AME : taxer les plus pauvres parmi les pauvres

par Djamila Sonzogni
jeudi 8 juillet 2010

Le gouvernement ne sait plus quoi faire pour renflouer les caisses vides de l’Etat. A défaut de faire participer les plus fortunés comme Mme Bettencourt à l’effort collectif, il préfère, taxer les bénéficiaires de l’AME (Aide Médicale de l’État).

Lors de son audition par la Commission des finances du Sénat, le 16 juin, Madame Roselyne Bachelot a déclaré vouloir proposer « une contribution forfaitaire de 15 euros » pour tous les adultes bénéficiaires de l’AME.

Elle a expliqué que les dépenses de l’AME étaient en augmentation, nécessitant 100 millions de plus que prévu fin 2009, et une « même dynamique » début 2010.

L’Aide Médicale de l’État (A.M.E.) est destinée à permettre l’accès aux soins des personnes en situation irrégulière et à faible niveau de revenu qui ne disposent d’aucune couverture sociale, à condition de résider en France depuis plus de trois mois.

La mesure proposée consiste à rechercher des fonds auprès des populations les plus précaires du pays, celles qui n’ont pas de papiers, qui ne peuvent toucher ni allocation familiale ni allocation logement, qui vivent dans la précarité et l’insalubrité, voire dans la rue.

Après avoir essayé de supprimer l’AME sans succès, le gouvernement à réussi à restreindre son usage.

Cette mesure, si elle était adoptée, serait une restriction de plus.

A défaut d’être efficace d’un point de vue économique (elle rapporterait au maximum 3 millions d’euros), elle serait cohérente en termes de communication, dans la droite ligne de la logorrhée sarkozyste qui s’applique constamment à désigner des boucs émissaires pour expliquer les dysfonctionnements sociaux et économiques qui traversent notre pays.

La mesure proposée aura surtout pour conséquence de rejeter les personnes les plus en difficulté, celles qui ne pourront pas réunir 15 euros et qui, par conséquent, ont le plus besoin d’une assurance médicale gratuite. Tôt ou tard, ces personnes finiront par se retrouver en urgence dans les hôpitaux pour des états de santé graves.

Elle revient à sacrifier la santé d’êtres humains au nom d’une idéologie politique rétrograde.

C’est une mesure, à la fois injuste, inefficace, démagogique et absolument contraire aux besoins de santé publique du pays.

Elle doit impérativement être retirée.

Djamila Sonzogni, porte-parole nationale des Verts


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