Entre la peste et le choléra

par C’est Nabum
vendredi 13 octobre 2023

 

Choisir serait trahir le mince espoir de paix.

 

Ainsi donc, il nous faudrait choisir entre deux maux, deux horreurs, deux effrois et si nous n'y parvenions pas, la loi nous somme d'écarter de nos indignations un des camps au nom d'une falsification linguistique, d'un délit qui confond à bon compte une haine historique et un jugement raisonné des exactions présentes commises par les héritiers d'un drame épouvantable.

L'injonction gouvernementale à défendre les uns et condamner les autres sort naturellement du cadre démocratique. C'est une honteuse manipulation pour des raisons qui ne m'appartient pas de dénoncer ici. C'est encore une étonnante marque de faiblesse dans un contexte qui ne supporte pas le manichéisme en autorisant les uns à manifester avec tout le cortège des élus de la nation tandis que les autres sont sommés de rester chez eux pour circonscrire tout risque de dérapage.

Il est même curieux que la loi implicitement nous impose de choisir entre le Mal et le Bien, entre le Diable et Celui qu'on ne nomme pas faisant ainsi peu de cas d'un autre avatar du Tout puissant, qui de son côté, prend faits et causes pour l'autre camp. Dans une guerre religieuse, pareille posture gouvernementale est sidérante.

Bien sûr, il y a la circonstance l'abjection absolue d'une attaque sanguinaire qui s'en prend à des êtres sans défense. C'est immonde, insupportable. Il y a tout lieu de dénoncer ces atrocités qui font sortir de l'humanité leurs auteurs. N'oublions cependant pas le désespoir absolu dans lequel est plongé un peuple à qui un état dénie tout droit.

Cette fois, c'est silence radio. La loi du plus fort se met en branle. Nos institutions penchent souvent si ce n'est toujours vers cette politique de l'Autruche qui invite nos courageux responsables à choisir le camp dominant, celui qui dispose de l'argent et du soutien des marchés. Ils appellent ça le pragmatisme tout en se prétendant défenseurs des droits humains. Les impératifs économiques sont sans doute trop complexes pour que j'y comprenne quoique ce soit mais la morale me semble imposer le silence à tous dans cette effroyable affaire.

Que nenni, même en usant de mille et une circonlocutions, en évitant de nommer les uns et les autres, en restant à l'écart d'une préférence quelconque, un bon juriste au service de l'iniquité, viendra taxer ce texte d'un crime ancestral. C'est tellement absurde qu'en dépit d'une farouche volonté de ne jamais aborder cette guerre immonde, j'ai voulu aborder le seul aspect qui ne prend pas position sur le terrain des hostilités.

Ainsi donc, le terme de Terrorisme qui est parfaitement approprié ici ne peut cependant s'appliquer que dans un seul camp. Quand un État, quel qu'il soit, use de procédés similaires, il est protégé par la loi du silence de ses semblables qui n'hésitent d'ailleurs jamais à leur tour à user de la force disproportionnée et injuste de leur légitimité pour défendre leurs intérêts.

Nous sommes donc dans le combat non du bien et du mal mais du légitime et de l'illégitime, de la violence légale et des atrocités monstrueuses. On devine rapidement que les adjectifs choisissent leur camp puisque rien ne peut contrecarrer les actions au nom du pouvoir alors que tout permet de dénoncer les réactions du désespoir.

Il est notable du reste de remarquer que désormais nul responsable politique français n'est sorti des rangs de la Résistance, ce qui explique sans doute cet aveuglement avec un terme qu'ils accolent finalement à tous ceux qui les dérangent. N'oublions jamais les écoterroristes qui ne méritaient pas pareil honneur.

Choisir est pour moi une hérésie et j'en resterai à un silence prudent même si la dénonciation d'une stratégie gouvernementale indigne d'un état démocratique se met sournoisement en place pour imposer un choix. Ni la peste ni le choléra, ce n'est pourtant pas compliqué pour ne pas trahir un espoir ténu de paix dans ce bourbier innommable !

À Contre-loi.


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