Ce que dit la limitation du périphérique à 50

par Laurent Herblay
samedi 9 novembre 2024

Dimanche dernier, j’ai pu expérimenter la nouvelle idée de la mairie de Paris, tôt dans la matinée, avec un trafic minimal. L’idée de limiter à seulement 50 kilomètres par heure la vitesse sur un anneau comportant parfois quatre voies, alors que des départementales où les voitures se croisent à 90, sans terre-plein n’en apparaît que plus aberrante, mais aussi très révélatrice.

 

Une mesure arbitraire, autoritaire et xénophobe

La baisse de la limitation de vitesse sur le périphérique est une histoire ancienne : auparavant fixée à 90, elle a été abaissée à 80 en 1993, puis à 70 en 2014. Le passage à 50 est complètement aberrant pour une route qui peut comporter jusqu’à quatre voies, avec un terre-plein central protégeant des véhicules circulant en sens contraire. Quand le trafic est limité, c’est vraiment une mesure punitive et arbitraire pour les automobilistes, contraints de rouler à une vitesse complètement décalée par rapport à ce qui devrait être autorisé, notamment à des moments où le trafic est parfaitement fluide, comme cela était le cas un dimanche matin à 8 heures. Comment justifier une telle limite alors que des départementales à deux voies à sens opposé et se sans terre plein central, bien plus dangereuses, sont limitées à 90 ?

En réalité, ce n’est pas une mesure qui répond à un quelconque besoin, ou qui a la moindre justification par rapport à la réalité du trafic routier. C’est une mesure purement vexatoire à destination des automobilistes qui empruntent le périphérique, un fait des princes et princesses qui règnent sur l’Hôtel de Ville de Paris, ivres de leur pouvoir. Ils peuvent prendre des mesures complètement arbitraires et excessives et on peut même les soupçonner de prendre un certain plaisir à prendre de telles mesures. Cela révèle une nouvelle fois le caractère volontiers autoritaire et peu démocratique d’un pouvoir qui prend unilatéralement de telles mesures, profondément gênantes pour tous ceux, notamment les banlieusards, qui circulent en dehors des horaires où il y a du trafic, avec une justification rationnelle très faible.

Mais derrière cette mesure, on peut y voir un calcul politique : à peine 33,5% des ménages parisiens possèdent encore une voiture, selon l’INSEE, contre 64,5% des ménages de la petite couronne. Par conséquent, deux tiers des ménages ne sont presque pas concernés par cette nouvelle mesure. La guerre menée par la municipalité actuelle est sans doute loin d’être anodine. En ciblant sans cesse une minorité toujours plus faible des habitants de Paris, elle trouve un bouc-émissaire idéal. Même si une nette majorité des automobilistes parisiens votent contre la majorité sortante, si elle parvient à rassembler une majorité des non automobilistes, elle est gagnante. Et c’est sans doute le calcul à l’œuvre avec cette mesure, absolument pas nécessaire : entretenir la guerre contre les automobilistes et montrer à tous ceux qui n’ont pas de voiture que la mairie de Paris continue de discriminer négativement les automobilistes.

Mais ce faisant, comment ne pas être pris de vertige par les façons de faire de cette municipalité qui se dit de gauche. Tant de prétendues valeurs de gauche sont piétinées par de tels choix. Si l’arbitraire du pouvoir est un trait des extrêmes, gauche comprise, cela ne devrait pas le cas d’un centre-gauche modéré qui prétend souvent défendre la liberté, et qui prend des mesures autoritaires et liberticides sans justification forte (le bruit ici). Pire, d’une manière plus globale, se dessine un vrai projet xénophobe visant à discriminer publiquement, et de manière vexatoire, tous les automobilistes, dans le but probablement conscient de s’attirer les faveurs des non automobilistes. Il est assez ahurissant de constater à quel point le centre-gauche prétendument bien-pensant peut produire une telle politique xénophobe.

Pour couronner le tout, la nouvelle limitation de vitesse est rabâchée à une fréquence assez redoutable sur le périphérique, une forme d’injonction permanente à se plier à cette nouvelle règle. Difficile de ne pas y voir également une nouvelle forme de la dérive liberticide au nom de notre bien-être (ici, la réduction du bruit est la seule promesse avancée pour justifier ce choix), qualifiée Big mother par certains.


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