Dans agriculture, il y a agri...(ou tueur ?)

par olivier cabanel
mardi 23 janvier 2024

 

Il y a aussi « culture » pourrait me rétorquer le lecteur attentif... mais aurait-il pour autant raison ?

En effet, après avoir écouté les arguments déployés par le patron de la FNSEA sur l’antenne de France Inter, au matin du 22 janvier 2024, on pourrait en douter. lien

Qu’il y ait grogne, voire colère, du monde agricole, c’est incontestable, même si on peut s’interroger sur son timing, car, lorsque les gilets jaunes se sont manifestés il y a quelques années, on n’a pas vu beaucoup de tracteurs et autres engins agricoles se déplacer…

passons…

pourtant force est de constater que l’interviewé de la matinale s’était mis au diapason du gouvernement en matière de mensonges…

s’en prenant à l’Europe, mais surtout aux écolos, Arnaud Rousseau a affirmé qu’il n’avait rien contre l’interdiction du glyphosate, sauf que tant que des solutions alternatives n’auront pas été trouvées, cette interdiction n’avait aucun sens…curseur à 18’45’’

ignore-t-il qu’ils sont nombreux ces paysans qui cultivent sans utiliser le moindre pesticide, avec la volonté de ne pas empoisonner le consommateur ?

Et comment le président du plus important agricole du pays pourrait-il ignorer que les alternatives aux pesticides existent, et depuis longtemps ?

La preuve est sur ce lien

Outre le fait que les produits qui sortent du sol sont bons pour la santé, pour le goût, Rousseau oublie qu’ils sont aussi bons pour le porte monnaie.

L’économie réalisée est importante, car l’achat de pesticides divers et variés ont un coût, et une étude récente a apporté la preuve qu’ils coûtaient plus qu’ils ne rapportaient. lien

Dans l’interview sur France Inter, le dirigeant de la FNSEA insiste lourdement sur le fait que son syndicat a banni la violence des ses actions curseur à 9’47’’

mais alors comment qualifier celles menées actuellement, ces actions musclées contre les forces de l’ordre, les saccages de bâtiments publics, le murage de préfectures.. les déversements de lisiers…

Et quid de l’attaque menée sur le domicile privé du représentant d’une association écologiste, à coup de pierres jetées, de pneus déversés dans le jardin, et le tout avec la bénédiction complice, ou en tout cas silencieuse, du ministère de l’intérieur ?..lien

Ajoutons que le 23 janvier, 1 agricultrice a trouvé la mort en Ariège (plus 2 blessés graves) une voiture ayant tenté de forcer un barrage d’agriculteurs. lien

On pourrait aussi s’étonner que ni les journalistes, ni le président de la FNSEA n’ait évoqué l’attentat mené contre la direction régionale de l’environnement, attentat revendiqué par la CAV (Comité d’Action Viticole), lequel attentat a provoqué d’importants dégâts… lien

Faut-il rapprocher cette action de celle menée le 17 janvier, contre la PME oenoterra à Valros dans l’Hérault, d’autant que cette action était concomitante avec les manifestations de la FNSEA à Toulouse et Avignon, au cours desquelles des menaces d’explosions avaient été évoquées...une enquête est en cours, mais va-t-elle aboutir ? lien

Ce même Rousseau s’en prend aussi à l’Europe, mais garde un regard pudique lorsque celle-ci verse au monde agricole européen la "modeste" contribution de 58 milliards d’euros.

Il tente d’amalgamer les différentes colères, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Roumanie, Pologne et ailleurs... mais il oublie que les motifs de ces colères sont différents de ceux que dénonce la FNSEA, comme l’explique Fabien Jannic Cherbonnel chez France Info. lien

Naturellement, il est dans son droit lorsqu’il pointe du doigt les incohérences européennes qui laissent passer des importations massives de poulets, céréales, même lorsqu’elles ne respectent pas les normes que l’Europe exige de nos paysans... mais le président de la FNSEA ne devrait-il pas s’interroger sur l’agriculture industrielle qu’il impose aux consommateurs, sachant pertinemment que la qualité des produits n’est pas exempte de critiques…

quand on compte des exploitations agricoles, véritables fermes-usines, qui comptent jusqu’à 40 000 poulets, on comprend aisément que la qualité n’est pas au rendez vous... même si ailleurs, le million de volailles est parfois atteint.

Hélas la réalité des fermes usines française est moins glorieuse que la FNSEA le prétend, s’il faut en croire Greenpeace qui dénonce 3010 fermes-usines, avec un bilan de plus de 11 millions de volailles, dans les 167 exploitations des Hauts de France. Lien

Mais revenons aux manifs …

la colère fait tache d’huile, et maintenant même la fameuse « 7 » en fait les frais, car devant les réponses policées du premier ministre, les belligérants ont décidé de ne pas céder jusqu’au moment ou les actes auront pris la place des paroles.

La liste des dernières occupations et blocages sur ce lien

la carte sur celui-ci.

Ils ont donc décidé de ne pas se contenter de promesses, ou de mesurettes. lien

Le premier ministre ferait bien de se souvenir l’importance de la colère paysanne lors de la révolution française rappelée fort judicieusement par Albert Soboul dans son « annale historique de la révolution française ».

extraits : « la question agraire occupe bien une position axiale dans la révolution bourgeoise (…) l’importance et la spécificité de cette révolution paysanne au cœur de la révolution française ont été depuis longtemps soulignées par les travaux classiques de Georges Lefebvre (…) jacqueries pour l’abolition de la féodalité, luttes pour la terre, émeutes de subsistances, troubles forestiers ou à propos des droits collectifs traditionnels, paniques et peurs dégénérant en révoltes armées, telle la classique Grande Peur...  » lien

comment réagira Attal face à cette menace...l’avenir nous le dira, mais profitons-en pour remercier l’auteur Ono-Dit-Bio, qui dans une chronique publiée récemment dans « Le Point » nous rappelle l’existence d’un certain Attale, dans une cour qui ne fait de politique qu’à coup de tractations et de pots de vin. On y entend Attale (…) se demander : « Veux-tu le nom de roi pour avoir tant de maîtres ?  ».

le même Ono-Dit-Bio en profite pour rappeler que le premier ministre n’a pas le monopole de la jeunesse, car, c’est en 1783 qu’un certain William Pitt fut nommé premier ministre de Grande-Bretagne : il avait 24 ans. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « l’homme jeune marche plus vite que l’ancien, mais l’ancien connaît la route  ».

le dessin illustrant l’article est de Péhel

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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