Retour de flammes nipponnes

par C’est Nabum
jeudi 12 août 2021

La cocarde de travers.

Les journalistes s'extasient, s'enthousiasment, poussent des cris hystériques, vantent les mérites incomparables de la grandeur tricolore sans jamais prendre de recul ni analyser ce qui se doit. Pourtant ce devrait être leur travail plutôt que de hurler dans un micro. Mais voilà, ils ne sont pas au service de la mise en perspective mais sont tout bonnement les valets du grand triomphe hexagonal.

Nous pouvons naturellement nous réjouir pour les succès individuels des uns et des autres en nous gardant bien d'utiliser ce « On a gagné ! » qui n'a rien à voir avec la réalité. Une médaille aux Jeux Olympiques est avant tout le fruit d'un engagement personnel et non pas une récompense collective. Les seuls à se prévaloir légitimement de ce succès sont les proches, les entraîneurs, les bénévoles des associations, les municipalités éventuellement et les généreux mécènes mais certes pas les gens vautrés dans leurs canapés.

Puis, l'euphorie passée, le triomphe des sports collectifs de salle digéré, il convient de pousser l'analyse plus loin pour mettre en évidence le fiasco et non pas le succès que les médias veulent nous faire avaler pour servir la soupe aux responsables politiques du futur pays organisateur. Tout d'abord, avant de s'enflammer, il convient d'examiner cette performance qu'on nous présente comme formidable, extraordinaire, merveilleuse et toute la longue suite de superlatifs, les seuls éléments du vocabulaire francophones qui sont encore enseignés dans les écoles de journalisme.

Le bilan national a été parfaitement ridicule avec cette spécificité notoire et récurrente que tous ceux qui étaient favoris dans leur discipline se sont lamentablement vautrés ou sont arrivés avec un pet de travers. C'est du grand art quand la chose se reproduit avec cette formidable régularité. Nous pourrions alors nous interroger sur la dimension mentale, sur l'incapacité tricolore à accepter la pression dans la perspective d'une prochaine olympiade à domicile. Mais naturellement ceci remettrait en cause les structures officielles que nous payons fort cher. Il est préférable d'éviter d'évoquer ce qui fâche. Seuls les sports collectifs qui échappent à la surmédiatisation ont trouvé la parade par leur dynamique propre à l'exception du fiasco considérable du football qui mérite le bonnet d'âne toute catégorie.

Les récompenses sont allées vers les sports qui sont manifestement les marqueurs d'aisance financière d'une nation. Il y a certes le mérite de l'athlète mais ce dernier n'entre pas en concurrence avec les ressortissants des pays économiquement en difficulté. À ce petit jeu, rassurez-vous, avec les nations comparables, nous sommes malgré tout toujours en retrait.

Puis il y a la discipline reine des Jeux et celle qui met en avant les qualités naturelles sans trop d'apport technologique : l'athlétisme. Là, c'est le désert ou presque, une situation plus que dramatique pour une nation qui doit recevoir dans trois ans la prochaine édition. C'est là que s'exprime le plus la totale carence d'un système éducatif qui a banni la compétition de l'éducation physique et sportive alors que paradoxalement est demeurée reine dans les enseignements traditionnels. C'est exactement le contraire qu'il faudrait faire mais en France nous avons l'art de marcher sur la tête.

Le cyclisme a effectué une terrible sortie de piste et de route. Il n'y a pas à faire la fine bouche, c'est là la preuve que nos biologistes tout comme pour le vaccin ont un gros train de retard. Dans trois ans, le retard ne sera pas rattrapé, ne nous faisons aucune illusion. Les médailles et les succès continueront de se diriger vers des nations qui ont beaucoup moins de scrupules.

Tout ceci pour que vous reveniez à la réalité. Il est très rare qu'une grosse nation économique, olympiade précédant les jeux chez elle, récolte des résultats aussi médiocres. Ce n'est plus un signal d'alarme car trois ans c'est bien trop peu pour infléchir la donne. Il est déjà trop tard d'autant que durant la crise sanitaire, tout a été fait pour tuer dans l'œuf les petits clubs de sport, vivier des futurs champions.

Nous aurons sans doute une formidable cérémonie d'ouverture, du clinquant et du fastueux, de l'originalité et de l’extravagance, mais le sport ce n'est pas ça, pas plus que les vociférations des journalistes sportifs. C'est une culture qui s'enseigne à l'école et il n'est qu'à voir cette discipline à l'école primaire comme dans l'enseignement secondaire pour se convaincre que nous ne serons jamais une véritable nation sportive.

Participativement vôtre.

Tout ceci serait passé comme une tête sous l'imposte si un pantin de service, médaille en chocolat de l'indignité politique, n'avait proclamé que le triomphe olympien était dû au sport scolaire. Les médaillés eux-mêmes s'en sont étranglés d'indignation quand on connaît l’indigence du sport à l’école. Une fois encore, pour monsieur Blanquer il est plus facile d'enfiler des perles que des anneaux et des propos censés.


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