Considérations (anti)humanitaires

par Alain Malcolm
jeudi 5 septembre 2024

 

1. Pour l'humanité on avait déjà l'adjectif humain, mais on a inventé humaniste et humanitaire. Humaniste c'est facile car les -istes/-ismes désignent des tendances ou mouvements sociaux (reste à connaître l'humanisme...) mais pour les -aires ce sont juste des suffixes (des morceaux additionnels si vous préférez) servant à marquer un adjectif/qualificatif généralement utilisé sur les noms finissant eux-mêmes en -ité tels qu'humanité. Sauf qu'on avait déjà humain alors à quoi bon avoir humanitaire ?

 

2. La question n'est pas anodine parce que de nos jours le sens d'humanitaire a lui-même infusé le sens d'humain au point qu'un journal gauchiste en perdition subventionnée avec donateurs militants se nomme l'Humanité depuis un moment, au prétexte que tout ce qui est « humain » serait charitable exactement comme l'humanitaire est charitable. C'est-à-dire que l'humanité elle-même est devenue depuis longtemps la désignation d'une qualité valorisante.

 

3. Dans l'Antiquité l'humanitas désignait ce qu'on nomme encore parfois en vague souvenir les humanités à savoir les lettres, les philosophies, les connaissances. Mais en cette époque où les connaissances veulent avoir l'efficacité redoutable de n'être que technoscientifiques les espaces cultures mettent en avant les téléphones cellulaires en priorité avant les livres côte à côte avec les téléviseurs, les ordinateurs et les consoles vidéoludiques et on a évidemment perdu les humanités dans un recoin de l'espace livres lui-même largement consacré à tout et n'importe quoi en dehors des humanités quoi que l'on veuille désigner par culture encore toute espèce de loisir (mais cette étape a été franchie à la fin du siècle précédent).

 

4. L'humanité moderne désigne donc une charité laïque/séculière ayant vocation à sauver le monde de ce qu'elle préjuge « anti-elle-même » c'est-à-dire antihumain et par voie de conséquence antihumanitaire amalgamé. Elle est parfaitement proche de l'injonction judaïque « tikun olam, réparer le monde » comme s'il y avait là quelque chose de défaillant sur quoi l'être humain (partie du monde) pouvait agir depuis une Création/Big Bang. Vivons donc à l'heure des Conflagrations/Big Bounces ! En tout cas tout le XIXème siècle fut à cela (cf. Philippe Muray et son XIXème siècle à travers les âges corroboré par l'EHESS) à valoriser le satanisme comme une révolte contre le traditionalisme (chrétien) de sorte que tous les amalgames antisémites et complotistes furent permis si je puis dire avec tous les gauchismes, la question du Mal étant non dualiste-absolue dans le judaïsme rapport au christianisme ou à l'islamisme. En cela le judaïsme est plus proche de son terreau polythéiste au prisme de l'hénothéisme que ses successeurs (mais les tendances chrétienne relativiste ou islamique intellectualiste en héritent).

 

5. D'une manière ou d'une autre la notion moderne d'humanité est post- et trans-judéo-chrétienne (au prisme d'un Christ latin-américain) de sorte que les gauchismes s'en firent les réceptacles laïcs/séculiers bien plus que les droitismes. Mais les droitismes souvent de revendication post- ou trans-judéo-chrétienne (au prisme d'un Christ féodal-européen) sont bien obligés d'admettre leur moralité partagée avec les gauchismes à ce niveau et l'on obtient le centrisme en général et le macronisme en particulier, en fait tout ce qui s'identifie en France en tant que « pacte républicain » l'extrême-droite étant rejetée pour immorale malgré- comme à cause de- sa part chrétienne tradie... encore que cette part soit désormais déléguée à Éric Zemmour et que le laïcisme/sécularisme revienne à Marine Le Pen sans plus de grande distinction avec ledit « pacte ». Aussi juge-t-on l'extrême-droite antihumaine, antihumanitaire largement à faux et en fait tout notre petit monde républicain s'ébaubit dans l'humanitarisme.

 

6. L'humanitarisme c'est ce qu'il reste de l'humanisme quand l'humanisme a perdu toute référence à l'antique humanitas/classiques humanités et c'est ainsi qu'on juge (au hasard) inhumain le nazisme alors que le nazisme fut (comme tout) réalisé humainement par des humains, humainement c'est-à-dire par la matière humaine (notoirement allemande et globalement européenne) opérant avec d'autres matières humaines (notoirement juive et globalement non-chrétienne tradie dans la démarche malgré les références néopaïennes détorquées par le nazisme, le nazisme ne s'étant qu'habillé de nouveaux oripeaux or comme chacun sait l'habit ne fait pas le moine – comprenne qui veut). Enfin en-deçà du nazisme tout un tas de comportement humains (c'est-à-dire comportés par la matière humaine) sont jugés inhumains alors pourtant que ce sont des humains qui les comportent.

 

7. L'ambiguïté sur l'humain est une ambiguïté causée par le satano-judéo-christo-gauchisme dix-neuviémiste, gloubiboulga socioculturel progressiste d'abord sur le plan économique puis le plan moral à la fin du XXème siècle, issu des mouvements prolétaires illuminés par des bourgeois excentriques puis des cercles bourgeois animés par l'exotisme post-colonial et post-chrétien. Le tout en revendication des Lumières alors que les Lumières s'étaient faites à la faveur de despotismes éclairés et d'élitismes encyclopédiques que des embourgeoisements ultérieurs crurent et croient probablement poursuivre encore toujours, sans comprendre qu'il ne s'agit que de leur prise de pouvoir et (comme dirait Marx) de leur superstructure.

 

8. En vérité l'humanité se comporte à la fois vilement et généreusement et il n'y a pas de quoi distinguer entre sa matière et son comportement accouchant de phrases inconséquentes du type « tous les humains ne se comporterait pas humainement » puisque ça ne permet jamais que l'introjection radicale d'un jugement moral simili-nazi au cœur-même de tous ceux qui s'imaginent « plus-antinazi-que-ça-tu-meurs » où l'on arrive à des paradoxes, des contradictions même plutôt, où les supposés progressistes détestent misérablement communiquer avec tous ceux qu'ils présupposent intolérants ou ne serait-ce que « moins tolérants qu'eux » de sorte qu'on ait atteint la situation orwellienne édictant que la tolérance c'est l'intolérance... L'humanité est déjà à tort distincte de l'animalité alors qu'elle est une race animale et on a donc encore plus tort de distinguer une humanité avec humanité d'une humanité sans humanité.

 

9. Je dis cela pour le bien du satano-judéo-christo-gauchisme socioculturel dit progressiste actuel répandu jusque dans le droitisme serait-il prétendu extrême.

 

10. L'humanité n'est qu'une race animale parmi d'autres et non une vertu. On doit parler d'humanité comme on parlerait de chatité ou de souricité. Parmi les chats et les souris il y a des chats et des souris plus agressifs ou plus passifs que d'autres et c'est la même chose dans l'humanité qui certes, avec son néocortex, est capable de nous chier des démarches passives-agressives surtout à notre époque psychiatrisée bipolaire en cheffe. Au hasard, l'attitude intolérante de la tolérance que nous qualifieront donc pour les besoins de la cause de transtolérante : procédant de la tolérance tout en la transgressant inconséquemment...

 

11. La tolérance n'a de limite que l'intolérance il est vrai et doit se montrer intolérante à l'intolérance pour sa propre survie mais ici la détorcation est plus insidieuse puisque les transtolérants sont intolérants envers tous ceux qui ne sont pas tolérants ce qu'ils appellent tolérant, c'est-à-dire qu'il y a pour les transtolérants une transtolérance prétendue tolérante ou plus tolérante que la tolérance de tolérants capables de tolérer des divergences démocratiques. Au fond les transtolérants sont évidemment narcissiques à ne tolérer que leur transtolérance. Et tout cela parce qu'on avait fait d'humain, humanitaire une vertu plutôt qu'une condition naturelle au sein de la nature !

 

12. « C'est biologique... » disait Céline sinon que c'est aussi carrément ontologique (mais Céline faisait de l'ontologie sans le dire). Enfin moi ça me fait surtout penser à la série the Boys sur Amazon Prime : ayons pitié de nous comme ils nous font pitié ! Voilà qui semblerait véritablement chrétien si nous le réclamions au nom du Dieu.

 

13. Le moralisme (serait-il de la pitié) a toujours été une chienlit surtout lorsqu'il produit de tels amalgames socioculturels que satano-judéo-christo-gauchistes (comme ça nous arriva en Occident) car on prétendrait toujours que c'est pour les meilleures raisons d'un monde scabreux, dans le bois duquel nous sommes taillés et, si nous étions radicaux, nous confluerions par la sentence selon laquelle il n'y a pas d'humain.

 

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