Au pied de ce pauvre sapin

par C’est Nabum
mardi 26 décembre 2023

 

Les aiguilles s'y accumulent.

 

Il n'est plus beau symbole que pour l'absurdité de cette pratique que les aiguilles qui pleurent alors que s'accumulent les paquets cadeaux, montagne de gaspillage au pied d'un arbre sacrifié au nom d'un délire consumériste sans nom. Si certains ajoutent une crèche dans les parages, paradigme du dépouillement et de la simplicité, ils font doublement méprise. Que Dieu leur pardonne !

Pourquoi sacrifier un arbre pour célébrer une naissance qui aurait dû être celle du grand pardon et qui devient par le truchement des marchés de Noël, de la publicité et du matraquage commercial, l'expression la plus aboutie de la vacuité de cette société : les cadeaux au pied de cet arbre dont on fait les cercueils.

Faire un cadeau du reste n'a plus de sens puisqu'il convient d'y aller de sa contribution à la gabegie en multipliant les offrandes, en les dissimulant sous des monceaux de cartons, de papiers, de rubans, tous plus surchargés de colorants artificiels pour ajouter à la folie de l'heure. Les poubelles regorgeront de ce qui ne pourra sans doute pas se recycler.

L'essentiel est ailleurs me direz-vous dans ce délicat présent qui finira sans doute au rebut tant l'enfant ne sait plus où donner de la tête à moins que ce ne soit sur un site de vente en ligne pour démontrer que tout s'achète dans cette société de vendus. Vous avez bien raison, le plus important est d'apporter votre pierre à cet édifice du Capitalisme qui engendrera la grande catastrophe finale. Engendrée certes mais aussi créée de toutes pièces par les actionnaires et les tenants de l'inhumain mode de vie occidental.

Pourra-t-on recueillir les aiguilles pour recoudre ce tissu social totalement déchiré par cette course folle aux achats, aux dépenses inutiles, à la rancœur de ne pas recevoir autant que le voisin, à la convoitise et au désir de possession. Nous contribuons tous à élever nos enfants de la sorte, dans cette parodie afin qu'à leur tour, ils amplifient si c'était encore possible cette mascarade affligeante.

Qu'un vieux bonhomme prétendument sage collabore à cet homicide à petits feux électriques de la Planète ne fera que corroborer notre désir collectif d'en finir avec la vie sur Terre. L'hécatombe sera du reste à l'ordre du jour et au menu de la grande « bâfrerie » des réveillons à répétition. Tout est bon dans cette période pour perdre pied et raison, pour se laisser porter dans ce délire consumériste.

Les enfants ne sont pas dupes qui non seulement ne font même plus l'effort de mériter un petit cadeau mais établissent des listes considérables de ce qui leur est dû, puisqu'on a fait d'eux les prescripteurs d'achat, le moteur principal de l'économie, les champions de la dépense absurde et les chantres du mauvais goût.

Il y en aura encore pour évoquer la magie de Noël en lui associant l'iconographie la plus débilitante qui soit, la plus réductrice encore, calquée sur le monde merveilleux de l'hydre du capitalisme : Walt Disney. D'autres n'hésiteront pas à se rendre dans les parcs d'attraction pour finir d'achever tout espoir de rédemption, en faisant de leurs gamins, des machines à sous.

Au pied du sapin il manquera l'amour et la modération, le désir de partager et de se modérer, l'envie de changer le cap et de préserver la nature, le besoin de penser aux autres et d'apprendre la fraternité. Il se peut même que pour infirmer ces valeurs qui n'ont plus cours, des armes deviennent des jouets, des scènes de guerre se glissent dans les jeux vidéo, que la mort des autres soit l'enjeu de batailles virtuelles et tout cela au nom d'une nativité qui a du plomb dans l'aile.

Je prends ici une aiguille de pin pour cette petite piqûre de rappel, quand bien même elle ne fasse que tomber dans les oreilles de sourds. C'est le seul cadeau que j'entende vous faire. Puissiez-vous ouvrir les yeux.


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