La maison de famille

par C’est Nabum
samedi 20 avril 2013

Le Bonimenteur dans les Landes

Un séjour de tout repos.

La vie vous laisse parfois en héritage une maison de vacances, loin de chez vous, chargée de souvenirs mais aussi de potentiels petits désagréments. Les plus mesquins y voient une valeur marchande, un signe ostentatoire de patrimoine quand vos enfants se refusent à y voir autre chose qu'une évidence qui ne doit pas quitter la famille.

Alors, aux premiers jours de beau temps, il vous faut prendre la voiture, parcourir ce long chemin qui vous conduira sur le lieu de souvenirs et de vacances d'antan. Mais cette fois, point de nostalgie ou de cris d'enfants ; ils ont grandi, ne souhaitent plus y venir avec vous. Vous avez tant à faire pour remettre en état la demeure qui a été laissée à l'abandon tout l'hiver.

Naturellement, les surprises sont, le plus souvent, mauvaises : une fuite d'eau, un arbre qui a chu, des mauvaises herbes partout, les mimosas qui ont gelé, le bois qu'il faut débiter … Votre petit séjour s'agrémente de mille et un travaux de galériens toujours pimentés du manque systématique de matériel. Car, c'est le premier charme de cette noble aventure, il vous manque nécessairement l'outil indispensable. Vous ne dérogez jamais à cette règle si sympathique !

Mais n'allons pas trop vite en besogne. Vous avez passé une longue journée en voiture pour gagner la maison. Il est assez curieux de constater que ce sera précisément la seule journée de grand soleil et que vous n'en avez guère profité. Pire encore, à votre arrivée, vous vous précipitez sur la plage et immanquablement, vous traînerez le reste du séjour un cuisant coup de soleil alors que celui-ci ne sera plus de la fête !

À votre retour de la mer, tout est à faire. Il faut balayer le pollen qui pénètre absolument partout. Plusieurs coups de balai ne suffiront pas à venir à bout de cette poussière fine et insidieuse. Estimez-vous heureux de ne pas éternuer le reste de la semaine. Ce n'est hélas pas le cas de tout le monde … La maison est humide, elle est restée fermée si longtemps. Le feu de cheminée s'avère indispensable pour l'assainir même s'il fait encore plus de vingt cinq degrés dehors. Vos voisins s'interrogent sur ce curieux comportement !

L'ouverture du compteur d'eau est le plus souvent le grand moment de l'expédition. Cette fois, l'hiver vous a épargné. Point de fuite à déplorer. L'année dernière, vous avez couru après le plombier, cette profession qui semble être en voie de disparition tant il est impossible d'en trouver un en état de venir vous dépanner. Mais cette fois, c'est la bouteille de gaz qui vous joue des tours et il est déjà trop tard pour en trouver une autre.

Petit désagrément grande conséquence, vous mangerez froid et ne vous laverez pas ce soir. Pendant ce temps, vos amis, restés au travail pensent que vous vous amusez. Ils n'ont pas vu la hauteur des herbes folles, le lierre qui gagne et la mousse qui a envahi la terrasse. Vous aurez de quoi vous occuper, ça tombe bien, le ciel est chagrin.

Les travaux de jardinage achevés, vous aurez encore le grand nettoyage de printemps. La maison est le domaine des araignées et autres insectes clandestins. Vous passerez la seconde journée le balai en l'air à pourchasser ceux qui après tout logent ici bien plus longtemps que vous. N'avez-vous pas honte de vous imposer ainsi pour quelques heures ?

Ceux que vous prenez pour des intrus partis, vous allez pouvoir lessiver la cuisine et la salle de bain, nettoyer les carreaux et balayer le toit ( spécialité des Landes). Vous trouvez quand même le temps d'une petite balade ou d'une sortie au cinéma. Les jours passent, il y a sans cesse quelque chose à faire, un objet à remettre en état.

Le séjour tire à sa fin, vous en avez terminé. La maison est enfin prête à devenir un agréable lieu de séjour. Ce seront vos enfants ou des amis qui en profiteront. Vous avez mal au dos, vous êtes exténué et il vous faut rentrer. Vous ne viendrez pas durant les vacances d'été. Il y a trop de monde, cette foule vous déplait. D'autres viendront, il y aura de nouvelles surprises quand viendra le moment de venir fermer la maison de famille. De nouveaux tracas et une autre semaine à courir et à vous activer.

Vous vous demandez souvent pourquoi conserver cet endroit. En famille pourtant, la question ne peut être soulevée. Vous savez les récriminations et les plaintes qu'elle soulèverait. Vous vous interrogez secrètement. Pourquoi est-ce toujours vous qui avez droit aux basses besognes ?

Secondairement vôtre.

 

 

 


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