La Tunisie : les indicateurs économiques et les perspectives stratégiques

par Naceur
mercredi 4 octobre 2023

Face à la crise mondiale, la Tunisie vit dans une situation économique quasi exceptionnelle, surtout avec la déstabilisation de l'économie nationale suite à la rupture de nombreuses matières premières, contrastant avec les autres effets de la guerre russo-ukrainienne, qui cela a grandement affecté le pouvoir d'achat du citoyen et indirectement la rentabilité et la performance des institutions et des acteurs économiques, affectant ainsi la performance globale du système économique de l'État.

La Tunisie souffre de nombreux problèmes structurels au niveau des institutions étatiques ainsi qu’au niveau du système socio-économique dans son ensemble. L'instabilité politique du pays depuis la révolution, notamment « le printemps arabe », a perturbé toutes les tentatives de développement de ces derniers, ce qui a entraîné une baisse significative de nombreux indicateurs.

En effet, le taux de croissance a diminué, passant d'une moyenne de 4,4% au cours de la première décennie des années 2000 à 1,7% au cours de la deuxième décennie, ce qui a constitué un obstacle aux investissements étrangers.

Le pays a également connu une détérioration de la valeur du déficit commercial, qui a atteint 11% au cours des dix dernières années, après avoir oscillé entre 2% et 6% du PIB, durant les années 2000 et 2010.

Parmi les autres analyses qui ont démontré la déstabilisation de l'économie tunisienne, des indicateurs de croissance et de la compétitivité du pays, figure la baisse des indicateurs d'investissement et de productivité d’un pourcentage de 25,4% vers un autre de 15,4% du PIB en dix ans. Cela a poussé les investisseurs à fuir le pays vers les marchés marocain et algérien.

L'économie tunisienne reste l'otage de la consommation intérieure, et heureusement pour le gouvernement que la Tunisie soit une société de consommation, qui représente plus des quatre cinquièmes du PIB (73 % estimés, 91 % réels), le reste restant l'otage d’une saison agricole, espérée, fructueuse et l'otage du tourisme, alors que les autres secteurs, contribuent d’une manière négligeable.

La guerre ukraino-russe a aggravé la situation, en ébranlant la modeste relance post-crise sanitaire de la pandémie de Covid-19 du pays. Alors que la Tunisie a tenté de remonter l'indice de croissance à 3,1% en 2021 après un indicateur négatif qui a atteint exceptionnellement « - 8,7% » du PIB en 2020, le taux de croissance pourrait atteindre 1,6% selon la loi de finances pour l'année 2023, en revanche aux attentes ne dépassant pas 1,3 du FMI, alors que les études du bureau « The Manager Tunisie » prévoient qu'il ne dépassera pas 1,05% du produit intérieur brut (la moyenne du taux de croissance pour la région MENA selon le FMI sera 2,9% du PIB).

Le taux d’inflation a augmenté à un rythme record que le pays n’avait jamais connu auparavant, passant de 4,9% début 2021 à 10,8% en juillet 2023, selon les chiffres du Fonds monétaire international et du centre Le manager Tunisie. Le gouvernement a interprété ces chiffres en relation avec l’augmentation exceptionnelle, affectée par la guerre, des prix du carburant et des matières premières importées par le pays.

L'indice de chômage est élevé dans le pays malgré une baisse relative par rapport à l'année exceptionnelle 2021, où il avait atteint, affecté par la crise sanitaire de la pandémie du Corona, 18,4%, pour atteindre 15,5% en juillet 2023, ce qui affecte encore davantage le pouvoir d'achat des ménages.

Le facteur sécheresse climatique suscite de grandes inquiétudes auprès du FMI quant au remboursement des échéances des prêts de la part de la Tunisie, étant donné que les revenus du pays sont fortement affectés par la saison agricole qui est encore basée sur des cultures irriguées, ce qui, selon les premières indications, n'augure rien de bon pour gros rendements.

Les réserves de devises du pays connaissent leur plus forte baisse de l'histoire, qui a même dépassé la baisse record de 2020, qui était à la limite de 162 jours d’importation, pour atteindre seulement 87 jours d’importation en juillet 2023 dans un record catastrophique.

Ces indicateurs sont dus aux mauvaises politiques que le pays a adoptées depuis 2010, dont les plus importantes sont la création des institutions publiques pléthoriques, avec une faible performance qui a constitué des freins à l’investissement et au développement des pays.

Cela est également dû à l’orientation de l’Etat qui a priorisé quelques activités non économiques et négligé, en contre partie, l’entretien, la modernisation et le renouvellement de l’infrastructure, ce qui a poussé certaines entreprises opérantes dans le pays à fermer leurs portes tandis que les revenus de certaines d’entre elles ont diminué impactant par suite la par des impôts de l’Etat.

Entre autres raisons, il y a la mesure désastreuse prise par le pays en déclarant une zone de libre-échange avec la Turquie, qui a considérablement perturbé l'économie tunisienne, immédiatement suivie par la pandémie de Corona, suivie par la guerre ukraino-russe.

L'instabilité politique a joué un rôle majeur dans la crise économique, en constituant un obstacle majeur à de nombreux accords et ca a contribué également à la « fuite » de nombreux investisseurs de la Tunisie.

La politique de la dette a également resserré la marge de manœuvre de l’Etat sur les voies de réformes économiques, qui nécessitent une longue période de relance économique, contraire aux intérêts du Fonds monétaire international, ce qui a placé les décisionnaires de l’Etat face à une situation d'arbitrage difficile.

Mohamed Naceur Abbes


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