Le monde en 2040 vu par la CIA

par Réflexions du Miroir
vendredi 19 novembre 2021

Après une visite dans le rétroviseur du passé et le miroir du présent, pourquoi pas, une petite excursion ou incursion dans le monde du futur vu par la CIA.

Dernièrement, je tombait nez à nez avec ce livre "Le monde en 2040 vu par la CIA", écrit par le journaliste au Monde depuis 2002, Piotr Smolar

A partir du "National Intelligence Council", le livre "Le monde en 2040 vu par la CIA" est un best-seller dès sa publication. Prospectif, il est très attendu par le renseignement américain. 

Cette fois, ce futur est présenté comme un monde plus contesté.

 Rapport indispensable pour appréhender notre avenir qui se trouve sur le bureau de Joe Biden, bien entendu.

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Préambule

À chaque élection présidentielle américaine, le National Intelligence Council (NIC), c'est-à-dire le cerveau prospectif de la CIA, fournit un rapport au nouvel élu de la Maison Blanche sur le monde du futur. Cette synthèse est construite à partir des analyses des meilleurs experts. Ce rapport de 2021 qui envisage le monde de 2040, était très guetté dans le contexte éprouvant du Covid-19. Il annonce des bouleversements, en une génération, comme aucune autre n'en a vécu jusqu'à lors dans l'histoire de l'humanité : dans le domaine du climat, de la connectivité, de la biotechnologie, de l'intelligence artificielle. Il dessine aussi des sociétés plus fragmentées, sous tension, confrontées à des menaces et des enjeux sans frontières. Un monde plus contesté se dessine où la confiance entre gouvernants et gouvernés sera sérieusement ébranlée. Comment les sociétés affronteront-elle le vieillissement de leur population ? Comment résisteront-elles à la pression migratoire ? Au manque d'eau ? Pourquoi la jeunesse risque-t-elle de connaître des troubles mentaux aigus ? La technologie pourra t-elle atténuer les effets du changement climatique ? Quels seront les pays qui détermineront la marche des prochaines décennies ? Une renaissance démocratique est-elle possible ? Par sa clarté, la qualité de ses informations très sensibles qui couvrent tous les domaines, sa rigueur et son ouverture intellectuelle, le Monde en 2040 vu par la CIA est un rapport indispensable pour appréhender notre avenir : il se trouve sur le bureau de Joe Biden".

C'est un ouvrage qui interpelle surtout quand on sait qu'il est censé éclairer le président des Etats-Unis. 

Ce rapport aide-t-il à prendre du recul ?.

Un des commentateurs écrivait avec humour : Pour moi en 2040 ; j'aurai 85 ans donc soit je suis mort, soit je suis complètement gâteux et je ne comprends plus rien, soit j'ai toute ma tête et je tape sur la télé, si ça existe encore, avec ma canne. Je ne sais pas ce que je préfère".

J'en aurai 8 de plus... Pas plus de commentaires.

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Les thèmes-clé

Le futur s'articule autour de 3 grands chapitres :

  1. les forces structurelles comme la démographie, l'environnement, l'économie et les technologies.
  2. les dynamiques émergentes comme l'évolution du fonctionnement des sociétés, des états et les modèles de gouvernance en général.
  3. les dynamiques internationales qui témoignent des défis mondiaux comprenant les fragmentations croissantes des communautés, le déséquilibre entre les besoins et les faiblesses du système. Les contestations grandissantes et les adaptations aux nouvelles normes deviennent plus difficiles à supporter surtout pour les plus âgés. Les forces structurelles se perdent entre la démographie et les dynamismes émergents de nos sociétés, des Etats nationaux et internationaux.

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Cinq scénarios dans l'incertitude

  1. Renaissance démocratique qui permettrait d'espérer et de reprendre du souffle
  2. Un. Monde à la dérive dans une tragédie de mobilisation, entre des accentuations de certaines tendances et de décélérations d'autres visibles dans les inégalités, les nationalismes et des gouvernances perturbées en échec de la coopération internationale.
  3. Coexistence compétitive entre les blocs US, Chinois, UE et Russie. Le vieillissement de la population confronté au jeunisme demandé par les sociétés. Le temps de travail s'allonge pour ne pas devoir payer les pensions pendant trop d'années alors qu'obtenir un emploi sur une longueur indéterminée devient rare.
  4. Des silos séparés. Les connectivités entre les hommes s'accroissent et permettent une recherche d'autonomie individuelle ou sociétale. 
  5. Tragédie et mobilisation. Le progrès vu par les femmes s'intensifie. Les classes moyennes sont en mutation. Le changement de climat, les dégradations des environnements par la pollution et par la perte de la biodiversité, la denrée de l'eau devraient forcer à la solidarité et à la résilience. Les dettes publiques de certains pays deviennent colossales. Sous pression, l'Occident a un sentiment de perte de repères, de désillusions, de pessimisme et de perte d'identité fragilisent la démocratie mais aussi dans des silos séparés alors que les régimes autoritaires deviennent aussi vulnérables. Les survivalistes, eux, se préparent à une fin du monde dans ce qu'ils appellent Buckerville

"Les sentiments sont souvent les annonciateurs de changements.2040, c'est demain", sont les dernier mots du livre

Le futur antérieur

Rappel : Le futur antérieur est formé à partir des auxiliaires avoir et être conjugués au futur simple auxquels on ajoute le participe passé. ...

En 2005, j'avais écrit le billet "Le rapport du "Rapport de la CIA" qui parlait du livre de Alexandre Adler qui s'intéressait au 3ème rapport de la CIA. A ce titre, il pointait le futur du monde en 2020 dans une vision à l'américaine en suivant le rapport NIC 2020 (2003).

A ce moment-là, sortait déjà le 4ème rapport qui se pointait à l'horizon de 2025.

"Vers une mondialisation plus malheureuse" reconnaissait Adler d'entrée de jeu dans un titre évocateur.

J'ai relu l'article et je me pose toujours la même question "Ces visions tiennent-elles la route après coup, une fois l'échéance atteinte ?

Les futurologues font rêver ou cauchemarder selon la sensibilité, l'optimisme ou le pessimisme de ceux qui en témoignent.

2020 est derrière et 2025 est à nos portes.

Comparer ce qui était prévu, qui colle avec le présent ou ne colle pas relève de l'équilibriste.

Est-ce que les rapports précédents ont-ils été suivis de bilans de ces prévisions par des réalisations sur le terrain ?

Probablement quelques éléments de ces rapports se sont révélés exacts et d'autres moins.

Je n'aime pas les destinés écrites et j'apprécie bien plus le hasard qui donne une chance et des surprises pour trouver un autre chemin dans les dédales du futur 

Aujourd'hui, tout va tellement plus vite que dans le passé.

Les bouleversements rapides se forment en une seule génération.

Inventer l'avenir en devient un rôle d'équilibriste avec des bilans annuels intermédiaires pour tromper les prévisions.

Le climat, la connectique, les biotechnologies, l'Intelligence Artificielle, les sociétés fragmentées, les tensions dures entre gouvernants et gouvernés, le vieillissement des populations, les migrations, l'eau sont des problèmes qui en font partie...

Dans ce monde, ce qui est le plus difficile c'est de changer les habitudes.

Il faudra peut-être pour cela y voir un intérêt personnel pour accepter le bénéfice de la diversité dans les relations interculturelles. 

Je lisais dans "C'est arrivé la nuit" de Marc Levi : "Le hasard, c'est la forme que prend Dieu pour passer incognito. Lorsqu'il sourit, les athées appellent cela de la chance. Est-ce qu'on se lie aux gens par hasard ou parce que in fine, ils nous apportent quelque chose ? ... Le prix à payer est parfois tel qu'il faut regretter sincèrement qu'il ait existé".

Ce vendredi, deux vedettes de la chanson lançaient un album sur le ressenti de leur actualité.

Il y avait le pessimisme "L'odeur du pétrole" de OrelSan

Adèle présente un autre aspect de notre temps dans son album "30".

Il est dit à son sujet : "La douleur est chantée, exprimée, partagée de manière frontale, parfois presque brutale. Et pour cause, ces 12 nouvelles chansons ont été écrites en plein divorce. On pouvait s’attendre à un album empli d’animosité ou de ressentiments. Mais Adele est au-dessus de tout cela".

Au sujet du futur antérieur, je me souviens que j'avais écrit en 2012 une fiction au sujet d'une embrouille dans la production pharmaceutique, intitulé "Vengeance au futur antérieur".

Ai-je été aussi un inventeur de futur ?

Chacun a un avis assez troublé dans le brouillard des événements qu'il est difficile d'ébaucher un avenir sans surprise.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que cela commence mal pour l'humanité mondialisée.

Début 2019, qui aurait penser qu'un Coronavirus allait bouleverser tous les plans du futur ?

D'autres futurologues tentent d'apporter des idées plus constructives, plus réalistes et moins pessimistes pour 2050.

Je les activais récemment en ces mots "Demain, en 2050, quand les jeunes de 30 ans d'aujourd'hui en auront 60, leur logement sera très probablement plus réduit mais mieux adapté à l'environnement dans un espace résiduel. Moins technologique, avec un retour à plus humain en face à face plutôt que par smartphone interposé. Des cités dans un environnement plus convivial, plus aéré pour refroidir les trop grandes chaleurs. L'intelligence et les connaissances seront mises en commun. Quant à l'argent et à la confiance qu'on aura avec lui devrait être plus adoucie par des échanges entre des services donnés et des services reçus. Plus de location temporaires de matériel en fonction des besoins immédiats".

Un rapport sur le monde d'après serait-il plus facile ?

A quoi ressemblera l'homme de demain ?

 

Allusion

 


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