Un fil à sa patte

par C’est Nabum
mardi 11 février 2025

 

Tout sur bracelet.

 

Il est des usages de la langue qui me laisse pantois, les bras ballants si j'ose dire. Qu'on puisse ainsi mettre un bracelet aux petits petons d'un félon tout en lui épargnant sa menotte alors qu'il se rêvait pair de France ; il y a de quoi s'en étonner. Il est permis d'en avoir les bras qui vous en tombent au pied levé. Mais l'essentiel est bien que voilà la liberté de ce triste sire entravé par un fil à la patte, une marque d'infamie qui ne l'empêche pas de continuer à pérorer et à jouir des privilèges de son ancienne fonction.

Il fut question un temps d'assortir le bracelet à la montre de luxe qui symbolise sa volonté insatiable de s'enrichir. Il convient de regretter que l'État ne se soit pas fendu de confier à un joaillier de luxe le mouchard électronique qui va désormais mettre l'existence de cet agité sous contrôle. Un peu d'élégance eut modéré sa peine et atténué l'humiliation de ce petit roquet plein de mordant.

Se serait alors posée la délicate question de la couverture. Non pas médiatique avec tous ceux qui aimeraient s'attacher aux pas du banni, mais plus prosaïquement la manière d’envelopper ses pieds dans les coulisses de son terrible châtiment. La chaussette de laine peut aisément dissimuler cette marque d'infamie. On pourrait alors lui conseiller le bas de laine. Mais ce serait détourné de sa fonction ce qui lui permet de mettre à gauche ce qui lui revient de droit.

Le fameux bracelet supportera-t-il de passer de l'escarpin taillé sur mesure par un chausseur de talent, à la mule où la savate lorsque le pauvre homme sera assigné à résidence ? La charentaise réglerait aimablement ce dilemme puisqu'elle lui intimerait l'obligation de se tenir à carreau. Mais avec lui, le coup fourré n'est jamais loin lorsqu'il prendra la clef des champs pour se rendre dans sa chère loge du Parc des Princes du Qatar.

Son témoignage lors d'un autre procès en cours, car dans son cas, il est important de toujours avoir une affaire sur le feu, peut-il être compatible avec l'application de cette mesure qui risque de laisser penser aux juges qu'ils ont face à eux un repris de justice. L'effet de cette mauvaise impression risque fort de jouer en sa défaveur, lui qui une main sur le cœur et l'autre sur la cheville, jure ses grands dieux qu'il est victime d'une cabale.

La cabale en question le privera de cavaler de par le vaste monde pour s'assurer des jours meilleurs lors de conférences qu'il facture fort cher. Il serait bon d'envisager un dédommagement pour ce terrible manque à gagner qui risque de le mettre sur la paille, d'autant qu'un repris de justice ne devrait légitimement plus avoir droit aux avantages colossaux au titre de son ancienne fonction.

Autre point de détail qui me vient à l'esprit que d'aucuns qualifieront de mauvais, comment lever la main droite pour jurer de sa bonne foi quand précisément un corps étranger vous pèse sur la jambe à défaut d'une conscience exempte de tout remord. Il est permis d'y voir une mise en danger corporel. Il serait juste de retirer cette chaîne à sa cheville qui en fait implicitement un bagnard, lui qui est devenu un boulet pour les finances publiques.

En imposant pareil tourment à celui qui fut le premier d'entre nous, c'est une manière de nous faire tous porter ce châtiment quand nos impôts du reste, ne cessent de lui graisser la patte. C'est à croire que nous sommes condamnés à devoir toujours verser notre écot pour ce bandit au grand destin.

Avant que de mettre des points de suspension au terme de ce pensum, il est encore permis d'évoquer un autre point de détail. Les fameuses talonnettes censées grandir ce personnage sont-elles compatibles avec le fameux bracelet de la honte civique ? Faudrait-il lui mettre un bracelet à chaque cheville en guise de précautions afin d'éviter le déséquilibre ? La question reste naturellement en suspens...

Illustration : OLI


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