Il y a comme un loup…

par C’est Nabum
jeudi 7 décembre 2023

 

Les séminaristes à la queue leu-leu.

 

Cette société marche sur la tête et ne cesse de produire des idées redoutables surtout quand toutes les pires âneries sont flanquées de vocables anglo-saxons qui font passer les vessies de loup pour des lanternes. C'est lors que par le prisme de la culture apprise dans les écoles de commerce et de marketing n'importe quelle idée saugrenue pourvu qu'elle promette de substantiels bénéfices permet de boucler des projets à condition qu'il y ait quelques phrases creuses et de belles tournures.

Pour les gens raisonnables, ceux qui ont encore les pieds sur terre et non dans les hautes sphères de la pensée consumériste, on voit immédiatement qu'il y a un loup derrière la belle promesse d'activité lucrative. Mais quand il s'agit d'attirer les subsides de la formation, cette merveilleuse manne de la vacuité, il ne faut pas hésiter ni sur le petit pot de beurre ni encore moins sur la galette.

Mais il s'agit de séduire ici les jeunes loups du monde interlope des décideurs, ceux-là même qui sont capables de fondre sur une entreprise en redressement judiciaire ou bien de dévorer les existences de pauvres gens qu'ils mettront dans la charrette d'un plan social. Pour se faire les dents, quoi de mieux qu'un petit séminaire en Sologne en se ressourçant au contact de six loups arctiques. Voilà de quoi aiguiser les appétits de la meute des ruraux qui participeront ainsi au conditionnement des futurs charognards.

C'est un éthologue qui a eu cette sublime idée. Il convient d'avoir de l’entregent pour imaginer pareille facétie qui coûtera néanmoins la virilité des six mâles, sacrifiés sur l'autel du pragmatisme libéral. Il est vrai qu'il convient d'éviter le mélange des genres en évitant tout risque de relations entre les encravatés et les engrillagés sur un espace pas plus grand qu'un terrain de foot.

Spécialiste du comportement animal, l'instigateur songe tout naturellement que placer des loups dans un univers enclos de taille fort réduite favorisera leur plein épanouissement afin de transmettre ainsi leur joie de vivre, la virilité en moins, à des séminaristes qui eux n'ont pas fait vœux de chasteté. Que tout se passe dans un lieu-dit nommé le four à chaux, permet d'affirmer que le chef de meute aurait déclaré lors de l'enquête publique : « Peu nous en chaut ».

Rappelons que l'origine du nom de cette charmante cité que j'éviterai de nommer pour ne point mettre en alarme ces braves gens, absolument pas responsables de cette hérésie, vient du latin médiéval Cerdonium qui signifie lieu fortifié, bastion entouré d'une palissade. C'était sans doute à l'époque pour éloigner des loups qui ne venaient pas de l'arctique.

L'origine des loups du reste n'est pas due au hasard puisque le personnage qui a conçu ce merveilleux projet espère réchauffer le climat au sein des entreprises par l'imitation des cadres de l'organisation sociale des loups. Il est vrai que dans un territoire de type concentrationnaire, ladite organisation n'aura rien de fort sociale, ce qui ne devrait pas perturber nos joyeux séminaristes en goguette à la condition que les petits cochons sauvages de notre Sologne ne les mangent pas.

Bien sûr ce projet a un nom issu du bas Solognot : « Wolf Project ! » et les clients ne manqueront pas pour justifier le sacrifice de ces six malheureuses bêtes. Ils viendront même à la queue leu-leu. Je précise pour ces futurs dirigeants que leu signifie loup en vieux français, cet idiome qu'ils ont rayé de leurs pratiques langagières.

Une enquête publique est lancée à la mairie de cette commune à partir du 6 décembre jusqu'au 22 décembre pour que la population exprime son sentiment à ce propos. La peur du méchant loup aura-t-elle raison de cette initiative. La réaction des citoyens pourrait être elle aussi castratrice, ce qui ne serait que rendre la monnaie de sa pièce à notre éthologue entreprenant. Le grand louvetier instruira le dossier en toute impartialité, au contraire de ce billet à charge.

À contre-leu.

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