Avale-Loire : étape 1

par C’est Nabum
mercredi 10 juillet 2013

Le départ

Une si longue attente ...

Le départ, ce fut tout d'abord tous les préparatifs et la difficulté à organiser un rangement rationnel pour une opération de plus de quinze jours sur un Kayak. Le superflu n'est pas de trop, le nécessaire craint l'eau et je ne suis guère pratique (c'est un euphémisme) . Mon barda est un ensemble foutraque et anarchique, que les esthètes du coffre bien rangé et de l'aventure tirée au cordeau me pardonnent !

Je vous ferai grâce des heures à tuer avant que mon Pirate ne vienne me chercher pour me conduire la veille au soir à Guilly, au lieu dit Bouteille. Je sais que certains vont penser à mal alors qu'il s'agit du lieu magnifique où notre Loire disparaît en partie dans les entrailles de la terre pour donner naissance quelques trente kilomètres plus loin au Loiret, sa plus belle résurgence …

Gilles, mon camarade de collège avait tout préparé. Le bateau était opérationnel, il avait trouvé un bidon pour compléter mon équipement, pagaie, gilet de sauvetage et remorques pour me conduire à Sully. Il ne manquait que la pelle américaine qui avait mystérieusement disparu. J'espère n'en avoir pas l'usage pour enterrer mes illusions. Il m'installait dans le gite qu'il est en train de terminer, j'étais comme un coq en pâte. Il ne faut pas que je m'habitue. Seul soucis, la liaison internet était défaillante …

Enfin, l'heure a sonné de me lancer à l'eau (pas vraiment si possible). Mon bateau est lourd, plus lourdement chargé encore. À la première étape, je ferai comme les marcheurs de Compostelle, je vais alléger le fardeau de choses superfétatoires ou qui le deviennent au nom de la cure d'amincissement qui s'impose. Il y a ainsi des décisions qu'il faudra assumer … Adieu le kit de cuisson !

J'arrive plus vite que prévu à Saint Benoit. J'y envoie mes premières images et trouve un commentaire. « Passe me voir, je suis derrière les deux grands peupliers sur la levée. » On ne peut message plus explicite … C'est Fred, est de mes anciens juniors du RCO qui m'avaient suivi dans mon escapade vierzonnaise. Un fidèle parmi les rares fidèles d'ovalie.

Il sillonna la levée à bicyclette et grâce à ces signes, je découvris ses peupliers, noyés parmi tant d'autres. Il avait mis une bouteille de Sancerre au frais, connaissant ma petite faiblesse pour la chose. Je sus repousser l'offre alléchante, j'avais encore du chemin et un soleil de plomb avec lequel il n'est pas bon lever le coude. Fred n'en revint pas, moi non plus du reste quand il m'avoua que cette année, il était décidé à se préparer physiquement : une première pour sa dernière saison de joueur de rugby.

J'arrivai sobre et en pleine forme à Chateauneuf. Le quai était désert, la chaleur laissant les prudents à l'ombre des persiennes. Seul le président des amis du musée de la marine promenait ses petits enfants. Nous discutâmes à l'ombre du pont. Comme je n'use que de Facebook pour annoncer mon passage, je fis chou blanc. Il y avait bien un marinier, de moi inconnu, qui vidait son rafiot sans un regard pour le passager des flots. Drôle de Loulou !

J'espérais connaître meilleur sort à Jargeau où un sage m'avait promis de me recevoir sur une toue cabanée. Comme j'arrivai bien plus tôt que prévu, bénéficiant de l'effet conjugué d'un surcroit d'eau pour la saison et d'un peu de vent dans le dos, j'allais à la maison de Loire pour récupérer les clefs du bateau. Mal m'en pris car la surprise fut grande et on me rétorqua que ce bateau n'était pas assuré pour ce genre d'utilisation. La solidarité ligérienne se fracassait aux règles administratives.

Un peu contrarié et surtout vexé d'avoir sans doute commis une bourde, une bévue, une sottise, je décidai de pousser jusqu'à Bou. J'avais la certitude en ce village, d'une réception sans restriction. Je ne faisais que devancer le pique-nique prévu le lendemain midi par Chantal et Jacquot. Arrivé au port de la Binette, je déclenchai la procédure d'appel par réseau social interposé. Je sais, le téléphone c'est commode !

J'attendais que les contacts se fassent tout en faisant la belle rencontre d'un connaisseur de la Loire. Jojo est une vraie encyclopédie de la rivière. Il m'évoqua bien des facettes de celle-ci, des petits métiers d'alors, des passeurs, des pêcheurs, des meuniers et des « ramasseux » de sable, des anecdotes et des histoires à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Il a une belle langue verte avec de magnifiques reflets ligériens. Il me faudra le retrouver pour en faire un portrait qui s'impose. Je dus le laisser car la voiture de secours arrivait.

Une nouvelle épopée s'engagea. Il fallut charger mon bateau car, me dit-on, la plage n'était pas sûre. La remorque ploya sous le poids de ce modeste kayak. J'en profitait alors pour essayer avec assistance, les roulettes que j'avais trouvées dans un magasin spécialisé, sans lequel, le sport, les vacances et le tourisme ne pourraient exister. Ce fut une belle aventure, le chariot se mit en travers, il se replia, il dérailla, se perdit dans la « bouch'ture ». Des réglages s'imposent avant d'affronter le barrage de Saint Laurent.

Mais tout va bien et j'ai pris une douche réparatrice. Les aventures de la journée sont oubliés. Chantal, Jacquot, Casimir et Catherine s'occupent de moi comme si j'étais un naufragé du Titanic ou de l'exodus. Je ne peux que les remercier pour leur gentillesse. Ils méritent bien de la Loire ! Demain sera un autre jour : Pique nique à Combleux avec les boumiens rt ceux qui le souhaitent puis, arrivée quasiment à domicile sur le quai du Chatelet. Petite journée ...

Aventureusement vôtre.

 


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