roman d'anticipation 1984, écrit par George Orwel « La guerre, c'est la paix » (au sujet de la guerre), « La liberté, c'est l'esclavage » (au sujet du coronavirus), « L'ignorance, c'est la force » (au sujet de la culture). Ils utilisent un langage agressif et provocateur, désignant souvent des ennemis et appelant à la confrontation. Ces slogans, qui semblent être des contradictions logiques, sont utilisés pour manipuler la pensée et contrôler la population. Ils illustrent la capacité du régime à inverser le sens des mots et à imposer sa propre réalité (novlangue, un système de censure qui mutile et supprime les mots afin de paralyser les esprits).
Leurs actions favorisent l'escalade des tensions et le recours à la force militaire. Ils minimisent les risques et les coûts humains des conflits, tout en exagérant les menaces extérieures. Ils glorifient la puissance militaire et les valeurs martiales. Ils favorisent les interventions militaires à l'étranger, même en l'absence de menace directe. Ils soutiennent l'augmentation des dépenses militaires et le développement de l'armement en privilégiant les alliances militaires et les démonstrations de force.
Certes, les leaders politiques « va-t-en-guerre » portent une lourde responsabilité dans l'escalade des conflits. Mais le danger ne réside-t-il pas aussi, et peut-être surtout, dans cette invisible armada de subalternes qui relaient et amplifient les discours de haine ? Ces individus, présents à tous les niveaux de la société, des médias à la politique, banalisent le mal au quotidien.
À l'image des fonctionnaires zélés décrits par Hannah Arendt dans son analyse du procès Eichmann, ils accomplissent leurs tâches avec une conscience tranquille, sans se poser de questions sur les conséquences de leurs actes. Ils contribuent ainsi, jour après jour, à alimenter une machine de guerre infernale, une mécanique de destruction massive qui finit par engloutir des nations entières.
Cette banalisation du mal est d'autant plus insidieuse qu'elle se manifeste dans des actions anodines, des propos en apparence inoffensifs, des décisions administratives apparemment sans importance. C'est cette accumulation de petites lâchetés, de petits renoncements, de petites compromissions qui finit par créer un climat de violence et de haine.
Je ne sais pas si l’essence de leurs actions est la fonction d’un manque d'empathie, ils semblent insensibles à la souffrance des victimes de la haine. Tendance à la déshumanisation, ils réduisent les groupes ciblés à des stéréotypes négatifs, les considérant comme inférieurs ou dangereux.
Ou peut être un besoin de reconnaissance, ils cherchent à se valoriser en exprimant leur haine, en se sentant supérieurs aux autres. Ou encore l’influence du groupe, ils sont souvent influencés par les discours de haine véhiculés par leur groupe d'appartenance, se conformant aux normes et aux valeurs du groupe.
Comment les identifier ? Les manipulateurs opportunistes , ces politiciens utilisent la haine comme un outil pour gagner en popularité et en pouvoir. Ils exploitent les peurs et les frustrations de certaines populations, en désignant des boucs émissaires et en promettant des solutions simplistes à des problèmes complexes. Leurs discours sont souvent ambigus, jouant sur les sous-entendus et les insinuations pour éviter les condamnations légales. Ils adaptent leurs propos en fonction de leur public (clientélisme), pouvant tenir des discours modérés en public et des discours radicaux en privé. Leur objectif principal est le pouvoir, et ils sont prêts à sacrifier les valeurs démocratiques et les droits humains pour l'atteindre.
Les idéologues radicaux, ces politiciens sont profondément convaincus de la supériorité de leur groupe et de la nécessité d'exclure ou de persécuter les autres. Ils adhèrent à des idéologies racistes, xénophobes ou fascistes, et cherchent à les imposer à l'ensemble de la société. Leurs discours sont clairs et directs, exprimant ouvertement leur haine et leur mépris envers les groupes qu'ils ciblent. Ils n'hésitent pas à recourir à la désinformation, à la propagande et à la violence pour diffuser leurs idées. Leur objectif est la transformation radicale de la société, et ils sont prêts à utiliser tous les moyens pour y parvenir, y compris la suppression des libertés individuelles et la mise en place d'un régime autoritaire.
Les suiveurs passifs, ces politiciens ne sont pas nécessairement des idéologues convaincus, mais ils suivent les leaders extrémistes par opportunisme, par peur ou par manque de conviction. Ils relaient les discours de haine, votent les lois discriminatoires et participent à la diffusion de la propagande, sans nécessairement partager toutes les convictions des leaders. Leur rôle est crucial, car ils contribuent à légitimer les idées extrémistes et à les rendre acceptables pour une partie de la population.
Les négationnistes, ce sont les politiciens qui nient l'existence des crimes contre l'humanité, comme la Shoah, ou qui minimisent leur gravité. Leurs discours visent à réhabiliter les idéologies criminelles du passé et à semer le doute sur les faits historiques. Leur objectif est de réécrire l'histoire et de justifier les discriminations et les persécutions actuelles.
Il est important de noter que ces catégories ne sont pas exclusives, et qu'un même politicien peut appartenir à plusieurs d'entre elles. La haine et l'extrémisme ne sont pas l'apanage d'un seul parti politique ou d'une seule idéologie. Ils peuvent se manifester à différents degrés et sous différentes formes dans l'ensemble du spectre politique. Il est important de rester vigilant et de dénoncer les discours et les actions de ces politiciens, afin de protéger les valeurs démocratiques et les droits humains.
L’apogée du nauséabond, un homme effectuant un salut nazi en 2025 est une manifestation du « prestige de la haine », un phénomène complexe qui mêle provocation, transgression, identification à une idéologie de force et recherche de l'attention médiatique. Il est important de ne pas sous-estimer la gravité de cet acte, qui témoigne de la persistance des idées extrémistes, fascistes, dans nos sociétés. Il est également essentiel de comprendre les mécanismes qui sous-tendent ce phénomène, afin de mieux le combattre et de protéger les valeurs démocratiques. Le danger dans un monde en mutation, où les repères traditionnels s'effritent, certaines personnes peuvent être tentées de se tourner vers des idéologies extrémistes pour trouver un sentiment d'appartenance et d'identité. Le salut nazi peut alors devenir un signe de ralliement, un symbole d'appartenance à un groupe qui se sent marginalisé ou menacé. Les hommes politiques extrémistes n'hésitent pas à instrumentaliser l'histoire, en réinterprétant les faits et en réhabilitant les figures controversées.
N'oublions jamais les contaminés, cette masse silencieuse, hélas trop nombreuse, qui succombe à la contagion des idées toxiques. Ils sont les victimes consentantes de leaders pernicieux, les relais inconscients d'idéologies mortifères. Tel un virus, la haine se propage, infectant les esprits les plus vulnérables, ceux qui ont renoncé à la pensée critique, ceux qui ont oublié les leçons du passé.
Ces individus, souvent fragiles face à la complexité du monde, se laissent séduire par les discours simplistes et les promesses illusoires des extrémistes. Ils adhèrent sans discernement à des idées dangereuses, sans en comprendre les fondements ni en mesurer les conséquences. Leur mémoire défaillante les empêche de voir les parallèles avec les heures les plus sombres de notre histoire, les moments où la haine a conduit à l'abîme.
Ils sont les porteurs sains d'une maladie qui ronge nos sociétés, les vecteurs involontaires d'une pandémie de haine. Leur faiblesse de réflexion les rend perméables aux manipulations, les transformant en instruments dociles entre les mains de ceux qui veulent semer la division et la destruction.
Alors, comment lutter contre cette banalisation du mal ? Comment réveiller les consciences engourdies ? Comment inciter chacun à prendre ses responsabilités, à refuser de participer à cette mécanique infernale ? Telles sont les questions cruciales auxquelles nous devons répondre si nous voulons éviter que l'histoire ne se répète.
Il est essentiel de mobiliser les forces vives de la société, celles qui résistent à la manipulation et qui incarnent les valeurs d'humanisme et de raison. Cultiver l'esprit critique, encourager l'éducation aux médias, apprendre à décrypter les informations, à distinguer les faits des opinions, à identifier les sources fiables. Promouvoir la pensée indépendante, inciter à remettre en question les idées reçues, à se forger sa propre opinion, à ne pas céder aux sirènes de la pensée unique. Valoriser la diversité des points de vue, encourager le débat constructif, l'écoute de l'autre, la confrontation des idées.
Renforcer les liens sociaux, lutter contre l'isolement, créer des espaces de rencontre et d'échange, favoriser le dialogue intergénérationnel, soutenir les initiatives locales. Promouvoir la solidarité, encourager l'entraide, le bénévolat, l'engagement citoyen, la participation à la vie associative. Cultiver l'empathie, développer la capacité à se mettre à la place de l'autre, à comprendre ses émotions, à partager ses souffrances. Dénoncer les discours de haine, ne pas laisser passer les propos racistes, xénophobes, homophobes ou sexistes, signaler les contenus haineux sur les réseaux sociaux, soutenir les associations qui luttent contre les discriminations. Promouvoir l'éducation à la citoyenneté, sensibiliser les jeunes aux valeurs de la démocratie, aux droits humains, à l'égalité, à la laïcité.
Rappeler les valeurs fondamentales, mettre en avant l'humanisme, rappeler que tous les êtres humains sont égaux en dignité et en droits, que la diversité est une richesse, que la solidarité est une force. Défendre la démocratie, rappeler que la démocratie est un régime fragile, qu'elle exige la participation de tous, que la liberté d'expression a des limites. Promouvoir la paix, rappeler que la guerre est une catastrophe que la violence n’est pas le remède, et surtout que la guerre n'est jamais une solution, que le dialogue est toujours préférable au conflit. L'heure est grave, les forces de la haine et de la division sont à l'œuvre. Ne cédons pas à la peur, ne nous laissons pas manipuler.
En résumé, il est important de rappeler que chacun a un rôle à jouer dans la lutte contre la haine et l'extrémisme. La lucidité, la responsabilité et l'engagement sont les armes dont nous disposons pour défendre nos valeurs et construire un monde meilleur.
Auteur Gérard Copin pour la tribune libre Agoravox.
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