Les pieds dans le cerceau

Ce rond qui s'est fait cercle

Tout fout le camp mon bon monsieur et tout se vend pour peu qu'on s'en donne la peine ou qu'on l'impose à coup de règles iniques, absurdes, malhonnêtes, malveillantes, … ( Que chacun choisissent l'adjectif qu'il préfère pour qualifier la situation présente)

La pétanque, ce sport si complémentaire du Rugby que beaucoup de clubs redécouvrent chaque année les choix du cochonnet, du biberon et du carreau à l'ombre d'un grand verre d'un apéritif anisé qu'il est interdit de nommer en ces lignes, a subi une révolution réglementaire si surréaliste que j'en suis resté comme deux ronds de flan sans pour autant le tirer !

Inutile de tourner autour du pot plus longtemps, je vous dois la terrible vérité : le rond a disparu et le cerceau estampillé FFP, de couleur rouge et de marque déposée, a fait son apparition tarifée dans tous les concours de ce noble jeu de boules. Il n'y a pas de petits profits dans ce bas monde et un affilié à un dirigeant quelconque a sans doute monter une entreprise pour profiter de cette aubaine et gagner quelques ronds , pardon sous.

Le commerce exclut souvent la poésie et il en est dans cette aventure comme pour tant d'autres. Nous ne verrons plus jamais nos amis pétanqueurs se pencher et entreprendre cette arabesque incertaine qui leur permettait jadis de fixer la zone où poser leurs pieds.

Il y avait tant à voir et à comprendre dans ce geste simple qui fit pourtant, l'honneur d'une certaine idée de la France et la joie de tous ses cordonniers.

Le rond, par dépit ou méconnaissance des amis de Monsieur Pythagore, pouvait se résumer en un simple trait, tracé d'un talon vengeur. L'impatient ne l'avait pas plutôt terminé qu'il lançait déjà le cochonnet (pardon, il faudrait dire 'but' pour ne froisser aucune communauté) dans une précipitation qui ne préjugeait rien de bon sur sa concentration !

La courbe était une version plus enveloppante. Son adepte usait alors de la pointe du pied pour signifier bien timidement son goût inavouable pour la danse classique. Un père autoritaire l'ayant conduit de force sur la place de l'église pour lancer la boule et faire le coq plutôt que le petit rat d'opéra.

L'ovale, (tiens, tiens) avait sa place dans les signes cabalistiques de nos amis pétanqueurs. Celui-ci exigeait l'usage d'un caillou, réminiscence lointaine d'un âge de pierre où ce sport se jouait sans doute avec les crânes des malheureux vaincus.

Le géomètre expert ou le tatillon de service, il en existe malheureusement dans toutes les activités humaines et la pétanque n'échappe pas plus que le rugby à cette loi immuable, prenaient un petit bout de bois choisi avec application pour sa résistance, afin de tracer un cercle parfait ancêtre gratuit du cerceau à venir. Celui-là s'appliquait pour tout et le battre était toujours mal aisé.

Maintenant, le cercle est matérialisé par le truchement d'un cerceau qui ne permet pas le plus petit houla houp. Sa taille est aussi codifiée que sa fabrication dans un sport qui ne sera olympique que quand il complétera sa panoplie de quatre cerceaux supplémentaires de couleur vert-jaune, bleu et noir, susceptibles de se mêler étroitement à ce pauvre rouge solitaire.

Les premières tailles font 33 cm de diamètre. Ils sont d'un confort relatif mais ne permettent plus l'universalité de ce sport. Les personnes chaussant 48 et plus étant exclues de ce cercle très fermé et quelque peu étroit.

Le législateur prévoyant et forcément éclairé a prévu la menace et a mis sur le marché un cerceau plus encombrant de 50 cm de diamètre. Cette disposition pratique permet de jouer jusqu'à la pointure très respectable de 73 ce qui ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval !

Encerclement vôtre